Bordeaux: "Il est arrivé à l'entraînement en pleurs", Guion raconte la détresse de l’Ukrainien Ignatenko

Le milieu ukrainien de Bordeaux Danylo Ignatenko, recruté lors du dernier mercato hivernal, n'a pu cacher ses larmes jeudi à l'entraînement quelques heures après le déclenchement de la guerre et l’invasion de son pays par la Russie de Vladimir Poutine. Né à Zaporijia dans le sud-est de l'Ukraine et dans une région proche de la frontière russe. Le milieu de 24 ans a joué à Marioupol et est actuellement prêté à Bordeaux par le club du Chaktior Donetsk. Une ville située en plein cœur du territoire en guerre depuis 2014 avec les séparatistes russes. A deux jours du match de la 26e journée de Ligue 1 contre Clermont, son entraîneur David Guion a confirmé que le milieu était particulièrement meurtri.
"Hier (jeudi) Dany est arrivé à l'entraînement en pleurs, a confié le technicien bordelais lors de son passage en conférence de presse ce vendredi. On a discuté avec lui, il est très affecté, il a sa famille sur place qui devait le rejoindre (à Bordeaux) le 1er mars. Malheureusement, ils ne pourront pas venir, vous vous doutez bien pourquoi."
>> Guerre en Ukraine: les dernières infos en direct
"Le club et la famille des Girondins sont là pour le protéger"
Arrivé courant février à la tête de l’équipe bordelaise, l’ancien entraîneur de Reims a tenu à montrer l’unité des Girondins dans cette épreuve. Même s’il vient tout juste de débarquer en Ligue 1 et que sa famille n’est pas avec lui, Danylo Ignatenko n’est pas abandonné.
"Je lui ai dit évidemment que j'étais là personnellement pour le soutenir, le club, la famille des Girondins sont là pour le protéger, a encore estimé le technicien. J'ai demandé à tous mes joueurs hier d'avoir beaucoup d'écoute, de proximité, de bienveillance et d'empathie avec Dany."
Invité à s'exprimer à son tour, son capitaine Josuha Guilavogui, qui a connu "en tant que personne originaire africaine plus ou moins des coups d'État, des guérillas", a indiqué que "lorsque vous avez un coéquipier qui arrive le matin, qui est vide et collé à son téléphone et qui ne sait pas après l'entraînement s'il va recevoir des messages ou pas, c'est quelque chose que nous n'avons jamais vécu dans le vestiaire. Voir la détresse d'un coéquipier, c'est vraiment très dur".
S'il s'est entraîné normalement vendredi matin au Haillan, sa participation au match de Clermont dimanche lors de la 26e journée de Ligue 1 n'a pour l'heure pas été décidée par le staff girondin.
"Très sincèrement, c'est au jour le jour", a finalement déclaré David Guion, "je veux voir dans quel état psychologique il est ce matin (vendredi). C'est très difficile de se mettre à sa place, vous vous doutez bien. C'est difficile de répondre, je vais rediscuter avec lui.