FFF: "Le costard n'est pas trop large pour moi", assure Rousselot

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Jacques Rousselot, pourquoi cette candidature ?
Il y a deux ans, Noël Le Graët m’avait proposé d’être candidat à sa succession. Ce n’était pas forcément un objectif. Puis l’idée a fait son chemin. En septembre, j’ai annoncé à Noël Le Graët que j’étais candidat à sa succession. Il a accepté. C’est qu’il devait estimer que j’avais les épaules assez larges pour prendre en main les destinées de la Fédération. C’était acté comme ça début septembre. Et fin octobre, il a changé d’avis, sans me prévenir. J’ai trouvé ça un peu difficile à digérer. J’avais replié le dossier. Un certain nombre d’amis de Ligue 1 et de Ligue 2 sont venus me chercher pour conduire une liste. J’ai décidé de partir à la bagarre, très tranquillement, très gentiment. Je veux essayer d’assurer à la Fédération un autre mode de fonctionnement. Un autre style de management, plus ouvert, plus à l’écoute, plus rassembleur. La fédération n’appartient à personne. Elle appartient aux deux millions de licenciés.
Je n’ai pas besoin de flatter mon ego. Je donne de mon temps. Ça me coûte cher une campagne. Si j’y vais, c’est parce que je crois au foot. Je pense être un serviteur du foot, très modestement. Je n’ai pas besoin de reconnaissance particulière. On essaiera de faire en sorte que la FFF vive autrement et soit à l’écoute de la Ligue de football amateur (LFA) en lui redonnant une certaine autonomie, qu’elle soit force de proposition. Et redonner une grande indépendance à la Ligue professionnelle de football (LFP).
Pourquoi être resté au côté de Noël Le Graët pendant son mandat ?
Je suis loyal. J’ai dit ce que j’avais à dire. Je n’ai pas été écouté. J’ai repris ma liberté. J’entends faire passer mes idées. Dans les ligues, il faut évaluer les besoins, en fonction de la géographie, du nombre de licenciés…
Quel est votre sentiment vis-à-vis de l’attelage entre Noël Le Graët et Jean-Michel Aulas, qui prendrait en main la DTN en cas de victoire ?
Même si j’admire Jean-Michel Aulas dans ce qu’il a fait, on sait qu’il a toujours défendu les intérêts de son club. Je me pose la question de savoir pourquoi d’un seul coup, au bout de 30 ans, il s’intéresse à la FFF et au monde amateur. Quand on pense qu’il va s’occuper de la DTN, peut-être qu’il aura un œil avisé, mais je ne vois pas les choses de cette façon. Je ne suis pas dans sa tête. Vous l’imaginez assis à côté d’Eric Borghini, en charge de l’arbitrage ? C’est surprenant. J’ai une méthode qui sera différente de celle du président sortant.
Comment fait-on pour gagner une élection face à un candidat sortant qui présente un bon bilan ?
Le bilan est ce qu’il est. Si on est bon chef d’entreprise, que l’on sait gérer une entreprise, et qu’on a les qualités pour la gérer, il n’y a pas de raison pour qu’elle se dégrade. On ne peut pas confisquer en permanence le pouvoir comme ça. Demain, si je suis élu, je prévoirai deux mandats maximum. Ce qui permettra aux acteurs du football de pouvoir changer l’individu. On ne peut pas s’approprier la FFF. Il a une possibilité de changer. Pourquoi ne pas faire confiance à des gens qui ont autant de qualités ? Je n’ai rien à envier à Noël Le Graët, Jean-Michel Aulas. J’ai créé une cinquantaine de sociétés. J’ai dirigé 2 000 personnes, ça fait huit ans que je suis dans le monde fédéral. Je dirige un club depuis 30 ans (l’AS Nancy Lorraine). Le costard n’est pas trop large pour moi.
Comment avez-vous réagi au soutien apporté par Didier Deschamps à Noël Le Graët ?
Je suis respectueux de l’avis de chacun. C’est normal qu’il y ait une complicité entre le président et le sélectionneur. Je ne lui ai pas parlé. Je suis respectueux des règles. Si demain, je viens à être aux manettes, je verrai Didier Deschamps, on se parlera. Je suis persuadé qu’on arrivera à s’entendre.
Quelle sera votre position sur le cas Benzema ?
Je ne m’immiscerai jamais dans la sélection et je ne porterai jamais de jugement. S’il est considéré par Didier Deschamps comme un joueur qui peut apporter au groupe, pourquoi pas ? Je ne fais aucune ségrégation. Karim Benzema a apporté à l’équipe de France, il pourra très bien encore apporter demain. Le président est là pour diriger. Il y a un sélectionneur qui est payé pour mettre en place une équipe.
Cette campagne ne vous éloigne-t-elle pas de Nancy ?
C’est vrai que ça me prend beaucoup d’énergie. C’est un vrai déchirement. Gouverner, c’est prévoir. J’ai des gens de qualité autour de moi. Ces garçons s’occupent au quotidien du club. Je suis le lien entre eux. Il ne faut surtout pas se sentir indispensable. Si je suis élu, j’irai voir les supporters. Dans un club, il faut aussi qu’à un moment, le dirigeant passe la main. Comme à la fédé. On ne détient pas la vérité.
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