"Pathétique", "lunaire", "insultant"... Les coulisses de l'énorme fuite de la réunion des présidents de Ligue 1 sur les droits TV

Dès mercredi soir, de nombreux patrons de clubs se sont appelés pour tenter de trouver la source de la fuite de la réunion du collège de Ligue 1 entre les présidents de clubs. Le Carré du Parc des Princes, où se trouvaient Nasser Al-Khelaïfi et Vincent Labrune pour assister au barrage retour de Ligue des champions entre le PSG et Brest, était d’ailleurs parcouru d’une effervescence toute particulière… "C’est hallucinant! Je ne pensais pas faire le 20 Heures un jour", sourit malgré tout un participant à cette fameuse réunion de juillet dernier.
L’idée de lancer une action judiciaire pour défaut de confidentialité a traversé l’esprit de plusieurs présidents, alors que tous les participants ont signé une clause censée la garantir. "On n’a pas tous la même définition de la confidentialité", appuie un président. "Encore faudrait-il qu’on soit certain de qui ça vient, même si on a de forts soupçons… mais faut le prouver", ajoute un autre président.
"Au moins, maintenant on n’a plus rien à cacher, tout le monde sait tout", approuve un participant. Sur le fond des échanges, Benjamin Morel, DG de LFP Médias, parle d’une incompatibilité entre les offres de DAZN et BeIN Sports, dont l’offre est arrivée au tout dernier moment dans la nuit, quelques heures avant ce fameux collège de Ligue 1. Les deux diffuseurs souhaitaient en effet la même chose, en termes de cases horaires, de choix de matchs. D’où la sortie de Joseph Oughourlian sur la volonté de privilégier DAZN sur l’ensemble des matchs, quitte à toucher un peu moins d’argent. Une phrase qui a provoqué la colère de Nasser Al-Khelaïfi.
La LFP voulait lancer un appel d'offres pour le 9e match de chaque journée
Selon nos informations, la stratégie de LFP Médias était de lancer un mini appel d’offres pour le 9e match que DAZN ne souhaitait pas. Un appel d'offres qui aurait été organisé dès le lendemain de la réunion, le lundi et mardi. Cela aurait permis de créer une petite concurrence entre quelques acteurs, dont peut-être DAZN, pour récupérer ce dernier match. Dans ce cadre-là, Amazon avait exprimé une marque d’intérêt pour ce 9e match, sans aller jusqu’à faire une offre concrète. Toujours selon nos informations, la plateforme américaine était initialement prête à offrir 50 millions pour ce match puis était d’accord pour monter à 63 millions. Ce qui aurait été de toute façon en dessous de l’offre de BeIN Sports (100 millions) qui a finalement été privilégiée, à la suite du coup de gueule de Nasser Al-Khelaïfi, sans que ce mini appel d’offres ne soit finalement organisé. Au sein de la Ligue, on déplore d’ailleurs qu’Amazon n’ait pas été plus clair sur ses intentions avant que BeIN ne se manifeste en toute fin de processus d’attribution des droits.
Le sujet diffusé mercredi soir par France 2 est en fait un extrait d’un numéro de Complément d’Enquête sur Nasser Al-Khelaifi prévu prochainement. Le président du PSG a accepté d’ouvrir ses portes aux journalistes en leur accordant notamment 20 min d’interview à Doha le 5 janvier, le matin du Trophée de Champions. Une ouverture au média qui a étonné certains présidents, craignant que cette enquête puisse se retourner contre le Qatari qui est décidément au cœur de l’actualité. La semaine dernière, il a en effet été mis en examen pour complicité d'abus de pouvoir dans l'affaire Lagardère. "Avec toutes ces fuites, il est clair que l’on cherche à nuire à Nasser et aux dirigeants de la Ligue", estime une source proche du dossier. Parmi ceux qui soutiennent le président du PSG, on déplore l’idée soutenue notamment par John Textor de lancer une chaîne (interne à la Ligue) en deux mois. "L’idée la plus absurde de l’histoire du football à la télévision." Sur le contexte de cette réunion devenue publique cette source ajoute: "Si quelqu’un pense que les réunions de la Premier League sur les contrats sponsoring de Manchester City ou les réunions de la Liga avec Tebas/Laporta/Perez sont différentes de la LFP, il ne connaît pas le football."
Contacté, Philippe Diallo, président de la FFF, n’a pu être joint.