Affaire Galtier: à Nice, silence total avant un match capital

Ça devait être un vendredi au calme après le match nul (2-2) obtenu la veille sur la pelouse de Bâle. Seulement, quelques heures après ce quart de finale aller d’Europa Conférence League, Nice va pourtant connaître une fin de semaine mouvementée.
Ce vendredi matin-là, alors que la zone industrielle à l’Ouest de Nice connaît une petite agitation, les membres de la sécurité privée à l’entrée du centre d’entraînement du club voient arriver deux voitures Peugeot. À l’intérieur, les enquêteurs de la Police judicaire de Nice qui mènent leur première perquisition après l’ouverture, la veille, d’une enquête par le Parquet de Nice du chef de discrimination fondée sur une prétendue race ou l'appartenance à une religion.
Dans ce dossier ultra-médiatique, et donc ultra-sensible, les enquêteurs ne perdent pas de temps. Seulement 48 heures après les révélations de RMC Sport, le procureur de la République de Nice a donc décidé de passer à l’action. Dans les locaux du club, les enquêteurs s’intéressent particulièrement aux dossiers des transferts du Gym et aux boîtes mails de certains employés. Le groupe professionnel n’était pas présent pendant une bonne partie de la perquisition. Les enquêteurs ressortiront des locaux quelques heures plus tard. Très rapidement après cette perquisition, ils décident de mener les premiers interrogatoires. Le président des Aiglons, Jean-Pierre Rivère, et plusieurs autres dirigeants du club, vont passer devant les membres de la PJ niçoise.
Galtier et Fournier bientôt entendus
Cette enquête va prendre du temps. Qui n’est pas toujours le temps médiatique et sportif. Christophe Galtier et Julien Fournier devront aussi livrer leur version sur cette affaire devant les enquêteurs. L’ancien directeur sportif de l’OGCN n’a toujours pas été entendu par les enquêteurs. L’actuel entraîneur du PSG le sera normalement en dernier.
Depuis une semaine, au sein du football français, ça bruisse dans tous les sens. Chacun donne sa version, son analyse de la situation et les rumeurs se propagent. Après les sorties en conférence de presse de Didier Digard et un communiqué du club, c’était au tour de Dave Brailsford, Jean-Claude Blanc et Florent Ghisolfi de prendre la parole hier, pendant quelques minutes, devant les salariés de l’OGC Nice.
La véracité du mail de Julien Fournier leur a été confirmée et si ces derniers ont des questions, ils peuvent en parler auprès des dirigeants. Ces derniers ont rappelé que les perquisitions effectuées au centre d’entraînement ne doivent pas perturber les employés. Il leur a été demandé de garder le cap et rester concentré pour aider les joueurs à marquer l’histoire, et ce dès jeudi en quart de finale retour de Ligue Europa Conference contre Bâle (21h). Cette prise de parole a aussi été l’occasion de rappeler les grandes ambitions d’Ineos pour le Gym malgré la bonne position du groupe dans le rachat de Manchester United, la réponse finale est espérée à la fin du mois.
Les faits déjà "traités" ?
Dans un communiqué publié la semaine dernière sur le site du club, et qui ne fait que trois lignes, l’OGC Nice affirme que cette situation "a été traitée avec le plus grand sérieux au moment des faits". Et que le club n'apportera pas plus de commentaires. Les commentaires seront réservés pour la justice. Pour le moment, selon les informations de RMC Sport, aucun joueur de Nice n’a été entendu par les enquêteurs. En privé, certains espèrent qu’ils seront convoqués pour donner leur version sur ce dossier.
"On ne nous a pas interdit de parler, a expliqué le coach des Aiglons devant la presse aujourd’hui. Le problème c'est que vous (les journalistes, ndlr) voulez résoudre l'enquête avant la justice. Aujourd'hui, je n'ai rien à vous dire. Répondre à des "on dit" ne sert à rien. Je veux répondre à des choses qui soient claires et nettes."
Les faits présumés concernent l’article 225-2 du Code pénal. C’est un délit puni d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison et 45.000 euros d’amende pour ses auteurs. Les faits seront très difficiles à établir et il va falloir démontrer que Galtier a écarté ou sanctionné des joueurs du club avec pour motif leur religion ou leur couleur de peau. L’enquête devra démontrer les conséquences de la pensée de Christophe Galtier, rapportée dans le courriel de Julien Fournier, sur la gestion du club et son recrutement. L’OGC Nice devra aussi démontrer, si les dirigeants avaient connaissance de ces accusations, les actions du club pour mettre fin à ces faits présumés. Se séparer des deux protagonistes de l’"affaire Galtier" n’est pas une solution aux yeux de la justice.
Dans ce dossier, ce qui est complexe pour les enquêteurs est de démontrer les faits reprochés dans le courriel dévoilé par RMC Sport. Il ne faut pas rester sur "du parole contre parole", il faut tout démontrer par des faits matérialisés. Les témoignages seront importants, mais c'est surtout le contenu des documents saisis et des boîtes mails qui peuvent démontrer les faits présumés. Et même si Didier Digard confie que ce "n’est plus un sujet" dans le vestiaire du Gym, l'enquête va prendre du temps et agiter la fin de saison de l'OGCN. Le contexte est très pesant autour du club à l'approche d'un des rendez-vous importants de l'histoire récente du Gym, avec ce quart de finale retour de Ligue Europa Conférence contre Bâle.
Le PSG, victime collatérale de l’affaire
Au PSG (en haut lieu), on continue d'enquêter pour savoir ce qu'il s'est passé. Christophe Galtier a appelé discrètement quelques contacts à Nice pour savoir si des joueurs allaient parler. Une hypothèse qu'il craindrait. D'anciens joueurs entraînés par Galtier ont été sondés par l'entourage du président Nasser Al-Khelaïfi, soucieux de vérifier les propos rapportés par Julien Fournier dans son fameux mail.
Le club de la capitale continue de faire confiance à la justice qui a ouvert une enquête. Par ailleurs, quand l'affaire a éclaté, certains cadres du vestiaire parisien ont sollicité Galtier pour en savoir plus. Des échanges informels ont eu lieu avec plusieurs joueurs dont Kylian Mbappé. Mais pas de prise de parole devant le groupe. Enfin, selon les sources, un doute subsiste sur l’existence d’un enregistrement de Galtier et de son fils. Devant les médias, le technicien parisien a rappelé qu’il était "satisfait de l’ouverture d’une enquête".