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"On nous a traités de fous": pourquoi le ballon de la Coupe du monde 2026 est "le plus avancé jamais conçu"

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Fournisseur officiel de la Coupe du monde depuis 1970, Adidas a dévoilé jeudi à New York le ballon de la prochaine édition (11 juin-19 juillet 2026). Aux couleurs des trois pays organisateurs, la balle est dotée, à l'intérieur, d'une technologie encore plus avancée que celle en 2022.

Il s'appelle Trionda. Le ballon officiel de la Coupe du monde 2026 (11 juin-19 juillet) a été présenté par Adidas jeudi soir à New York, où Zinédine Zidane était notamment présent. Comme les mascottes, son nom n'a pas été choisi au hasard puisqu'il fait référence aux trois pays organisateurs (États-Unis, Mexique et Canada) et aux "ondes" dont la forme se retrouve dans le design. Le design rend également hommage aux trois pays hôtes puisqu'il arbore des couleurs rouge, bleu et vert, avec la présence des symboles de chacun d'eux - les feuilles d'érable du Canada, l'aigle du Mexique et les étoiles des États-Unis.

Au-delà de son aspect extérieur, ce ballon a la spécificité d'être connecté, comme l'était déjà celui de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Sauf que cette fois-ci, le "capteur d'unité de mesure inertielle" est placé non plus au centre du ballon mais à l'arrière d'un des quatre panneaux qui le composent. Les trois autres sont équipés de contrepoids pour que la balle conserve le même poids et le même équilibre dans les airs. C'est le ballon "le plus avancé jamais conçu", assure son fabricant Adidas qui a remis une dose de technologie à l'intérieur de la sphère.

"Soulager un peu" les arbitres

Concrètement, le capteur permet d'enregistrer chaque mouvement du ballon et chaque touche subie par le ballon et de transmettre les données en temps réel au système d'assistance vidéo à l'arbitrage (VAR). Il enverra des signaux à des points d'ancrage installés dans les stades. L'objectif: réduire les erreurs et fluidifier le jeu, à la fois pour les joueurs et les fans.

"Les arbitres sont sous pression: ils doivent prendre les bonnes décisions, et rapidement. C'est pourquoi on a essayé de mettre en place une solution technologique pour les soulager un peu de cette pression", explique Hannes Schaefke, directeur Sports Concepts et Innovation Football chez Adidas. "C'est aussi significatif pour le public qui doit parfois attendre plusieurs minutes." Et de rappeler: "Lors de la Coupe du monde 2022, la technologie a réduit de 70% le temps nécessaire à la VAR pour statuer par rapport à une situation sans ballon connecté."

Trionda, le ballon de la Coupe du monde 2026
Trionda, le ballon de la Coupe du monde 2026 © CHARLY TRIBALLEAU / AFP

De nombreux tests à l'aveugle

Le capteur pourra notamment détecter précisément le déclenchement des passes sur les situations de hors-jeu ou déterminer l'identité du joueur qui a touché le ballon en cas de bras ou main dans la surface de réparation, deux des principaux faits de jeu à l'origine de "tellement de controverses". "Le plus grand défi a été de faire en sorte que le poids du ballon soit le même pour qu'il garde le même équilibre, malgré la présence d'un objet dans le ballon qui n'est d'habitude pas là", avance Hannes Schaefke. "On nous a traités de fous quand on a parlé d’insérer un capteur."

Ainsi, collaborer avec les joueurs a été l'un des points les plus importants dans le processus. De nombreux tests à l'aveugle ont été menés avec "les meilleurs clubs et les meilleurs joueurs au monde". "Ils se sont entraînés avec deux ballons différents, un connecté et un non-connecté, pour voir s'ils pouvaient les distinguer. Ils n'ont pas su faire la différence entre les deux. Même les gardiens ou ceux qui tirent les coups de pieds arrêtés et qui sont susceptibles de sentir encore plus les différences", détaille Hannes Schaefke.

Le ballon devra être rechargé mais "c'est très simple", assure-t-il, grâce à une batterie intégrée (recharge sans-fil) et des petits supports placés sur le bord des terrains de la Coupe du monde. Si "l'arbitrage est une utilisation très spécifique qui permet d'aider le jeu", la technologie pourrait trouver d'autres applications dans le futur. "Il y a un potentiel énorme pour mieux comprendre le football, notamment les performances individuelles en mesurant par exemple la fréquence de touches de balle d'un joueur pendant un dribble", conclut Hannes Schaefke.

LP avec Melinda Davan-Soulas