France-Argentine: le jour où Deschamps l'entraîneur a pulvérisé Scaloni le joueur

"Ça fait des années qu’on entend parler de La Corogne. La Corogne ceci, La Corogne cela. Au final, tout a été parfait." Ce 5 novembre 2003, Dado Prso est sur un petit nuage. Le jour de ses 29 ans, la gâchette croate vient de régaler les 17.000 spectateurs de Louis-II en signant un quadruplé retentissant face au Depor en phase de groupes de la Ligue des champions. Porté par son numéro neuf et un jeu flamboyant, Monaco l’emporte 8-3. La suite verra le club du Rocher terminer premier de sa poule, battre le Lokomotiv Moscou en huitièmes, faire tomber les Galactiques du Real, puis le Chelsea de Claudio Ranieri, avant de chuter en finale contre Porto.
Dimanche, Didier Deschamps aura peut-être un court flashback de cette soirée de légende au moment de serrer la main de Lionel Scaloni, avant le coup d’envoi de la finale de la Coupe du monde entre la France et l’Argentine (16h). Histoire de faire monter un peu plus la pression, le sélectionneur des Bleus pourrait lui rappeler qu’il y a dix-neuf ans, Scaloni était son adversaire lorsque son Monaco avait donné une leçon de football à La Corogne. En Principauté, l’ancien milieu de terrain n’avait pas été le plus ridicule face aux coéquipiers de Jérôme Rothen et Ludo Giuly. Il avait même été décisif à deux reprises. D’abord en ajustant Flavio Roma pour permettre aux siens de revenir à 4-2, avant de se muer en passeur pour l’ex-international espagnol Diego Tristan.
Une "image ridicule" pour le Depor de Scaloni
Mais le rouleur compresseur monégasque mis en place par Deschamps, alors adepte d'un 4-4-2 avec les deux tours de contrôle Lucas Bernardi et Edouard Cissé devant la défense, n’avait jamais tremblé. "Monaco était dans un jour magnifique et le Depor a montré une image ridicule à toute l’Europe. Celle d’un collectif brouillon, sans idées. C’est inconcevable. Les habitants de La Corogne risquent de beaucoup cogiter avant d’aller dormir", écrivait le lendemain le grand quotidien El Mundo. Deux semaines plus tôt, l’équipe de Javier Irureta avait pourtant fait belle impression en dominant l’ASM sur son terrain (1-0). Scaloni était alors entré en fin de match. L’année d’après, Deschamps s’était à nouveau présenté sur le chemin de son Depor sur la scène européenne.

Résultat : deux succès pour les Monégasques de Javier Saviola et Ernesto Chevantón (2-0 et 5-0). Avant ces duels en C1, Scaloni et Deschamps avaient failli s’affronter dès la saison 2000-2001 lorsque Deschamps terminait sa carrière de joueur sous le soleil de Valence. Mais Scaloni avait raté le match aller en Liga remporté par La Corogne avec des buts de Walter Pandiani et Roy Makaay (2-0). Au retour, c’est Deschamps qui avait loupé la nouvelle victoire du Depor (1-0), lui qui partageait le vestiaire de Valence avec Pablo Aimar et Roberto Ayala, devenus adjoints de... Scanoli en sélection. Peu de temps après, le champion du monde 1998 avait décidé de raccrocher les crampons pour démarrer une nouvelle vie comme entraîneur, alors que la carrière de joueur de Scaloni s'est étirée jusqu'en 2015, avec une ultime pige du côté de l'Atalanta.
Devenu ensuite adjoint à Séville et au sein de la sélection argentine, puis sélectionneur des moins de 20 ans de son pays, il a pris les commandes de l'Albiceleste après l'échec du Mondial 2018 marqué par l'élimination dès les huitièmes de finale contre la France (4-3). A 44 ans, il fait aujourd'hui face au défi le plus relevé de sa jeune aventure de coach. De dix ans son aîné, Deschamps a lui l'occasion d'écrire un peu plus l'histoire de son sport en décrochant un troisième titre mondial après 1998 et 2018.