"J'ai joué mon meilleur football au PSG": Paris, la Seleçao, l'Arabie saoudite, Neymar dit tout dans une interview exclusive sur RMC

Marion Bartoli: Comment allez-vous? Est-ce que vous serez bientôt de retour sur les terrains?
Neymar Jr: Je me sens bien, je me sens mieux. Je suis retourné sur les terrains, mais malheureusement, je suis encore blessé (blessure musculaire après deux matchs joués avec Al Hilal, champion en titre d’Arabie saoudite, NDLR). La chance que j’ai, c’est que la blessure est moins importante aujourd’hui. Et je serai bientôt de retour.
MB: Comment avez-vous pris la décision de rejoindre Al Hilal et la Ligue saoudienne? Est-ce que vous vous plaisez ici?
J’ai décidé de partir du PSG et cette proposition de rejoindre Al Hilal est arrivée… J’ai eu la proposition juste après mon départ, car je n’étais tout simplement plus heureux là-bas, au PSG. Le club et l’entraîneur ne voulaient plus m’utiliser. Ils m’en avaient déjà parlé, donc j’ai dû prendre une décision. Et la proposition d’Al Hilal m’a plu. J’ai appris à connaître ce club, la culture locale et le championnat. J’ai été très surpris de mon accueil ici et de la bienveillance des supporteurs. Le championnat se développe, notre équipe également et avec ma famille, nous sommes certains d’avoir pris une bonne décision.
MB: Comment se passe la vie en Arabie saoudite? Est-ce que vous recommanderiez à d'autres joueurs de vous rejoindre?
Je suis vraiment très heureux ici. Et tous les joueurs qui veulent venir ici sont surpris par le niveau ou encore certains aspects très positifs de ce championnat.
MB: Malheureusement vous avez eu une grave blessure au genou en octobre 2023, mais à chaque fois que cela vous est arrivé dans votre carrière, vous avez réussi à revenir plus fort. Comment faites vous?
Je pense que c’est avant tout une question de mental. Une blessure est toujours très compliquée à gérer pour un athlète, surtout avec une blessure aussi sérieuse que j’ai eue et revenir ensuite au haut-niveau n’est pas facile. C’est vraiment une question de mentalité avec évidemment les personnes qui sont autour de toi pour t’aider. Ce n’est vraiment pas facile, mais les personnes de mon entourage, ma famille et mes amis m’ont beaucoup accompagné. Ça m’a même rendu plus fort pour pouvoir récupérer et progresser mentalement.
Benoît Boutron: Reverra-t-on le grand Neymar? Est-ce que vous aimez toujours autant le foot?
Évidemment que je suis passionné par le football. Je suis d’accord que mes années sportives au PSG ont sûrement été les meilleures pour moi. Mais c’était très triste pour moi, car j’avais souvent des blessures très graves qui pouvaient aller de trois, quatre à six mois. Ça m’a beaucoup ennuyé, mais au niveau du football, au niveau sportif, c’était le meilleur Neymar qu’ils ont eu dans l’ensemble de ma carrière. Je suis donc content d’avoir pu proposer ça au football français, mais d’un côté, il y aussi ce sentiment de tristesse… Car je n’ai pas fait de saison en entière, seulement l’année 2020, quand nous avons atteint la finale de la Ligue des champions. C’était vraiment une belle année quand j’y repense. Je n’oublierai jamais ces moments, ils sont gravés dans mon cœur.
MB: La Seleçao attend tellement de votre retour! Ils ont besoin de vous. Il y a un Brésil sans Neymar et un Brésil bien meilleur avec Neymar. Est-ce que vous pensez retourner en équipe nationale en mars?
Absolument, oui, oui, je serai de retour. Je me prépare pour ça et je suis même excité. J’aurais dû être convoqué pour ce rassemblement (en novembre, NDLR), mais après discussion avec l’entraîneur, il a décidé de ne pas m’appeler. La prochaine fois, je serai sûrement avec mes coéquipiers, je me prépare pour en tout cas. Il n’y a rien de mieux que de représenter son pays. On espère que l’équipe va s’améliorer, elle évolue. Il ne faut pas oublier que l’équipe est jeune, nous avons du potentiel et il faudra l’exploiter le plus vite possible pour que nous puissions devenir une grande équipe.
