OM: comment Diarra est devenu le patron

Le talent ne s’oublie pas. Si ses 15 mois d’inactivité après un conflit avec son précédent club, le Lokomotiv Moscou, ont pu laisser quelque peu dubitatif à son arrivée sur la Canebière, Lassana Diarra a fait taire les réticents en faisant parler sa science du football au milieu de terrain. Au point d’être déjà considéré comme le leader de l’OM de Michel, qui défiera les stars du PSG ce dimanche soir au Parc des Princes (21h), pour le compte de la 9e journée de Ligue 1.
Un come-back fulgurant, récompensé par un retour en équipe de France, cinq ans après sa dernière sélection et malgré l’annonce de sa retraite internationale en 2013. Après des passages à Arsenal, Chelsea ou encore le Real Madrid, Lassana Diarra semble définitivement avoir relancé sa carrière, après ses expériences en Russie qui ont tourné au fiasco. Eclairage sur cet étincelant retour vers la lumière du nouveau « chouchou » du Vélodrome.
Une qualité de jeu intacte
Si l’OM est plongé dans la crise, avec une triste 15e place en L1 et une série en cours de quatre matches consécutifs sans victoire, Lassana Diarra surnage totalement et évite le feu des critiques. Omniprésent au milieu de terrain et toujours aussi infatigable, « Lass » n’a pas manqué son retour sur les pelouses de Ligue 1, après plus d’un an sans jouer ! Avec 95% de passes réussies (235 passes), l’international français (28 sélections) est tout simplement le meilleur milieu du championnat dans ce domaine, devançant même les Parisiens Thiago Motta (93%), Marco Verratti (92,5%) et Blaise Matuidi (92%). Un rendement impressionnant, qui force forcément le respect de ses coéquipiers.
« Je n’ai pas été surpris parce qu’il a un super vécu et on ne peut pas perdre toutes ses capacités du jour au lendemain, admet Nicolas Nkoulou. Maintenant, c’est assez remarquable qu’il soit revenu très tôt. On est content de l’avoir parmi nous. » Avant de discuter avec Lassana Diarra et l’attirer dans ses rangs en juillet dernier, l'OM avait toutefois fait un gros travail de préparation pour connaitre l'état physique du joueur. Le président Vincent Labrune et ses associés ont notamment sondé l'Inter Milan et West Ham, deux clubs avec lesquels l’ancien Havrais s'était entretenu physiquement. Les dirigeants olympiens ont donc été très rapidement rassurés sur l’état de forme de Diarra, qui était juste victime d’un contentieux juridique avec le Lokomotiv Moscou.
Durant les cinq semaines de négociation avec l’OM, Lassana Diarra résidait aux Etats-Unis, où il travaillait avec son propre préparateur physique. Dès les premiers contacts avec Vincent Labrune, Diarra a d’ailleurs expliqué qu'il allait juste lui falloir un ou deux mois de travail pour pouvoir jouer. Une belle preuve de lucidité. « Oui, j'ai rarement vu un joueur aussi lucide, posé, brillant, confirme Vincent Labrune lui-même. Plus tu parles avec lui, plus tu comprends à quel point ce joueur va devenir un pilier central du projet que l'on met en place à l'OM, avec beaucoup de jeunes qui voient en Lass et en Diaby des référents. »
Un leader de vestiaire
« Je ne répéterai jamais assez l’importance que Lass a dans le groupe, au niveau humain et sportif. J’espère qu’il en sera ainsi toute la saison. » Michel n’a sans doute pas mis longtemps à trouver son relais dans le vestiaire. A 30 ans, le Parisien de naissance respire évidemment le football à haut niveau. Avec des passages dans des clubs huppés comme Chelsea (2005-2007), Arsenal (2007-2008) ou encore le Real Madrid (2009-2012), le champion d’Espagne 2012 apporte logiquement toute son expérience au vestiaire olympien, épaulant l’incontesté capitaine Steve Mandanda.
