Ballon d’or: pourquoi l'hégémonie du duo Ronaldo-Messi peut s'achever en 2018

Cristiano Ronaldo (Real Madrid) et Lionel Messi (FC Barcelone) - (AFP)
Immense favori à sa propre succession, Cristiano Ronaldo devrait remporter son cinquième Ballon d’or, ce jeudi soir (20 heures), et rejoindre Lionel Messi au palmarès des joueurs les plus titrés. Le scénario est immuable depuis que le Portugais a remporté son premier trophée, en 2008: le duo a confisqué le Ballon d’or.
>> Suivez la cérémonie en direct commenté
"Ce n'est pas anodin. Le fait qu'ils soient dans cette situation, c'est parce que tous les deux se tirent la bourre", a estimé Zinédine Zidane, entraîneur de CR7 au Real Madrid et lui-même lauréat du Ballon d’or en 1998. "Tant qu'il n'y en a pas un (des deux) qui s'arrête, ça va durer longtemps", a rajouté le Français. Mais est-ce vraiment envisageable ?
À lire aussi >> Ballon d’or: quand la famille de Ronaldo évente le secret…
Les années passent
Messi a eu 30 ans cette année. Ronaldo en aura 33 en février. Dire que les deux stars vieillissent revient à enfoncer une porte ouverte. Leur rendement n’en pâtit pas encore. Moins prolifique depuis le début de la saison, le Portugais vient de battre un record de régularité en devenant le premier joueur de l’histoire à inscrire au moins un but dans chaque match d’une phase de poules de Ligue des champions. L’Argentin, lui, a inscrit 52 buts en 2017 (contre 49 pour CR7).
À voir aussi >> VIDEO. Ligue des champions: la soirée des records pour Cristiano Ronaldo
Le temps qui passe a quand même une incidence sur le jeu des deux stars, qui ont chacune réinventé leur manière d’évoluer sur le terrain pour durer. Utilisé essentiellement comme ailier (droit ou gauche) à Manchester United, Ronaldo s’est peu à peu transformé en attaquant de pointe au Real. Messi, lui, évolue plus proche du milieu de terrain depuis le départ de Pep Guardiola du FC Barcelone, en 2012.
Les nouveaux critères d’attribution changent la donne
Pendant six éditions (de 2010 à 2015), le Ballon d’or, passé sous pavillon FIFA, a désigné le meilleur joueur du monde dans l’absolu et non l’auteur de la meilleure année. Le retour de la distinction dans le giron du magazine France Football, son créateur, a eu une incidence sur les critères de sélection: un panel de journalistes du monde entier élit désormais le lauréat quand l’ancienne formule prévoyait un classement établi en fonction du vote des 208 sélectionneurs des pays membres de la FIFA, des 208 capitaines des sélections ainsi que d'un panel de 208 journalistes représentant les pays qui composent la FIFA.
À lire aussi >> Cristiano Ronaldo veut "sept Ballons d’Or et autant d’enfants"
Les trois critères d’attribution sont désormais les suivants: "Performances individuelles et collectives pendant l'année; classe du joueur; carrière du joueur." Le bilan individuel, plébiscité par l'ancienne formule, compte toujours mais ne suffit plus.
La Coupe du monde 2018 va peser
Conséquence: le palmarès pèse de nouveau en grande partie sur le vote. En 2010, un tel barème aurait certainement permis à Wesley Sneijder, finaliste de la Coupe du monde, vainqueur de la Ligue des champions et de la Serie A, de remporter le trophée à la place de Messi, élu pour ses prestations personnelles étincelantes avant tout. Même raisonnement pour Franck Ribéry, auteur du triplé avec le Bayern Munich en 2013 (Coupe d’Allemagne-Bundesliga-Champions League), mais "seulement" troisième du Ballon d’or derrière le duo aux incroyables statistiques individuelles.
À lire aussi >> Sondage exclusif: les Bleus favoris de la Coupe du monde
En 2006, Fabio Cannavaro, champion du monde avec l’Italie, avait remporté la plus prestigieuse des récompenses individuelles grâce à ces critères aujourd’hui remis au goût du jour. Vainqueur de la C1, dont il a fini meilleur buteur (12 réalisations), et de la Liga la saison passée, Ronaldo fait logiquement figure d’immense favori cette année. En 2018, année de Coupe du monde, le vainqueur sera donc probablement à chercher du côté de la sélection qui soulèvera le trophée Jules-Rimet en Russie. Le parcours du Portugal et de l’Argentine, qui n'ont validé leur qualification que lors de la dernière journée des éliminatoires, aura donc son importance dans la décision.
Les jeunes poussent
C’est l’autre versant du poids des ans: pendant que Ronaldo et Messi vieillissent, de nouveaux joueurs émergent au plus haut niveau ou arrivent à maturité. Comment ne pas penser à Neymar (25 ans) et Kylian Mbappé (18 ans), pour ne citer qu'eux, les deux "cracks" recrutés cet été par le PSG ? Le premier a changé d’air pour ne plus vivre dans l’ombre de Messi et postuler au Ballon d’or après avoir fini troisième en 2015 et cinquième l’an passé.
À lire aussi >> "Neymar a ses chances pour le prochain Ballon d’Or" estime Dybala
Le second, qui va fêter ses 19 ans dans quelques jours et a été nommé pour la première fois dans les trente finalistes du Ballon d'or cette année, est annoncé comme "la prochaine superstar" du football mondial par Gary Lineker et empile les records de précocité depuis son éclosion au plus haut niveau à Monaco. Ronaldo et Messi en ont vu d'autres ? Quelqu'un finira bien par leur prendre la place. Reste à savoir quand...
VIDEO. Messi ou Cristiano Ronaldo, les célébrités ont tranché