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France-Argentine: "Didier Deschamps a la gagne en lui", raconte son ancien entraîneur des gardiens à l'OM

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Entraîneur des gardiens sous Didier Deschamps à Marseille entre 2010 et 2012, Nicolas Dehon, aujourd’hui à Nice, se dévoile pour RMC Sport concernant son rapport au sélectionneur des Bleus.

Nicolas Dehon, quelle relation entretenez-vous aujourd’hui avec Didier Deschamps ?

Je l’ai de temps en temps par texto, il répond tout le temps et n’a pas oublié les gens avec qui il a travaillés. Au départ je ne le connaissais pas, c’est Steve Mandanda qui m’avait fait venir à l’OM et il fallait l’aval de Didier. J’ai hésité car je ne connaissais pas le contexte et je sortais du PSG pour aller à Marseille, ce n’est jamais facile, donc je pense qu’il a appelé Antoine Kombouaré. Il m’a accueilli à Marseille les bras ouverts. Il m’a observé au début et il m’a fait confiance.

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Pensez-vous qu’il a changé sa manière de manager en passant d'entraîneur à sélectionneur ?

A Marseille, c’était un quotidien dans un contexte plus difficile qu’en équipe de France je pense. Il fallait tous les jours innover, mettre en garde les joueurs, gérer la situation. En sélection, il a le temps de se régénérer un peu. A l’OM c’était le capitaine du bateau, il nous emmenait avec le staff.

Quel genre de manager était-il à ce moment de sa carrière ?

Il était proche des joueurs et déléguait aussi. Il voulait tout savoir, être au courant de tout ce qui se passait, il faisait des entretiens individuels. Chaque jour, il était présent, au déjeuner, au repas, il aimait passer des petits messages dès qu’il croisait un joueur. En chambrant, mais tous ses messages avaient du sens à court ou long terme. Il ne lâchait personne, il était très protecteur du staff, il était la locomotive, nous protégeait, nous choyait. Il avançait bille en tête malgré les difficultés.

Êtes-vous surpris devant un tel succès ?

J’entends les gens dire "oui c’est de la chance" mais à un certain moment ce n’est plus de la chance. Didier a la gagne en lui, il sait passer ses messages. J’ai assisté à toutes ses causeries avant les matchs, il nous hérisse les poils des bras. Il donne, transmet quelque chose et les joueurs sont motivés. Il maîtrise l'événement. Pour les plus stressés, il arrivait à diminuer la pression. A Marseille, la deuxième saison, on est 14e ou 15e et tout le monde pense qu'on va se faire virer. Finalement, on gagne la Coupe de la Ligue.

Nicolas DEHON et Didier DESCHAMPS
Nicolas DEHON et Didier DESCHAMPS © Icon

Didier Deschamps est-il rentré selon vous dans la légende du football mondial ?

Oui, c’est un grand champion. J’ai travaillé avec beaucoup de champions du monde 1998 et je pense qu’il fait partie des top entraîneurs. A certains moments, on se dit 'là ça ne va pas aller' et il arrive toujours à trouver le petit truc qui change les choses. Je suis sûr qu’à certains moments, il se remet en cause, il ne se dit pas 'je suis le plus fort je vais y aller avec ma méthode'. Je pense qu’il fait des ajustements parce que c’est quelqu’un de très intelligent en compagnie de Guy Stéphan qui l’aide beaucoup.

Comprenez-vous les voix qui s’élèvent estimant qu’il est temps pour lui de passer le témoin ?

Non, pas du tout. C’est lui qui prendra la décision car il a toujours un temps d’avance, que ce soit les décisions pour lui ou pour l’équipe, pour le groupe. Je suis certain qu’il sait ce qu’il va faire. Il a pesé le pour, le contre, il va avancer. Quelle que soit sa décision, c’est que pour lui c’est la bonne.

Il accorde beaucoup d’importance à la cohésion de groupe, ç’a toujours été le cas ?

Bien sûr, je repérais ça. Là, tout le monde est dans le résultat en disant que l'équipe de France est en finale, mais pour Didier, la finale a commencé dans la composition de son groupe. Pourquoi il prend Steve Mandanda ? Ce n’est pas un hasard. Il a une relation avec lui, il sait que Steve va pouvoir passer les messages dans le groupe.

Pourrait-il changer sa composition d’équipe pour la finale ?

Je ne pense pas. S’il le fait, c'est qu’il a vu un point sur lequel il pouvait mettre en difficulté l’adversaire et qu’il pouvait améliorer. A mon avis son équipe, il l’a. J’espère vraiment qu’il va gagner cette finale.

Clément Brossard