Saint-Étienne: Perrin, de nouveau capitaine des Verts

Loïc Perrin n’est plus un joueur de l’ASSE depuis l’été 2020. Il a raccroché ses crampons et ce maillot vert qu’il portait depuis 17 ans en professionnel, même 23 ans au total, et il a aussi rendu à l’intendant du club son brassard de capitaine. Une page s’est alors tournée pour l’homme mais aussi pour le club.
Les dirigeants de l’ASSE, à qui Perrin a offert sa carrière (ce qu'il a bien rendu), ont alors décidé de ne pas se quitter comme ça. Il a été convenu cet été-là que Perrin resterait chez lui au Centre Sportif Robert-Herbin: le temps devait lui être laissé de faire le tour des différents services administratifs du club pour en comprendre les rouages et élargir sa vision de joueur pro aux autres domaines qui font la vie d’un club.
Le vert dans le cœur
C’est un poncif mais "dans le football, tout va très vite" et quand un club est dans une situation d’urgence comme l’est l’ASSE, les choses s’accélèrent un peu plus. Après le départ de Claude Puel, Saint-Etienne s’est restructuré autour de Jean-François Soucasse, son directeur exécutif, avec un défi: une bonne gestion administrative et financière du club avec l’appui des directeurs de services.
Pour y arriver, le Toulousain s’est appuyé sur deux produits stéphanois. Deux personnes qui connaissent le club par cœur. Samuel Rustem, ancien directeur de la sécurité et Stadium Manager, au club depuis plus de 10 ans, et Loïc Perrin, propulsé coordinateur sportif. Une mission délicate et incertaine mais que les deux hommes ont acceptée sans hésitation. Une évidence même pour Perrin, pour sauver un club - son club - en péril.
Sa mission: faciliter les relations entre le bâtiment des pros et le reste du club, définir les contours sportifs de l’équipe première, superviser aussi le recrutement et participer aux réflexions et aux décisions sur le centre de formation.
Sans rogner sur les prérogatives quotidiennes de Pascal Dupraz, il constitue un facilitateur. Dupraz abonde: "Depuis le 15 décembre, je le dis et je le répète, Loïc m’apporte toute son expertise, sa pertinence, il est extrêmement pondéré. En fait c’est exceptionnel de vivre des périodes délicates entouré de personnes comme Jean-François Soucasse, Samuel Rumstem et Loïc Perrin, parce que pas une seule fois je n’ai senti la défiance."
Un leader pour les anciens et les plus jeunes
Mais Loïc Perrin constitue aussi nécessairement une caution pour les supporters. "C’est sûr que le fait qu’un mec comme Perrin soit au board, c’est rassurant, il connaît le club, les supporters et les valeurs de la région", explique Lucas, 26 ans, abonné inquiet pour la fin de la saison. Christophe, 43 ans, renchérit: "C’est un joueur de club, il a été formé, a joué et a été capitaine ici, il est une des meilleures images du club."
Depuis l’arrivée de Dupraz et la prise de fonctions de Perrin, l’ASSE va un peu mieux, même si le maintien reste encore hypothétique. Et pourtant dans ces périodes troublées, un proche du club nous confirme que l’ambiance est à la détermination et qu’elle reste très bonne. Une sensation d’aventure humaine s’est forgée dans l’adversité entre Dupraz, Rustem, Soucasse et Perrin.
Depuis quelques semaines, alors que le club joue sa survie dans l’élite, Loïc Perrin a remis officieusement son brassard, sur sa veste en tweed cette fois. Dans un vestiaire qui le respecte, sa parole porte encore. Il y a les anciens avec qui il a joué (Hamouma, Khazri, Boudebouz), et les jeunes, à qui il a toujours été présenté comme une figure tutélaire lors de leurs années au centre de formation. Son parcours, sa fidélité, et sa carrière irréprochable en ont toujours fait une figure de proue du club et un exemple à suivre mis en avant par les éducateurs du club. Camara, Gourna et autres Nadé ont toujours vu Perrin en pro quand eux, grandissaient sur les plaines de jeu de l’Etrat.
Au plus près du vestiaire
Après la gifle reçue à Lorient (6-2), Jean-François Soucasse a provoqué une réunion dès le lendemain du naufrage. Il a alors mis les joueurs devant leurs responsabilités et a rappelé l’impact que pourrait avoir une descente, sur leur carrière comme sur les emplois au sein du club. Si le président exécutif n’est pas d’un caractère outrancier, le ton fut ferme. Et dans une optique presque "bon flic/mauvais flic", Perrin est lui ensuite venu parler au groupe avec plus de proximité. L'ancien défenseur a discuté, écouté, individuellement et collectivement. Il a essayé de crever les potentiels abcès, il a remobilisé les uns et consolé les autres.
Comme il le faisait quand il était un des cadres-relais des années Christophe Galtier, Perrin a fixé un objectif à ce groupe: "Quatre points sur la réception de Brest et le déplacement à Bordeaux." Objectif atteint par les joueurs dans la difficulté, en revenant par deux fois dans des rencontres où l'équipe était menée. Un caractère insufflé par un homme dont la voix a toujours porté sans qu'il n'ait jamais - ou presque - eu besoin de l’élever. Et les joueurs sont réceptifs à l’aura de Loïc Perrin et Pascal Dupraz. Une anecdote est révélatrice: "Ils l’appellent 'Capi', c’est l’abréviation de capitaine!"
Le renouvellement de cette responsabilité, dictée par la nécessité, n’enlève rien à celle du capitaine sur le terrain, que ce soit Boudebouz ou Khazri. Mais avec un groupe encore jeune, la présence de plusieurs capitaines, sur et en dehors du terrain, n’est pas un luxe pour l’ASSE. Quant à Perrin, il semble destiné à être à tout jamais le capitaine des Verts.