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Equipe de France: "Deschamps, l'homme idéal à la bonne place", selon Le Graët

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Avant le dernier match de l'équipe de France en Albanie dans les éliminatoires de l'Euro 2020 (20h45), Noël Le Graët dresse le bilan, pour RMC Sport, du parcours de Didier Deschamps à la tête des Bleus. Le technicien va fêter son 100e match aux commandes de la sélection. Son aura, son importance, son avenir... le président de la FFF se livre.

Aujourd'hui, vous êtes un président heureux et satisfait d’avoir fait le choix Deschamps en 2012?

Oui puisque ces 100 matches, cela montre sa fidélité et sa qualité. C’est quelqu'un qui était souhaité par la Fédération, et à titre personnel, j’avais très envie qu’il dirige cette équipe. C’est un amoureux du maillot bleu. Il a fait en sorte de remettre une équipe en place, compétitive et de restaurer l’image de l’équipe de France dans un temps relativement record, puisqu’on est déjà compétitifs depuis quelques mois.

C’est toujours autant une évidence de voir Deschamps à la tête des Bleus?

C’est tout à fait évident. Ses performances sont exceptionnelles. On s’est qualifiés pour le Brésil 2014, on est allé en finale du Championnat d’Europe 2016, on a gagné la Coupe du monde, et on est qualifié pour l’Euro 2020. C’est l’homme idéal à la bonne place.

Le bilan, c’est la fierté? Vous le qualifieriez d’excellent?

Il est exceptionnel. Il faut voir d’où on vient. La France n’était plus habituée depuis quelques années à être dans le top mondial. Être battus en finale de l’Euro, ce n’est pas une contre-performance importante. Il y avait une bonne équipe en face, ça s'est tenu à rien. On aurait pu la gagner... On ne l'a pas gagnée. C'était un match équilibré. Et puis ensuite, gagner en Russie... Les observateurs d'aujourd'hui n’étaient pas très optimistes quand on est parti. Didier a réussi à fédérer et à gagner cette Coupe du monde. C'est tout à fait exceptionnel et cela restera toujours marqué.

Avez-vous une anecdote, une image marquante qui vous reste de Deschamps?

Après l’Ukraine, c’était difficile (les barrages pour le Mondial 2014, ndlr). Rappelez-vous, on avait perdu à Kiev 2-0 à l'aller. Et là, on a eu une bonne unité tous les deux. On s’est bien entendu pour que les joueurs soient conscients que le 3-0 était nécessaire. Et ce n’était pas aussi facile. Ne pas aller au Brésil, cela aurait été un échec. Les joueurs ont fait ce qu’il fallait au Stade de France avec l’aide du public. La préparation était excellente et c’est un très, très bon souvenir. C’est un moment d’émotion fort car entre rester à Paris et aller au Brésil, ce n’est pas du tout la même chose. C’est peut-être, en dehors bien sûr du titre de champion du monde, le moment le plus affectif, le plus important dans la perception que nous avons l’un et l’autre de travailler ensemble.

Un petit secret de vestiaire ou sur la personnalité de Didier Deschamps que l’on ne connaîtrait pas encore?

Dans les vestiaires, Didier est extrêmement respecté. J'ai vu beaucoup d’entraîneurs avec lesquels les joueurs lassent leurs chaussures pendant le discours. Avec lui, ce n’est pas le cas. C’est effectivement quelqu’un qui parle peu, qui n’a pas des discours interminables, mais qui va à l’essentiel. Il encourage, il conçoit bien le football, il perçoit bien les difficultés des joueurs. Il est plutôt rassurant et pas quelqu'un qui rouspète. Il est proche de ses joueurs et avec un caractère fort pour la gagne.

Il y a eu aussi des moments compliqués, comme le tag sur sa maison de Bretagne. Il dit que ça l’a changé. Vous aussi, vous l’avez trouvé changé même de l’intérieur dans son fonctionnement et sa personnalité?

Cela l’a blessé, parce qu’il ne le méritait pas. En plus c’était sa famille, c’est toujours difficile à accepter. Ça l’a marqué énormément, plus que ce que j’imaginais, sûrement. Il y a eu un petit changement pour lui dans son comportement personnel, mais qui aujourd'hui est oublié.

Faire le doublé Coupe du monde-Euro, c’est très difficile? Est-ce que c’est l’objectif? Et y a-t-il déjà une date de prolongation pour Didier Deschamps?

Déjà, il y a un match dimanche. On va attendre de savoir qui terminera premier et qui terminera deuxième du groupe. Et puis ensuite, une prolongation, ça ne se fait pas comme ça sur un coin de table. Il faut passer un peu de temps ensemble. On a prévu de se voir vers la deuxième quinzaine de décembre. On passera un moment ensemble, pour voir d’abord sa motivation, ses envies et comment essayer d’améliorer les choses. C’est toujours le but. Il a quand même un contrat jusqu’en 2020. Le Qatar, c’est encore beaucoup plus loin. Il faut une envie réciproque.

Peut-on rêver d’un 200e match de Didier Deschamps sur le banc des Bleus?

Je ne peux pas vous dire. C’est une question d’envie et de discussion, mais on n’en est pas là. Hier (vendredi), on était ensemble pratiquement toute la journée. On a parlé de l’Albanie. Il faut finir premier, on en a très envie. Et puis après, on va laisser un peu de temps. Il ne faut jamais rien faire dans la précipitation. Il va réfléchir lui-même. Et très rapidement, vers la deuxième quinzaine de décembre, on prendra une petite journée ensemble à Paris pour bavarder, ou à Guingamp ou je ne sais pas où…

la rédaction de RMC Sport