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OL: cohérence de jeu, manque de tempérament, mercato décevant... les raisons d'une crise qui s'accentue

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Bousculé dans le jeu par Lens (0-1), l'OL vient d'enchaîner quatre défaites consécutives contre des rivaux pour une place sur le podium.

Peter Bosz, un crédit bien entamé

C’était il y a un peu moins de trois semaines. L’OL était déjà engagé sur une pente dangereuse, et Vincent Ponsot, le directeur du football, montait au créneau dans la presse quotidienne régionale, réclamant des résultats "de manière plus rapide". La pression commençait à s’accroître sur Peter Bosz, qui se savait attendu au tournant, et elle s’est intensifiée depuis, le technicien néerlandais n’étant pas parvenu à inverser la courbe des résultats. "On n'attendra pas février ou mars", prévenait Vincent Ponsot en septembre. Au lendemain d’une quatrième défaite d’affilée en Ligue 1, face à Lens (0-1), il n’est même pas dit que Peter Bosz soit encore sur le banc de l’OL lorsque la Coupe du monde débutera le mois prochain (20 novembre-18 décembre). Relégué à huit points de Lens, 4e, l’OL est loin des objectifs fixés par la direction, à savoir accrocher le podium en fin de saison.

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Plus inquiétant encore que les piètres résultats obtenus, l’incapacité des Lyonnais à faire la différence collectivement interpelle. Les statistiques offensives de leur dernier match sont implacables. Lyon a réalisé la pire performance offensive de la saison en Ligue 1, en terme d’occasions créées. Surclassé dans le jeu, l’OL a livré une performance insipide sur le plan offensif. Que ce soit sur attaque placée ou en contre-attaque, la formation de Peter Bosz s’est montrée inoffensive, alors que le technicien néerlandais savait parfaitement ce qui les attendait à Bollaert. "Lens a un style de jeu très clair", soulignait justement l’ancien entraîneur de l’Ajax. Et le club artésien ne l'a pas démenti en jouant avec ses valeurs hier soir. Tout le contraire de l’OL dont on peine à voir où il veut aller dans le jeu. Combien de temps encore, Peter Bosz, qui peine à imprimer un style de manière durable à cette équipe, pourra-t-il tenir ?

Un problème d’attitude

Chaque semaine, on nous joue le même refrain. Les joueurs répètent qu’il faut se bouger, mais les mois passent, et rien ne change. En l’absence de nombreux cadres, les jeunes pousses lyonnaises, à l’image de Rayan Cherki, se voyaient offrir l’occasion de redorer le blason lyonnais, de montrer enfin du caractère et du tempérament sur un terrain hostile où bien des équipes se feront bouger cette saison, mais ils n’en ont rien fait. "C’est inadmissible, s’est emporté Maxence Caqueret, à chaud, au micro de Prime Vidéo. Encore une fois, on ne fait pas un bon match. On doit faire beaucoup mieux quand on est l’OL. On ne montre pas nos valeurs. Lens a montré plus d’envie, plus d’engagement (…) c’est à nous de faire beaucoup mieux."

Le gardien de but Anthony Lopes, l’un des rares à se montrer à son niveau, en retardant comme il a pu ce qui semblait inéluctable en seconde période, ne s’est pas retranché derrière l’excuse du penalty. Il était au moins aussi sévère que son coéquipier à l’heure de faire les comptes: “On aspire à jouer la C1 mais on en est très, très loin, le fossé se creuse, a-t-il insisté. Il faut savoir se mettre le cul par terre à chaque match et encore une fois on ne l'a pas fait. On n'a rien montré, on ne mérite rien. Quatre défaites de suite, ça fait beaucoup, beaucoup. Il va falloir trouver les solutions en interne, entre nous."

Lyon s’est pour l’instant contenté de battre des équipes de rang inférieur, sans que le contenu soit toujours rassurant, mais dès que la pente s’est élevée, l’équipe de Peter Bosz a perdu quatre fois de suite. Et le calendrier à venir ne va pas lui donner l’occasion de respirer. Deux déplacements à Rennes et sur la pelouse de Marseille, la réception de Lille, que des concurrents directs pour les places européennes, permettront de savoir si l’OL, comme on le pensait en début de saison, peut viser plus haut.

Un mercato raté ?

"Il y a peut-être des coachs dans d’autres clubs de Ligue 1 qui sont peut-être en train de partir parce qu’ils sont jaloux du recrutement qu’on est en train de faire", osait Bruno Cheyrou cet été, fier d’avoir enregistré les arrivées d’Alexandre Lacazette et Corentin Tolisso, après s’être assuré de conserver le Brésilien Tetê. Le responsable du recrutement de l’OL se fait beaucoup plus discret ces temps-ci. Mais les internautes s’en sont donné à cœur joie, fustigeant l’arrogance de l’ancien joueur. Le bon début de saison aurait pu lui donner raison, mais l’effondrement des résultats de l’équipe ces dernières semaines témoigne aussi d’un manque de cohérence dans la construction de l’effectif mis à la disposition de l’entraîneur. Peter Bosz semblait pourtant s’en satisfaire au sortir du mercato.

Dans les faits, à quelques rares exceptions (Lepenant, Tagliafico...), trop de joueurs dans l'effectif ne donnent pas satisfaction, de Karl Toko-Ekambi à Thiago Mendes, encore fautif hier soir. Idem pour les recrues. Les promesses semées par Tetê lors de son arrivée en fin de saison dernière ont déjà vécu. Incapable de dribbler et de faire des différences balle au pied, le Brésilien a une nouvelle fois été inoffensif hier soir, à l’image de son équipe. Romain Faivre, qui a fait des pieds et des mains pour rejoindre l’AC Milan, pensait se servir de l’OL comme d’un marchepied vers son objectif ultime. Las, il tarde à éclore au très haut niveau.

L’effervescence déclenchée par son retour à Lyon signait le retour des ambitions, pensait-on. Mais le début de saison d’Alexandre Lacazette est loin d’être fracassant. Et si l'ancien Gunner demeure une valeur sûre, à l’instar de son coéquipier Corentin Tolisso, toutefois trop souvent absent, son influence va parfois en déclinant quand il connaît des moments de solitude devant. Il n'est pas seul comptable des errements de cette équipe, tant s'en faut, mais l'OL aura besoin du meilleur visage de son capitaine pour le guider dans les semaines décisives qui s'annoncent.

QM