Evra raconte sa discussion avec Le Graët sur le racisme

La lutte contre le racisme chevillée au corps, Patrice Evra en a fait l’un des combats de sa vie, lui qui a expérimenté la haine de l’autre très tôt dans sa jeunesse, et même très rapidement dans sa carrière de joueur en Italie, lorsqu’il débarque en Sicile à la fin des années 90, alors qu’il n’a que 17 ans. De ce premier voyage lointain, l’ancien joueur de Manchester United a gardé en mémoire une anecdote qui le fait sourire aujourd’hui, et qu’il a raconté dans la matinale de France Inter, ce mardi.
"C’était incroyable. J’avais 17 ans, je sortais du quartier. J’arrive en Sicile et puis je vois un monsieur avec son fils, qui n’arrêtent pas de me regarder. Je me dis: 'attends, je ne peux pas être déjà connu', il me demande de faire une photo. Et puis après la photo, le petit commence à toucher mon bras, il ne comprenait pas, il pensait que j’étais sale. Il n’avait jamais vu un noir. Parfois, c’est de l’ignorance. Quand j’avais 17 ans on me jetait des bananes, mais j’étais encore plus fort sur le terrain."
Evra: "Il ne faut pas pointer du doigt la France"
"Je n’ai jamais été dupe d’une façon dont l’opinion publique nous percevait, nous autres joueurs. Quand on gagnait, on était cette belle équipe black blanc beur symbole de l’unité nationale, et quand on perdait on redevenait les immigrés qui foutent le bordel", conclut Patrice Evra pour clore le chapitre qu’il consacre à Knysna dans son dernier livre I love this game, qui paraitra le 13 janvier 2022 en France, aux éditions Hugo Sport, après sa publication au Royaume-Uni.
Patrice Evra a souvent dénoncé au cours de sa carrière le racisme dont font l’objet selon lui les joueurs de l’équipe de France. "Ce n’est pas qu’en France, on l’a vu aussi lors du dernier Euro en Angleterre, assure-t-il. C’est dans le monde du football, il ne faut pas pointer du doigt la France, mais c’est comme ça que ça se passe. Quand Le Graët (président de la FFF) a dérapé en disant que le racisme n'existait pas quand un black marque, tout le monde se lève, je l’ai remis à sa place. Il m’a appelé pour me dire: 'mais Pat je croyais qu’on était amis'. Je lui ai dit: 'président, il faut dire les choses comme elles sont'."