Ligue 1: l'idée radicale d'un haut gradé de la police sur les interdictions de déplacement

"Ras-le-bol de mobiliser des forces de police pour ça". Emmanuel Desjars, commissaire général de police à Lens, prend la parole dans La Voix du Nord pour soumettre une idée aussi radicale que controversée: interdire tous les déplacements de supporters de football en France. "À un moment, il faut se demander s'il ne faut pas interdire les déplacements tout court", suggère-t-il dans cet entretien paru samedi, jour de match de Ligue 1 entre le RC Lens et le FC Nantes à Bollaert.
Emmanuel Desjars estime cette solution nécessaire compte tenu des nombreux incidents constatés dernièrement dans les stades français, mais aussi en-dehors: "On a essayé de les séparer (les supporters, ndlr) en tribunes, ça ne marche pas. Il y a une poignée qui prive tout le monde d'un beau spectacle. Et certains ne vont plus au stade à cause d'eux".
Le haut fonctionnaire admet toutefois qu'une telle mesure ne serait aujourd'hui pas viable sur le plan juridique: "Certes, certains arguments judiciaires ne tiennent pas la route". Il cherche néanmoins à alerter sur la mission de ses hommes durant les jours de match. "Pendant que le policier s'occupe des supporters, il ne fait pas autre chose", déplore Emmanuel Desjars.
Serrage de vis cette saison
La saison 2021-2022 de Ligue 1 a été émaillée de nombreux débordements relatifs aux supporters. Après les incidents de l'automne, l'agitation est de retour en ce printemps, comme cela a pu être constaté à Nancy, à Saint-Ouen (Red Star) et à Saint-Étienne. Un serrage de vis ministériel a été effectué en décembre, avec une clarification du processus décisionnel d'interruption de matchs notamment, et un rappel adressé aux préfets et procureurs sur les outils répressifs disponibles.
Au moins 116 arrêtés ministériels ou préfectoraux d'interdictions de déplacement ont été recensés par l'Association nationale des supporters tous championnats confondus cette saison. Quant aux interdictions de stade individuelles, qui avaient, pour beaucoup, expiré pendant la crise sanitaire, elles ont repris, mais "cela prend du temps", précise une source proche du dossier citée par l'AFP.
Des évolutions réglementaires sont prévues ou sont déjà en oeuvre. L'obligation prochaine pour les clubs de mettre en place des dispositifs anti-intrusion et anti-projection (filets de protection), activables selon le niveau de risque du match, doit entrer en vigueur, comme l'interdiction effective des bouteilles en plastique, mesure phare adoptée en décembre. L'amende forfaitaire pour détention ou usage de fusées ou artifices, votée en février dans la loi sport, est d'ores et déjà en marche.