Chaos au stade de France: un avocat de supporters dénonce "l’amateurisme" des autorités après la suppression des vidéos

Ubuesque et assez incroyable. Les révélations de la FFF ce jeudi lors de l’audition devant le Sénat ont mis en lumière un nouveau problème après la finale de la Ligue des champions du 29 mai et les incidents aux abords du Stade de France. Malgré les débordements de supporters, les images de vidéosurveillance du stade ont été supprimées par l’entreprise sans même être réclamées par la justice (elles l'ont été suite à cette audition de la FFF). Une situation étonnante pour Pierre Barthelémy, avocat de plusieurs groupes de supporters.
"On est très surpris car on apprend que la FFF a vu dans le PC sécurité des images d’une extrême violence contre les supporters, a expliqué ce spécialiste des questions autour des supporters lors de son passage sur BFMTV ce vendredi. Et pourtant aucun signalement n’a été fait sur ce fondement. Il y a eu un signalement pour les faux billets tout de suite avec une procédure judiciaire ouverte parce que les faux billets étaient le prétexte, l’argument, l’excuse fallacieuse pour les incidents."
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"On n’est pas à l’abri d’une énième erreur"
Très critiqués depuis la soirée du 29 mai, les pouvoirs publics et les organisateurs ont encore montré une faiblesse avec la suppression des images du Stade de France. Surpris par ce nouveau rebondissement, Pierre Barthelémy le trouve presque logique tant les bourdes se sont accumulées dans cette affaire.
"Apparemment il y a eu des incidents graves avec les supporters et personne à la Préfecture de police ou à la Fédération française n’a pensé à saisir la justice. C’est très, très surprenant, a encore jugé l’avocat sur BFMTV. La Préfecture de police a simplement évoqué une saisie sur l’article 40 sur les faux billets."
Et Pierre Barthelémy d’enchaîner: "Il y a beaucoup d’amateurisme dans cette affaire, on le voit depuis le début. Dans la préparation de la rencontre, dans la communication de crise après la rencontre. Tout est raté dans cette gestion. On n’est pas à l’abri d’une énième erreur."
Des vidéos "problématiques" pour le discours public
Pierre Barthelémy développe ensuite son propos en estimant que derrière l’amateurisme apparent, certains avaient aussi intérêt à ce que les images du stade de France disparaissent.
"Il y a aussi des intérêts évidents, car lorsque l’on ouvre une procédure sur les faux billets, l’élément clé est aussi la vidéo. Parce que la vidéo c’est aussi expliquer comment ont disparu les 40.000 supporters. On a d’ailleurs beaucoup de chiffres contradictoires à ce sujet. On est incapable de nous dire comment elles sont reparties du stade et aucun chiffre sur les retours via les transports en commun. Les vidéos auraient été des éléments clés et promises par Gérald Darmanin lors de son audition, a enfin estimé l’avocat habitué à défendre les supporters en France. La seule vidéo exploitée par le Préfet de police devant le Sénat ce sont les images de TF1 en hélicoptère qui en plus ont montré qu’il n’y avait personne autour du stade sauf les trois files d’attente de gens avec des billets du côté sud du stade. Dans le cadre de la procédure sur les faux billets, ces vidéos détruites auraient plutôt été problématiques ou à charge pour le discours public. En revanche pour la procédure qui aurait dû être engagée pour les graves violences sur les supporters, le plus gros scandale de la soirée, là on n’a aucun signalement. On est vraiment dans un amateurisme complet où l’excuse de communication publique des faux billets a complètement fait oublier les démarches élémentaires pour permettre aux supporters anglais de faire valoir leurs droits."