« On parle quand même d'un joueur qui a connu les maillots d'Arsenal, de Chelsea et du Real Madrid, où il a joué 117 matchs. Ça vous situe le niveau d'excellence du joueur, son intelligence et son degré de professionnalisme ! », s'enthousiasme Vincent Labrune, qui s'avoue sans problème « fan de Lassana Diarra depuis qu'il a 21 ans et qu'il est en équipe de France. »
Aujourd’hui, après seulement six matches de Ligue 1 joués, Lassana Diarra est devenu un véritable leader au sein du club marseillais et ... un relais privilégié pour le président de l’OM « dès qu’il a mis les pieds à la Commanderie. » Patron, « Lass » l’est surtout dans le vestiaire. Beaucoup de témoins racontent que le jour de l'annonce de la démission de Marcelo Bielsa, alors que le groupe olympien était sous le choc, quelques mots de Lass Diarra ainsi que son regard ont suffi pour apaiser le sentiment de panique... et rassurer beaucoup de joueurs.
Un exemple à suivre
En pleine force de l'âge, Lassana Diarra profite de son vécu et son expérience pour tirer vers le haut les jeunes pousses olympiennes. « J’essaye d’apporter ce que je peux aux plus jeunes, témoigne l’intéressé. Aujourd’hui, je fais partie des plus âgés, c’est donc normal d’avoir une responsabilité auprès des jeunes. Ce sont des choses qui se font naturellement. » Et Abdelaziz Barrada n’est pas là pour le contredire. « Il nous fait énormément de bien, confirme le milieu de terrain marocain. C’est un leader, c’est un patron. Quand on voit tous les clubs dans lesquels il a évolué, on n’est pas surpris. »
Irréprochable sur le terrain, homme à tout faire, Lassana Diarra s’appuie sur son retour en grâce pour tirer vers le haut ses coéquipiers. Nul doute que son missile des 20 mètres face à Troyes (6-0), lors de 3e journée de Ligue 1, a inspiré beaucoup de ses coéquipiers. « Moi, je raisonne en termes de performance. On vous respecte grâce à vos performances, ajoute le Marseillais. Il y a plein de jeunes qui ont énormément de qualités et j’espère sincèrement que quand la mayonnaise va bien prendre, on va pouvoir montrer en France qu’on est une équipe compétitive. »
Objectif Euro 2016
A 30 ans et après un excellent début de saison à l’OM, Lassana Diarra a vite compris qu’il avait une occasion en or à saisir pour relancer sa carrière internationale, qui est d’ailleurs très loin d’être en adéquation avec son immense talent. Malgré l’annonce de sa retraite internationale en 2013, le milieu de terrain marseillais a bien été rappelé par Didier Deschamps pour les rencontres face à l’Arménie et le Danemark (8 et 11 octobre). A moins d’un an de l’Euro 2016 en France, « Lass » sait évidemment qu’il a une grosse carte à jouer pour « redevenir » l’un des tauliers de ce beau milieu de terrain des Bleus, déjà composé des intouchables Paul Pogba et Blaise Matuidi.
Pour le convaincre de revenir dans le championnat hexagonal et de signer à l’OM, Vincent Labrune a d’ailleurs profité de la tentation d’un éventuel retour en équipe de France. « C'est simple, raconte le président de l'OM. Au mois de juin, j'ai passé mes nuits au téléphone avec Lassana Diarra, à cause du décalage horaire ! Le jour, je m'occupais de l'OM, de Bielsa et des transferts, et la nuit je m'occupais de Lass ! » Si l’ancien Gunner semblait au départ réticent à l'idée de jouer en Ligue 1, Vincent Labrune a su trouver les bons arguments pour l’attirer dans ses filets.
« Tu dois boucler la boucle Lass, lui dit un jour le président olympien. Tu vas te refaire connaitre auprès du public français, tu vas joueur l'Euro, et peut-être qu’on gagnera l'Euro avec toi ! » L'argument de l’Euro 2016 pèsera de tout son poids et « Lass » sera même le premier à évoquer la perspective d'un contrat... de quatre ans, alors que les discussions préalables portaient sur un engagement de deux ans.
« Si on l’a fait signer quatre ans, c'est justement car on n’avait aucun doute sur son niveau, explique Labrune. On n'est donc pas surpris de ses performances actuelles, même s'il a retrouvé ses capacités plus vite qu'on ne l'espérait, ça c'est vrai ! Mais Lass est un grand pro, qui connait parfaitement son corps. » Contrastant avec la triste déprime que traverse l’OM, Lassana Diarra est déjà entré dans le cœur de tous les Marseillais, forçant le respect d’une grande partie des fans de Ligue 1. Brillant face à des équipes de « moindre calibre », Lassana Diarra passera toutefois, ce dimanche soir sur la pelouse du PSG, son premier gros test avec l’OM.