RMC Sport

Crise à la FFF: l’avocat de Le Graët fait pleuvoir les attaques contre Oudéa-Castéra

placeholder video
Invité de BFMTV, Thierry Marembert, avocat de Noël Le Graët, s'en prend de nouveau à Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports. Il dénonce la pression mise sur le rapport d’audit et multiplie les attaques à son égard.

Depuis la démission mardi de Noël Le Graët de son poste de président de la Fédération française de football (FFF), ses avocats ont une cible bien défini dans le viseur: Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports. Ils déposeront une plainte contre elle pour diffamation pour ses propos tenus lors d’une conférence de presse en marge de la remise du rapport d’audit sur la FFF, mis février.

Ce mercredi, la ministre s’est défendue en jugeant "affligeante" la défense de Le Graët. Invité de BFMTV, Thierry Marembert, avocat du dirigeant, lui a férocement rétorqué en lui reprochant de ne pas dévoiler publiquement l’intégralité du rapport et de renvoyer, pour le moment, à une synthèse qu’il juge mensongère.

"Ce qui me semble affligeant, - et ce n’est pas parce qu’elle prend un ton doucereux que ça le rend moins affligeant -, c'est de mentir sur la réalité des faits, a-t-il lancé. La ministre s’était engagée à rendre public ce rapport et elle ne l'a pas fait. Elle a peur de la vérité. Nous sommes prêts à ce que ce rapport soit rendu public, mais pourquoi ne le publie-t-elle pas? Parce que ce rapport est vide et dit l’exact inverse de ce qu’elle a déclaré dans sa conférence de presse. Dans sa conférence de presse, elle a dit que le rapport avait trouvé des messages à caractère clairement sexuel, le rapport dit explicitement noir sur blanc l’inverse: ‘le vocabulaire de Noël Le Graët ne contient aucun message à caractère sexuel’. Elle ment et c'est pour ça que nous allons la poursuivre devant la cour de justice de la République." Il précise bien que c’est sur cette phrase qu’il va attaquer la ministre.

Le directeur adjoint de la rédaction de So Foot aurait adressé une lettre d’excuses à Le Graët

"Il y a un deuxième volet, qui n’est pas de la diffamation, mais elle ment également quand elle dit qu’il y a eu un processus contradictoire et il n'y en a eu aucun, poursuit Me Marembert. Les enquêteurs ont mené leur mission et ont convoqué Noël Le Graët à la fin de celle-ci en lui disant: ‘on n’a rien trouvé contre vous’. Ce jour, miraculeusement, un témoin (l’agente Sonia Souid, ndlr) sort du bois et, dans un plan com organisé par quelqu’un qui est aussi une partie au dossier, vient dire: ‘il m’a mal parlé et m’a dit des choses que j’ai mal ressenties’. La ministre, aussitôt, prend des positions dans la presse en disant: ‘notre audit en sera digne’ ; ‘notre audit va dire au comex les décisions qui s’imposent’. Les enquêteurs étaient sous la pression de la ministre. C’est contraire aux règles d’indépendance des commissions d’enquête où les ministres ne doivent pas intervenir."

"Le rapport est resté vide de contenu mais ils ont rajouté quelques punchlines pour la presse qui sont: ‘ce qu’il a fait est incompatible avec ses fonctions de représentation’, selon lui. Nous avons répondu. On nous a proposé de faire du contradictoire et nous avons donné 200 pages de conclusions, d’observations et de pièces. Vingt-quatre heures après, le rapport était sorti sans aucune analyse, ni aucune étude. Je prends un exemple: le directeur de la rédaction de So Foot qui avait publié un article en octobre dernier disant qu’il y avait un certaines de messages à caractère sexuel très épicés, a adressé une lettre d’excuses à Noël Le Graët en janvier disant: ‘le côté prédateur, c’est faux, il n’y a rien de pénal dans tout ça selon notre analyse’. Nous avons communiqué ce message aux enquêteurs mais il n’apparaît pas dans le rapport? Pourquoi? Qui a peur de la vérité? "

"La ministre a poussé sa démission sur la base d’un mensonge"

Sur les témoignages de Radio France de femmes se plaignant de gestes déplacés à leur égard, l’avocat estime que cela entre dans ce cadre du contradictoire. "Pour qu’il puisse y avoir un débat, encore faut-il savoir de quoi on parle?, se défend-il. De qui, où, quand, comment, dans quel contexte? Le rapport fait plus de 40 pages et il y a sept lignes sur les relations de Noël Le Graët avec les femmes. Il n’y a jamais un nom, une date, une circonstance. Les enquêteurs disent qu’ils ne peuvent pas dévoiler l’identité des gens, c’est juridiquement faux, vous pouvez demander au procureur de la République de le faire mais si vous ne pouvez pas, repoussez la sortie du rapport jusqu’à la date à laquelle on pourra débattre contradictoirement. Il ne peut pas y avoir de détails sur des bouts des phrases qui font en tout et pour tout sept lignes. M.Le Graët a une position très claire sur cette position, il est convaincu de n’avoir jamais fait quelque chose de répréhensible avec qui que ce soit, avec aucune femme. Prenons les faits quand on y aura accès. Dans des dîners où ils étaient tous ensemble, tout le monde peut rigoler, certains ont-ils pu mal ressentir dans ce cadre? Analysons les faits. Il sera toujours temps d’en tirer des conséquences. Ce qui pose problème, c’est que la ministre a poussé sa démission sur la base de quelque chose d’inconnu et sur la base d’un mensonge. La conférence de presse dit l’exact inverse de ce qu’il y a dans le rapport."

Me Arembert a encore enchaîné les piques contre AOC, cible principale du courroux de Le Graët. "C’est la ministre qui l’a appelé (mardi), assure-t-il. J’ai entendu la ministre patauger et dire: ‘techniquement c’est lui qui m’a appelé mais je voulais l’appeler pour ceci-cela’. C’était d’une immense confusion. La vérité est bonne à dire et elle est simple. Il faut la dire honnêtement, simplement, sans emberlificoti."

Nouveau tacle. "Rien ne l’obligeait (Le Graët) à prendre sa décision juridiquement, insiste-t-il encore. Il pense au monde du football, il était bénévole à la tête à la FFF. Beaucoup d’autres directeurs généraux, y compris la ministre quand elle était à la Fédération française de tennis... Si j’en crois Mediapart, elle avait une énorme rémunération, lui n’en avait pas besoin. On est venu le chercher en 2010 après la crise de Knysna en Afrique du Sud. Bénévolement, il a redressé cette fédération. (…) Revenir à la tête de la Fédération, non il n’a pas besoin de ça. Il est là pour servir, pas pour se servir."

Sera-t-il bénévole à son poste à la Fifa? "Oui, c’est son expertise qui est reconnu, conclut-il. La ministre lance des entreprises de démolition mais est-ce vraiment le rôle d’un ministre de démolir et de déstabiliser une fédération qui fonctionne très bien? Je n’en suis pas certain."

NC