Franck Ribéry et la France, une histoire compliquée

Franck Ribéry baisse le rideau pour la seconde fois de sa carrière. Huit ans après avoir annoncé sa retraite internationale, le joueur de la Salernitana range définitivement les crampons à l’âge de 39 ans, mettant fin à une histoire longue de 20 ans. Adulé en Allemagne, l’ancien international tricolore (81 sélections) n’a sans doute pas eu la même reconnaissance en France.
Le fiasco de Knysna et l’affaire Zahia
Après une Coupe du monde 2006 où le pays a découvert le jeune Franck Ribéry, ce dernier devient un cadre de l’équipe de France à l’Euro 2008 puis lors du Mondial 2010, marqué par le fiasco de Knysna. L’ancien joueur de l’OM avait été suspendu pendant trois matchs par la Fédération française de football pour les premiers matchs sous l’ère Laurent Blanc, considéré comme étant l’un des “artisans” du fiasco de Knysna, qui a entraîné la grève de l’entraînement des joueurs de l’équipe de France après l’éviction de Nicolas Anelka.
"On était un groupe, on était tous ensemble. On a fait tous les mêmes erreurs. Il n’y en a pas un qui a su dire: ‘c’est bien’ ou ‘c’est pas bien’. On a trop parlé de Patrice Évra, moi, Nico (Anelka). Si des gens ont été blessés, c’est normal. [...] Que ce soit dans le bus ou pas, on était tous ensemble, tous concernés. Quand on parle de deux ou trois joueurs, ce n’est pas bon. Il y a des journalistes qui m’aiment bien, d’autres qui ne m’aiment pas. Ils voulaient m’abattre. C’était de la rage, de la haine", confiait Ribéry à RMC Sport en 2012.
Quelques mois avant le fiasco en Afrique du Sud, Franck Ribéry est mis en examen dans l’affaire Zahia pour sollicitation de prostituée mineure, au même titre que Karim Benzema. Le 30 janvier 2014, les deux joueurs sont relaxés après que l’ancien Bavarois a nié avoir rémunéré la jeune femme pour des relations sexuelles. En 2010 et 2011, il est "élu" sportif français le plus détesté de France.
La désillusion de 2013 et le “vol” du Ballon d’or
Revenu en grande pompe après une année 2010 délicate, Franck Ribéry est devenu indispensable au Bayern et en équipe de France. Ce dernier atteint les sommets en 2013, en remportant la Ligue des champions, le championnat et la Coupe avec le club allemand. Présenté comme un candidat crédible à la victoire finale en raison de son palmarès collectif et de ses statistiques individuelles, le Français échoue pourtant à la troisième place (derrière Cristiano Ronaldo et Lionel Messi), malgré le costume de favori et une victoire lors du Prix UEFA du meilleur joueur d’Europe quelques semaines plus tôt.
Une décision vécue comme un “vol” et "une "injustice" par le principal intéressé, qui a longtemps regretté le manque de soutien de la France du foot.
Une retraite internationale dans la discrétion
Un désamour qui s’étendra jusqu’à son dernier match avec les Bleus, le 5 mars 2014, face aux Pays-Bas. Une soirée marquée par un tour d’honneur de 26 minutes au Stade de France. À cette époque, Franck Ribéry ne se doute pas qu’il étrenne pour la 81e et dernière fois la tunique bleue. Retenu pour disputer la Coupe du monde 2014 au Brésil, l’ailier doit renoncer en raison d’une lombalgie et suit la compétition de loin.
Un mois après l’élimination des Bleus en quart de finale face au futur champion du monde allemand, Franck Ribéry annonce alors dans l’anonymat le plus total la fin de sa carrière internationale, le 14 août. Quelques mois après cette dernière sortie, le Kaiser avait regretté le manque de soutien à son égard. “J'ai pris une décision. Les deux dernières années en équipe de France, j'ai pris vraiment beaucoup de plaisir. J'ai été très important pour l'équipe de France, le meilleur buteur, le meilleur passeur. Je me suis éclaté, expliquait-il. Mais au final quand j'ai eu ce petit problème au dos qui m'a privé du Mondial, il y a eu de petites choses qui ne m'ont vraiment pas plu et j'ai senti que je n'avais pas de soutien derrière moi. Mais c'est une page qui est tournée et je souhaite bonne chance à l'équipe de France".