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France-Danemark: Varane, une Ligue des nations pour retrouver des sensations

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Attendu comme titulaire ce vendredi lors de France-Danemark (20h45) en Ligue des nations, Raphaël Varane a besoin de se rassurer en sélection après une première saison galère sur tous les plans à Manchester United. Et à quelques mois de la Coupe du monde...

Il a forcément dû avoir un petit pincement au cœur. Peut-être pas des regrets mais au moins une pointe de nostalgie. Dans un autre monde, Raphaël Varane serait tombé dans les bras de Karim Benzema samedi soir, sur la pelouse du Stade de France, après avoir remporté une cinquième Ligue des champions. A vingt-neuf ans, il aurait encore enrichi son palmarès et étiré son lien si fort avec le Real Madrid. Sauf que c’est devant la télévision qu’il a assisté au sacre des hommes de Carlo Ancelotti contre Liverpool (1-0). Celui qui devrait être titulaire ce vendredi soir pour France-Danemark (20h45) en Ligue des nations a pu mesurer l’écart de niveau abyssal qui sépare son ancien club de Manchester United, qu’il a rejoint l’été dernier.

Une vie compliquée loin du Real

Son aventure avec la Maison blanche a pris fin au terme d’une décennie dorée, riche de quatre étoiles en Ligue des champions (2014, 2016, 2017, 2018), trois en Supercoupe d’Europe (2014, 2016, 2017) et autant en Liga (2012, 2017, 2020), entre autres. Recruté à Lens alors qu'il n'avait que dix-huit ans et une grosse vingtaine de matchs de Ligue 1 dans les jambes, Varane y a grandi et s'est construit l'un des plus beaux palmarès du football français, en prenant au passage la septième place du Ballon d’or dans la foulée du titre mondial décroché par les Bleus en Russie. Avec Sergio Ramos comme tuteur, il est devenu une référence à son poste, un défenseur aussi serein qu’élégant, loué pour sa relance et son sens de l’anticipation. Mais après 360 matchs et une armoire à trophées pleine à craquer, le sentiment d’être arrivé à la fin d’un cycle a pris le dessus et la réflexion qu’il menait depuis déjà quelques années sur son avenir s’est conclue par une signature à Manchester United pour 40 millions d’euros.

Un transfert nourri par la volonté du joueur de se mettre en danger, de se frotter à un nouvel environnement et d’aider un club légendaire à renouer avec son glorieux passé. Un défi excitant. Et une belle occasion de prouver sa valeur loin du cocon madrilène. "Venir ici et jouer en Premier League est quelque chose que je ne pouvais pas refuser, confiait-il à son arrivée. Il y a encore beaucoup de choses que je veux réaliser dans ma carrière et je sais que je rejoins une équipe pleine de grands joueurs qui auront tous la même détermination à gagner des matchs et des trophées." Un discours plus que louable et ambitieux qui s’est vite heurté à une brutale réalité. Depuis le départ de Sir Alex Ferguson en 2013, la lutte pour le titre n’est plus qu’une illusion pour les supporters des Red Devils, en guerre avec la famille Glazer et exaspérés par la déliquescence d’un club devenu une lessiveuse à entraîneurs.

Blessures et déceptions

Certes, Varane savait où il signait. Mais il ne s’attendait sans doute pas à vivre une saison aussi galère, tant individuellement que collectivement (sixième place en Premier League, à treize points du top 4). La faute d’abord à des blessures. En championnat, il n’a disputé que 22 des 38 journées. Ses problèmes récurrents aux adducteurs, aux ischios et à un genou ont plombé son intégration. Difficile d’enchaîner dans ces conditions et d’apporter ce pourquoi les dirigeants mancuniens ont été le chercher. Alors qu’il devait devenir le complément idéal d’Harry Maguire, pas franchement réputé pour sa vitesse ou la qualité de sa relance, Varane a rarement surnagé lorsqu’il a été aligné en championnat ou sur la scène européenne. Evidemment, le manque de solidité de United et les tâtonnement tactiques de Ralf Rangnick ne l’ont pas aidé. Mais les supporters auraient aimé le voir tirer son équipe vers le haut.

"L’intensité est très différente. Le rythme des matchs est vraiment très élevé. On ne peut jamais se relâcher, même si on mène au score et qu’il ne reste que dix minutes à jouer, tout peut arriver", disait-il en début d’année comme pour justifier ses absences à répétition et ses difficultés à supporter le défi athlétique propre à la Premier League. Tancé publiquement par certaines légendes, Paul Scholes en tête, l'ex-Lensois garde toutefois la confiance de Didier Deschamps. Aux yeux du sélectionneur, Varane rime avec fiabilité. "Tous les joueurs ont eu des moments de moins bien avec leur club, a-t-il répété au début de ce rassemblement. Ici, ils retrouvent un environnement différent, avec des joueurs qu'ils connaissent et apprécient. Se remettre dans un autre fonctionnement peut les aider. C'est arrivé que certains moins performants avec le club soient très performants avec la sélection, et l'inverse aussi."

Des jeunes qui poussent chez les Bleus

Pour le moment, sa place de titulaire en équipe de France ne semble pas en danger. Fort de son statut et de son expérience (85 sélections), Varane reste un cadre et l’un des premiers choix de Deschamps, qui devrait l’aligner face aux Danois dans l'axe de la défense au sein de son 3-4-3, avec Lucas Hernandez et Jules Koundé pour l’épauler. "Jusqu'à présent, il y a la logique de groupe qui fait que Varane est un leader des Bleus. Mais je pense que son 'prime' est passé depuis au moins deux ans. Ça reste un joueur de haut niveau, mais je pense qu'il n'a pas fait le bon choix en allant à United", estime Kevin Diaz, consultant pour RMC Sport. Pour ne pas trop faire douter son coach, Varane serait bien inspiré de se montrer performant dans cette Ligue des nations, et dès le début de la saison prochaine en club, en évitant de prendre le bouillon comme en octobre dernier face à la Belgique de Romelu Lukaku (3-2).

Son match contre la Côte d'Ivoire (2-1) en mars avait été à peine plus rassurant. Et derrière, la concurrence est là. En plus de Lucas Hernandez, Koundé, Benjamin Pavard, Deschamps ne manque pas de solutions. William Saliba sort d'une grosse saison avec Marseille et il a marqué des points lors de ses débuts en sélection. S'il n'a pas été convoqué pour ce rassemblement, Dayot Upamecano n'a pas non plus dit son dernier mot. Sans oublier ceux qui poussent dans l'ombre ou chez les Espoirs, et qui se tiennent prêts à rebattre les cartes. De Pierre Kalulu (Milan) à Ibrahima Konaté (Liverpool), en passant par Benoît Badiashile (Monaco) et Wesley Fofana (Leicester). A quelques mois du Mondial au Qatar (21 novembre-18 décembre), il est donc temps de retrouver le grand Varane.

https://twitter.com/rodolpheryo Rodolphe Ryo Journaliste RMC Sport