Saint-Etienne: les supporters des Verts entre espoir, colère et inquiétude

"Honte à nous!": les mots forts de Denis Bouanga à l'issue de la déroute lorientaise sont partagés aux abords du stade Geoffroy-Guichard. "Les attitudes ont choqué, assure Thierry, billets en poche pour la rencontre face à Brest. Au moins qu'ils mouillent le maillot. On sait qu'ils ne joueront pas les premières places, mais il faut qu'ils montrent qu'ils en veulent".
Corentin, lui, a vu "un effondrement de l'équipe". "Comme si les joueurs avaient un peu lâché psychologiquement" à Lorient, selon cet habitué du Chaudron. "Ils ne sont peut-être pas assez forts mentalement", enchérit Jean-François, lui aussi présent ce samedi face au Stade Brestois. "Il faut un recadrage à tous les niveaux", assure, de son côté, Andrés.
Avec deux défaites face à Marseille (2-4) et à Lorient (2-6), l'ASSE vient d'encaisser 10 buts en 180 minutes. Surtout, les Stéphanois, 18es et barragistes, ont vu Bordeaux revenir à une longueur dans la course au maintien, avant une semaine charnière. Après la réception de Brest, les Verts enchaîneront justement par un déplacement mercredi en Gironde puis la réception de Monaco samedi.
La vente du club cristallise les tensions
"Je pense qu'ils s'en sortiront, difficilement mais ils s'en sortiront", assure Jean-François. Optimisme partagé par Julien: "On savait que ça allait être dur, ça ne pouvait pas être une promenade de santé avec un tel retard. Mais ça va le faire. Je pense qu'ils ont assez de caractère pour se maintenir."
Thierry, lui, est plus inquiet. "La saison prochaine, il y a quatre descentes. De nombreux joueurs sont aussi en fin de contrat, avec une équipe à reconstruire, rappelle-t-il. Et on ne sait pas trop ce qui va se passer au niveau de la présidence, les moyens qui vont être mis sur la table."
Un sujet qui cristallise aussi les tensions à Saint-Étienne. Si l'opération maintien reste l'urgence à régler, le dossier de la vente du club agace. Un dossier, pour l'instant, abandonné, selon les informations de RMC Sport. En coulisses, la volonté de céder sa place n'est plus partagée par les deux co-présidents. Si Roland Romeyer, président du directoire, reste pressé de vendre ses parts, ce n'est plus forcément le cas du côté de Bernard Caïazzo. "Donne tes billes et puis va-t'en !", avait même récemment lancé Jean-Michel Larqué à l'encontre du président du conseil de surveillance, dans "Rothen s'enflamme". "On n’en peut plus", affirmait le membre de la Dream Team RMC Sport, ancien de la maison verte.
"J'aimerais qu'ils vendent le club à la fin de saison, après qu'on soit maintenus. Mais je pense qu'ils vont rester, la soupe est bonne, s'inquiète Corentin, le supporter. Surtout qu'il y a eu un accord avec la LFP, un club comme l'ASSE va toucher 33 millions d'euros. Ils voient ça comme du pain béni, en se disant qu'on va pouvoir recruter et investir..." "Je comprends qu'on ne puisse pas vendre à n'importe qui. Mais il faut qu'ils passent la main. Aussi bien l'un que l'autre", assure Thierry. Une demande répétée depuis de longs mois par les différents groupes ultras.
L'appel des groupes de supporters
Mais si le divorce est consommé avec cette direction bicéphale, certains appellent à l'union sacrée autour du groupe pour sauver, dans un premier temps, ce monument du football français. C'est le cas, notamment, de Jérémy Clément. L'ancien milieu de terrain de l'ASSE (2011-2017) déplore une situation "triste, forcément dangereuse". "C'est une période compliquée, pas facile à vivre, comme je l'ai vécu au PSG quand tu joues le maintien. Il y a de la pression", témoigne-t-il.
"Les supporters sont inquiets, je le comprends, poursuit-il. Mais le groupe a besoin d'encouragements. Même si c'est compliqué, avec la peur de descendre, la sensation peut-être que les joueurs ne donnent pas tout, il faut faire bloc. Toutes les personnes qui sont au club ont besoin des supporters dans cette période compliquée".
Un message qu'a tenté de faire passer Pascal Dupraz en conférence de presse. "Je comprends leur colère, a glissé le coach. Les supporters sont blessés. Nous le sommes aussi, je ne crois pas que nous ayons fait exprès de perdre. Les supporters sont derrière nous, j'espère qu'ils le seront face à Brest. Ils doivent être nos alliés".
Mais en attendant de connaître l'accueil du Chaudron, plusieurs groupes (Green Angels, Magic Fans, Indépendantistes, USS) ont appelé le public de Geoffroy-Guichard à venir avec un maillot du club sur les épaules. "Montrons-leur que les seuls dignes de porter ces couleurs, c'est nous !" Le message est lancé, le compte à rebours pour le maintien également.