BB: Vous avez eu la chance de remporter les JO avec le Brésil à Rio en 2016. Gagner la Coupe du monde en 2026, c’est le dernier grand objectif de votre carrière?
Je veux d’abord faire une belle saison avec Al-Hilal. Je reviens d’une blessure très grave. J’ai encore un peu de temps pour retrouver mon niveau et montrer pourquoi je suis là. Ma priorité est là: bien récupérer, me développer physiquement et rejouer tout simplement. J’aimerai jouer le Mondial des clubs 2025 avec Al-Hilal, car c’est très important pour le club. Évidemment que la Coupe du monde est le but pour tous les joueurs. J’ai déjà joué trois Coupes du monde, je veux évidemment faire la quatrième. Je dois être concentré sur ça, bien me préparer ici et avoir cet objectif à moyen terme après m’être remis en forme ici, dans mon club.
MB: Neymar, vous êtes le meilleur buteur de l'histoire de la Seleçao, devant le roi Pelé! C'est un accomplissement incroyable. Est-ce que le petit Neymar, quand vous étiez enfant, pouvait rêver réussir ça un jour ou bien est-ce qu delà de tous vos rêves?
J’ai dépassé tous les rêves que j’avais quand j’étais enfant. Quand j’étais petit, mon rêve était de jouer pour Santos et la Seleçao. Mais Dieu m’a donné beaucoup plus. Je suis très heureux de ma carrière, j’ai joué dans de très grands clubs. Et aujourd’hui, je suis le meilleur buteur de l’histoire de la Seleçao, je suis très heureux d’avoir accompli cela. Ça représente beaucoup de travail, beaucoup d’efforts. Je me suis beaucoup dédié à cette sélection nationale et marquer l’histoire de mon pays, c’est quelque chose de magnifique, c’est un honneur. Je pense que mes enfants verront que j’étais important dans l’histoire de mon pays.
MB: Bien sûr, vous avez joué au PSG, vous manquez à la Ligue 1 avec vos incroyables prouesses techniques. Comment jugez-vous votre expérience en France et au PSG?
Mon expérience au PSG a été bonne et mauvaise en même temps… Bonne, car niveau football, je pense que j’étais au sommet de ma carrière. Et mauvaise, car j’ai longtemps et souvent été blessé… Je n’ai pas fini une saison. Donc il y avait de la tristesse. Je n’oublierai pas les très bons moments que j’ai pu avoir ici, notamment la finale de la Ligue des champions. C’étaient vraiment des moments incroyables. On aurait pu gagner, mais une finale se joue sur des détails… Jouer en Ligue 1 a vraiment été une bonne expérience, les fans ont été géniaux avec moi. J’ai écrit mon histoire en Ligue 1, c’était bien pour ma carrière. Je suis fier et content d’avoir participé à cela. Maintenant, c’est fini et je dois être focalisé sur l’Arabie Saoudite et mon club d’Al-Hilal.
BB: Pensez-vous que cette finale de Ligue des champions avec le PSG, celle perdue contre le Bayern Munich, aurait pu changer votre histoire avec Paris? Ça a eu une incidence sur votre carrière parisienne?
Il ne faut pas oublier qu’on a amené le club à sa première finale de Ligue des champions. Malheureusement, nous n’avons pas gagné. Mais cela fait partie du football et du sport en général. On ne peut pas toujours gagner. Le PSG avait l’objectif d’arriver en finale et nous l’avons réalisé. D’ailleurs, le club a toujours cet objectif et ils s’investissent à fond dans cette quête. C’est vrai que j’ai déjà gagné avec le FC Barcelone. Quand j’y repense, les victoires avec le Barça restent des moments incroyables. J’aurais voulu gagner avec le PSG car gagner une Ligue des champions, c’est comme gagner une Coupe du monde avec ton pays.
BB: Votre arrivée a Paris a été extraordinaire, une chance pour la France d’accueillir un joueur de votre talent. Le transfert le plus élevé de l’histoire du foot, 222 millions d’euros, montant de votre clause libératoire à Barcelone, un message de bienvenue sur la Tour Eiffel, les supporteurs vous ont adoré, admiré... Pendant six saisons, il y a eu des hauts et des bas... Comment définiriez-vous cette relation? Quel message avez-vous envie de faire passer aujourd’hui à tous les Français qui vous ont admiré?
