FFF: "La situation était devenue intenable", Aulas explique la mise en retrait de Le Graët

Invité de France Info ce jeudi matin, Jean-Michel Aulas, président de Lyon et membre du comité exécutif de la Fédération française de football (FFF), est revenu sur les raisons de la mise en retrait de Noël Le Graët de son poste de président, mercredi à l’issue d’une réunion extraordinaire. Celle-ci avait été convoquée trois jours après les propos déplacés de Le Graët sur Zidane, s’ajoutant à une liste déjà longue de dérapage. Selon les échos, Aulas aurait pousser pour cette solution en refusant celle de la démission.
"La situation était devenue intenable pour l’ensemble du foot français, pour les membres de la Fédération mais aussi pour Noël Le Graët qui est un homme tout à fait respectable jusqu’à ce que ces scandales arrivent par le biais de la parole public, a déclaré Aulas. Le statut quo n’était plus une option, il fallait trouver la solution la plus adaptée."
Déjà ciblé par de nombreux témoignages l’accusant de harcèlement sexuel, Le Graët a finalement précipité sa chute en s’en prenant à l’icône du football français. Pour Aulas, l’audit mené sur le pilotage de la FFF ne permettait pas, jusqu’alors, au comex d'agir. Le Graët est d’ailleurs en retrait jusqu’aux conclusions des inspecteurs et aurait promis de quitter définitivement son poste si celles-ci lui sont négatives.
"L’image du football, la crédibilité au niveau des pouvoirs publics qui se sont exprimés dernièrement et pour les dirigeants que nous sommes au niveau de la fédération, il y avait aussi une situation qu’on ne pouvait assumer, reconnaît le dirigeant. Une procédure administrative a été ouverte depuis quelques temps par le ministère des Sports (l’audit, ndlr). On a tous été interrogés par les inspecteurs, c’était difficile d’intervenir de manière plus précise avant la fin de cette enquête d’autant que Noël nous a certifiés que le contenu de ce rapport ne lui paraissait pas négatif pour lui. Il fallait prendre nos responsabilités. On avait bien entendu la parole de la ministre (des Sports, Amélie Oudéa-Castéra), des pouvoirs publics. On a fait ce qui permutait de continuer d’instruire la procédure des inspecteurs et puis nous d’exprimer une situation qu’on ne voulait pas assumer."
Aulas tacle Véran pour ses propos: "C'est d'une dureté incroyable"
Aulas a également étalé un certain agacement face aux pressions du gouvernement pour l’éviction de Le Graët à l’instar des déclarations du porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, réclamant "un président à la hauteur". "On est dans un monde fédéral et du football qui n’apprécie pas trop quand les pouvoirs publics s’interposent au niveau de la gestion du football, rappelle-t-il. On en a tenu compte aussi puisque cette déclaration est arrivée lorsque nous étions en réunion. C’est d’une dureté incroyable. Est-ce que l’intégralité des propos doit être pris au premier degré? Ou est-ce une vision prospective qui nous demande de réfléchir et de prendre du recul? On l’a pris comme cela. On était de toute façon dans une réunion qui devait aboutir à un changement. On ne pouvait pas en rester là. La FFF a fait un parcours incroyable sur le plan des résultats sportifs mais aussi sur le plan économique. C’est l’une des fédérations les plus fortes et les plus construites."
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Quel type de conclusions du rapport pourraient alors pousser Le Graët à quitter ses fonctions? "Il y a dans le rapport des réponses à toutes les questions qui ont été posées, à Noël et à l’ensemble des membres de la FFF, rappelle-t-il. C’est un rapport extrêmement construit avec beaucoup de gens auditionnés. Il y a eu la politique de la fédé en matière de relations sur ces aspects sexistes, le comportement et sa gouvernance de la FFF, côté Noël mais aussi de la direction générale, avec Florence Hardouin. C’est la raison pour laquelle le Comex a été plus loin dans ses décisions (Hardouin a été mise à pied à titre conservatoire, ndlr)."
"Désolé" pour Hardouin, victime d'un malaise après sa mise à pied
Cette dernière a été hospitalisée quelques temps après l’annonce de la nouvelle. "J’en suis vraiment désolé, j’ai appelé ce matin Philippe Diallo (président intérimaire), je n’ai pas eu de retour directement, explique Aulas. On en aura dans la journée. Philippe a pris la responsabilité de cumuler ces deux postes (la présidence et la direction générale). On est proche de Philippe on est quelques uns à avoir beaucoup d’expérience dans la gestion de la ligue et de la fédération. On va faire en sorte d’avoir avec Florence le comportement qu’on doit avoir sur le plan humain."
Aulas conclut en indiquant ne pas faire acte de candidature pour prendre les rênes de la FFF. "Dans toute période de transition, on sent bien – même si ce n’est pas exprimé publiquement - qu’il y aura des candidats, confie-t-il. J’ai été moi-même interpellé et j’ai répondu qu’il n’y avait qu’un poste qui m’intéressait, c’était celui de président de la Ligue féminine que nous sommes en train de construire."