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Coupe du monde 2022: la Confédération syndicale internationale contre les appels au boycott

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La Confédération syndicale internationale ne soutient pas les appels au boycott de la Coupe du monde 2022. Sa secrétaire générale estime que le tournoi a forcé le Qatar à faire des "progrès incroyables" pour les droits des travailleurs migrants.

C'est un soutien non-négligeable pour le comité d'organisation qatari. La secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, Sharan Burrow, salue les "progrès incroyables" - mais encore insuffisants - du Qatar sur le traitement des travailleurs migrants depuis l'attribution de la Coupe du monde 2022 (20 novembre-18 décembre).

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"Il y aurait eu des milliers de morts sans les changements que nous avons vus"

"Quand la FIFA a attribué la Coupe du monde au Qatar, nous venions de publier une analyse appelant à se concentrer sur l'exploitation des travailleurs migrants dans la région, que nous avions qualifiée d'esclavage moderne. Cela a attiré l'attention, donc merci à la FIFA. Mais ils n'ont rien fait ensuite. (...) On ne peut pas dire la même chose du Comité suprême d'organisation. Ils ont assumé leurs responsabilités (...) et beaucoup des réformes que nous voyons aujourd'hui ont été mises en place pour la Coupe du monde", constate Sharan Burrow, dans un entretien à l'AFP.

"Nous avons négocié des lois, ajoute le responsable de la Confédération syndicale internationale. Ce n'est pas tout ce que nous aurions aimé voir dans un système industriel mature, mais ce sont des fondations dans les domaines clés de la protection des droits des travailleurs. (...) Il y aurait eu des milliers de morts sans les changements que nous avons vus", assure Sharan Burrow, rappelant que 50 morts et un peu plus de 500 blessés graves en 2020 ont été recensés par l'Organisation internationale du travail.

"Il y a eu des progrès incroyables"

Saluant cette "volte-face sur dix ans", Sharan Burrow considère qu'il faut "plus de changements", mais aussi que le Qatar "mérite qu'on lui accorde du crédit". C'est pourquoi l'ancienne membre du Parti travailliste australien est totalement en désaccord avec les appels au boycott: "C'est un peu désolant parce que ce sont des gens biens qui prennent position contre les atteintes aux droits humains, mais ils ne nous entendent pas quand on dit qu'il y a eu des progrès incroyables. (...) Notre message aux fans est le suivant: allez à la Coupe du monde et voyez par vous-même. Si vous voyez quelque chose de préoccupant, signalez-le. Et aidez-nous ensuite à faire pression sur les autres États du Golfe pour qu'ils se conforment aux mêmes standards".

Quelles doivent être les prochaines étapes en matière de droits des travailleurs migrants au Qatar? "On s'attend à une augmentation du salaire minimum dans les mois à venir, répond Sharan Burrow. Les employeurs qui ne paient pas le salaire prévu dans les temps sont désormais sanctionnés (...) et le gouvernement va annoncer des sanctions plus lourdes pour ceux qui ne respectent pas la loi et dénoncent comme absentéistes leurs employés qui changent de travail".

"La surveillance de la protection des travailleurs sera accrue pendant la Coupe du monde et il y aura une nouvelle directive sur le temps de travail pour éviter l'exploitation, ajoute Sharan Burrow. Il y a aussi beaucoup à faire pour les employés à domicile. Le gouvernement est décidé à mieux les protéger et ce sera un sujet important l'an prochain."

JA avec AFP