La première année a été magnifique, j’ai été très bien accueilli par le peuple et les supporteurs français. Les deux, trois dernières années n’ont pas été les mêmes, ce n’était pas incroyable la façon dont j’ai été traité, c'est pareil pour Lionel Messi. Pour moi, il y a eu de l’injustice, car je me suis toujours donné à fond sur le terrain. Je n’ai pas de rancoeur, mais j’ai été un peu triste de la façon dont j’ai été traité par les supporteurs, notamment quand ils sont venus chez moi, quand ils ont voulu envahir ma maison, m’insulter ou vouloir me taper. Pour moi, ils ont dépassé les limites. Notre relation n’était plus respectueuse, alors que moi je les ai toujours respectés... C’était vraiment une situation compliquée. J’étais triste par la façon dont on m’a traité à la fin, mais c’est passé. Je respecte le club du PSG et je vais toujours les soutenir pour qu’ils aient les meilleurs résultats. Je n’ai aucune rancœur envers le club, J’ai juste un peu de rancoeur envers des gens qui managent le club et quelques supporteurs. Mais c’est du passé. C’est le club où j’ai passé le plus de temps dans ma carrière, six ans. J’ai vécu de très beaux moments, mais également quelques moments tristes. Et ma relation avec les supporteurs fait plutôt partie des moments tristes, malheureusement. Mais au niveau sportif, c’était le meilleur football que j’ai joué. Je suis donc heureux et j’ai la conscience tranquille par rapport à ça.
MB: Je voudrais vous parler de l'Instituto Neymar Jr au Brésil, à Praia Grande et tout ce que vous faites pour les enfants et leurs parents. Je crois que vous aidez plus de 3.000 enfants par jour. Quel est votre but avec l'Instituto Neymar Jr?
Notre but, c’est de mettre l’humain au centre de l’institution, de 7 à 17 ans. Nous voulons leur donner des opportunités qu’ils n’auraient eu nulle part ailleurs. Je sais que pour certains d’entre eux, c’est très compliqué. Beaucoup de choses ont changé dans certains quartiers. On voit des hommes, des femmes qui travaillent désormais. Ils me remercient et cela n’a pas de prix. Avoir un sourire d’une personne qui me rappelle ce que j’ai pu faire pour elle, c’est génial. C’est vraiment quelque chose de bien. Cela va au-delà du football et de l’argent. Voir ces gens heureux, c’est merveilleux. On aide beaucoup d’enfants, mais également beaucoup de familles. Notre focus, c’est la famille au sens global. Beaucoup de choses sont faites à l’institut en ce sens. Si des personnes veulent voir ce que nous mettons en place, les portes sont ouvertes. Vous serez sûrement surpris de voir tout ce qui a été construit dans le centre.
MB: Gigi Buffon, votre ancien coéquipier, vient de dire que vous étiez le meilleur joueur qu’il avait côtoyé durant sa carrière... Il a pourtant croisé Messi, Ronaldo, Zidane, Iniesta. Il a rajouté que Neymar aurait dû gagner au moins cinq Ballons d’or. Est-ce que vous avez des regrets lorsque vous analysez votre carrière?
C’est toujours très gratifiant d’entendre de tels propos, surtout venant de la part de l’un des meilleurs gardiens de l’histoire et qui connait très bien le football. C’est juste incroyable. Tu t’entraînes au quotidien, tu joues chaque semaine, ta vie est dédiée au football pour donner le meilleur de toi-même. Et être reconnu comme ça, c’est juste génial. Gigi Buffon est l’un des plus grands joueurs de l’histoire. Nous sommes devenus amis quand nous étions coéquipiers. Jamais je n’aurais pensé jouer avec lui. Je l’appelais "Vieille", "Vovo", "Papi" (rires), donc j’ai évidemment beaucoup d’affection pour lui. Il m’a beaucoup appris, on a souffert ensemble, on s‘est battus ensemble. On a vécu des moments merveilleux avec le PSG. Mais je le remercie vraiment pour ce qu’il a dit. Jouer au football n’est pas facile aujourd’hui, mais quand tu aimes quelque chose, tu oublies tout et tu veux te concentrer à fond pour être le meilleur de toi-même. Je suis maintenant préparé pour revenir rapidement sur le terrain cette saison avec mon club et la Seleçao.