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Italie: un an après le sacre européen, la chute libre de la Nazionale

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Le 11 juillet 2021, la Nazionale de Roberto Mancini remportait le deuxième championnat d’Euro de son histoire. Un an et une non-qualification pour le Mondial plus tard, l’Italie, plongée dans un avenir incertain, a bien changé.

Depuis un an, l’Italie en a vu de toutes les couleurs. Sacrée championne d’Europe à Wembley le 11 juillet 2021, la Nazionale a vu le ciel lui tomber sur la tête huit mois plus tard, lorsque la Macédoine du Nord a fin à ses espoirs de qualification à la Coupe du monde dans le temps additionnel de sa demi-finale de barrage à Palerme (0-1). Un contraste intense qui confirme le déclin brusque des Azzurri.

Des résultats en chute libre

Depuis le tir au but de Bukayo Saka stoppé par Gianuigi Donnarumma sur la pelouse de Wembley synonyme de victoire de l’Italie à l’Euro, l’Italie compte un bilan équilibré mais surtout très décevant: 4 victoires, 6 nuls, 4 défaites. Jusqu’au fameux barrage contre la Macédoine du Nord, les hommes de Mancini n'ont remporté que 2 matchs sur 7, face à la modeste Lituanie (5-0) et contre la Belgique dans un match sans enjeu en Ligue des nations (2-1). Pour le reste, il y a des nuls décevants contre la Bulgarie (1-1), la Suisse (0-0 et 1-1) et l’Irlande du Nord (0-0) ainsi qu’un revers contre l’Espagne (1-2) qui avait mis fin à 37 matchs d’invincibilité, concluant définitivement la période faste de la Nazionale.

Et les contre-performances contre la Nati, provoquées notamment par deux penalties manqués de Jorginho, ont poussé l’Italie à jouer ce match couperet contre la Macédoine du Nord et à cette terrible désillusion. Malgré une possession et un nombre d’occasions largement supérieurs (32 tirs à 4), les attaquants azzurri n’ont pas trouvé la faille et la défense a cédé sur une frappe lointaine de Trajkovski à la 92e minute. Le deuxième séisme de suite en barrages, après la défaite contre la Suède en 2017.

Toujours guidée par Mancini, la Nazionale ne s’est pas encore relevée de cet échec comme en témoigne des lourds revers contre l’Argentine lors de la Finalissima (0-3) puis de l’Allemagne en Ligue des nations (2-5). Avant de boucler la saison par un bilan moyen lors de la fenêtre internationale de juin (1 victoire, 2 nuls, 1 défaite).

Chiellini c’est fini, les cadres se raréfient

Légende du football italien aux 117 sélections, Giorgio Chiellini a disputé le 1 er juin son dernier matchs avec son équipe nationale à presque 38 ans. Un temps annoncé proche de prendre sa retraite internationale, Ciro Immobile pourrait quant à lui continuer, comme le confirme son sélectionneur ce lundi dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport. "Je pense qu'il viendra, il ne m'a jamais dit qu'il ne reviendrait pas", affirme Mancini.

Une bonne nouvelle pour la Nazionale, dont les cadres se font de plus en plus rares. Leonardo Bonucci, éternel compère de Chiellini, ne devrait toutefois pas faire le même choix. "Pour ma part il y a un désir de continuer afin d’être un exemple et un guide pour les nombreux jeunes qui portent ce maillot", avait-il déclaré au moment de la retraite de son coéquipier. Il guidera donc son équipe quelques temps supplémentaires, dans l'attente de son successeur.

Une relève qui se fait attendre

L'arrivée d'une nouvelle génération tarde, aussi bien pour guider le vestiaire mais également l’attaque transalpine. En manque de leaders, l’Italie se cherche aussi un buteur Immobile, Belotti et Berardi n'ayant pas totalement convaincu, ainsi que des joueurs pour construire le futur de la sélection. Ce qui a poussé Mancini à faire appel à des joueurs assez méconnus ou à la trajectoire improbable, à l’image de Wilfried Gnonto, anonyme attaquant du FC Zürich.

Car le vivier italien ne semble pas particulièrement étoffé. Un problème pointé du doigt, tout comme la formation, après l’élimination contre la Macédoine du Nord. Pour rappel, seules deux équipes de Serie A utilisaient moins de 80% de joueurs étrangers la saison passée.

"Nous avons seulement 30% de joueurs italiens qui jouent dans nos équipes de jeunes. Il y a beaucoup de jeunes italiens qui ne jouent pas dans leur club, soulignait le président de la fédération Gabriele Gravina après le barrage en mars dernier. Cela devrait être notre engagement politique pour réformer cette problématique". Figure du football italien, Arrigo Sacchi partage son point de vue pour expliquer les débours de la sélection. "On continue d’acheter des joueurs étrangers, même dans nos équipes de jeunes, regrettait l’ancien coach de l’AC Milan. Ils sont achetés comme des stocks de fruits et des légumes. Nous sommes certains que c’est le chemin à suivre ou, plutôt, que ce n’est pas ça le problème? Commençons par apprendre à nos jeunes joueurs à jouer, n’allons pas chercher le sauveur de la patrie, qui arrive peut-être de l’étranger?"

Le sélectionneur italien a également été critiqué ces derniers mois pour son utilisation abusive des vainqueurs de l’Euro au détriment de la nouvelle génération. Lors de la rencontre contre la Macédoine du Nord, seul Gianluca Mancini était dans le onze de départ sans avoir participé à l’épopée européenne neuf mois plus tôt. Un problème que semble avoir entendu le sélectionneur. Roberto Mancini s’est ainsi appuyé sur un groupe très rajeuni pour les dernières rencontres de Ligue des Nations, se privant volontairement de Verratti, Jorginho, Insigne, Emerson et Bernardeshi.

Quel avenir pour la Nazionale et Mancini?

Malgré des rumeurs de départ, Roberto Mancini va rester à la tête de l’Italie. Ce lundi, Mancini confirme néanmoins avoir penser plusieurs fois à la démission ces derniers mois. "J’ai été tenté de partir, je me suis retrouvé dans une situation très difficile, déclare-t-il au sujet de l’après-défaite contre la Macédoine du Nord. J'y ai pensé un peu après Wembley, mais la Coupe du monde avait lieu un peu plus d'un an après".

Et le sélectionneur italien ajoute qu’il a toujours de grandes ambitions pour sa sélection. "Depuis que je suis entraîneur, j'ai toujours eu un objectif: gagner des championnats d'Europe et Coupes du monde, souffle-t-il. Il y a un an je me disais: 'On les gagne les uns à la suite’. Je pensais à cette Coupe du monde. Mais je pense quand même qu'on va en gagner une".

Avant la Coupe du monde 2026, le chemin est encore très long pour les Azzurri, qui ont d’autres objectifs pour les prochains mois. D’abord, la fin de la phase de groupe de Ligue des nations. Ils occupent la troisième place de leur groupe (Hongrie, Allemagne, Angleterre) à deux journées de la fin, mais avec 2 petits points de retard sur le leader magyar. De quoi nourrir des espoirs de Final Four (du 14 au 18 juin 2023) avant de retrouver l’Angleterre (23 septembre) puis la Hongrie (26 septembre). Il sera ensuite temps d’entamer sa préparation pour l'Euro 2024, afin de définitivement clôturer ce drôle de chapitre et entamer pleinement sa reconstruction.

Jules Aublanc Journaliste RMC Sport