Ligue des champions: "Délirant!", le chiffre du gouvernement sur les 40.000 supporters sans billet au Stade de France fait bondir

Depuis samedi, les autorités n’en démordent pas: les principaux responsables du chaos à l’entrée du Stade de France sont les supporters de Liverpool ayant débarqué sans billet. La Préfecture de police et la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, ont ainsi estimé "entre 30.000 et 40.000" le nombre de supporters sans billet ayant accentué la pression sur les zones d’accès au stade. Les nombreux témoins des faits avancent une version bien différente à l’instar de Pierre Barthélémy, avocat de plusieurs supporters français qui a observé la gestion des flux, samedi pour le compte de l’association France Supporters Europe (FSE).
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"40.000, et pourquoi pas un million?"
"Cette question des faux billets sent le prétexte très opportuniste puisque le premier argument pour expliquer le report du coup d'envoi du match (de 36 minutes, ndlr), c’est soi-disant l’arrivée en retard des supporters mais plusieurs d’entre eux ont témoigné qu’ils étaient là depuis 17h, confie-t-il sur BFMTV ce lundi. Après, on invoque cette histoire de faux billets mais elle ne tient pas. On avance le chiffre de 40.000, pourquoi pas un million? 40.000 personnes, ce serait la moitié du stade. Cela voudrait dire que vous avez vu un flux contraire de la moitié du stade repartir dans l'autre sens et personne n'a constaté ça sur place."
"Je pense qu'ils incorporent les 40.000 supporters qui étaient dans la fan zone Place de la Nation pour dire qu'il y avait 40.000 supporters sans billets dans Paris, poursuit-il. Mais ces gens-là ne se sont pas pointés au pré-filtrage. Pour avoir patienté à la porte des supporters de Liverpool, on a constaté environ dix interpellations pour faux billets sur des milliers de personnes. Cet argument avec ce chiffre délirant de 30.000 à 40.000 supporters sans billets ne correspond pas à ce que tout le monde a pu constater. Même la RATP pourra confirmer qu'il n'y a pas 40.000 personnes qui ont refoulé dans le RER D pour rentrer sur Paris. Ces chiffres, qui ne sont pas du tout sourcés, sont devenus un prétexte de récupération politique."
Un problème d'orientation et des portes mystérieusement fermées
Pour Pierre Barthélémy, le premier problème est intervenu à la sortie des transports en commun avec une mauvaise gestion des fans. "Tous les supporters de Liverpool sont arrivés par le RER D mais au lieu de les réorienter sur tous les points de pré-filtrage sur la zone sud du stade, on les a laissés s’agglutiner à plus de 20.000 sur trois petites files de pré-filtrage, a-t-il constaté. Ce qui rendait impossible l’écoulement des personnes et pendant deux heures, personne n’a réagi dans l’organisation. Dans le même temps, à la sortie du RER B, vous aviez treize files de pré-filtrage où il n’y avait aucune attente. Il aurait suffi d’avoir une personne à la sortie du RER D, où des personnes au PC sécurité décidant de réorienter les flux vers tous ces mécanismes de pré-filtrage, on n’aurait pas perdu deux heures et on aurait pu filtrer les personnes avec des faux billets."
Il balaie un autre argument des autorités: celui d’une supposée arrivée tardive des fans anglais au stade. "Les supporters de Liverpool sont arrivés entre 17h et 18h30, souligne-t-il. Ils étaient là à l’heure mais on les a mal orientés. Le deuxième problème intervenu, c’est qu’ils ont fermé les portes au titre d’un problème informatique. On ne pouvait plus scanner les billets: quand on se présentait aux tourniquets, ils ne marchaient pas. Ce sont des arguments que la Préfecture de police tait dans sa communication. Quand on arrivait aux portes, les stadiers disaient que le système informatique ne marchait plus, qu’on ne pouvait plus passer. On a vu des gens attendre trois quart d’heure, même les officiels de l’UEFA avec des accréditations qui ne pouvaient plus passer."
Un problème qui n’est pas dû, selon Pierre Barthélémy, aux faux billets. "Non parce que les faux billets selon la préfecture ont posé problème au stade de pré-filtrage, pas des tourniquets", estime-t-il. Ces nombreux points sont abordés ce lundi lors d’une réunion au ministère de Sports avec le ministre de l’Intérieur, le Préfet et les organisateurs de l’évènement.