Eleanor Laws, l’avocate de Benjamin Mendy, actrice principale des prochaines semaines d'audience

Pas un mot, seulement des images. Au soir du deuxième jour d’audience à Chester, Eleanor Laws sort du tribunal avec une petite mallette, l’avocate ne s’attarde pas devant les nombreuses caméras qui attendent la sortie du champion du Monde français. Après plusieurs minutes d’attente dans les couloirs du tribunal, l’avocate précède son client face aux photographes. Tout juste, le caméraman de BFMTV a le temps de réaliser quelques images d’elle au coin du musée militaire qui jouxte la cour de Chester. Ce n’est pas encore son heure, elle patiente avant de prendre la lumière dans ce procès ultra-médiatique. L’avocate sera l’une des actrices principales des prochaines semaines d’audience.
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Une avocate "très technique"
Eleanor Laws, principale avocate plaidante (barrister) de Mendy, s’est fait connaître tout au long de sa carrière pour sa maîtrise de la contre-expertise et gérant notamment des cas de meurtres et d’agressions sexuelles. Sur le site de son cabinet, l’avocate est présentée comme une "cheffe de file" dans le domaine des crimes graves. Eleanor Laws est fréquemment "chargée de conseiller des personnalités publiques bien connues de l'industrie du divertissement, du sport et de la politique dans le cadre de procédures pénales et civiles".
Contrairement à la France, les avocats et les journalistes anglais évitent clairement de donner un avis ou une analyse sur une affaire en cours. Certains journalistes décrivent la représentante de Benjamin Mendy comme une avocate "très technique". "C’est vraiment l’une des avocates les plus réputées en Grande-Bretagne, confie à RMC Sport un avocat anglais qui siège à Londres et qui suit avec attention le procès de Benjamin Mendy. Pour moi, il y a très peu de doute, Benjamin Mendy ne pouvait pas mieux choisir afin d'assurer sa défense pendant ces quinze semaines de procès. Le dossier est difficile à défendre, cela doit encore plus la motiver. En dehors des audiences, elle est très sympathique. En revanche quand vous êtes face à elle dans une salle de procès, elle est dure, froide et ne lâchera jamais l’affaire."
Le "stratège" du clan Mendy
Le système anglais est simple. Dans un premier temps, la justice diffuse un interrogatoire réalisé par la police anglaise avant cette deuxième salve de questions menée par la défense. C’est donc à ce moment précis que l’avocate de Mendy, perruque sur la tête comme le veut la tradition, entre en scène. Elle mène le contre-interrogatoire avec les jeunes femmes qui accusent le joueur de huit viols, une tentative de viol et une agression sexuelle. Un journaliste présent dans la salle d’audience depuis plusieurs jours estime qu’elle peut "impressionner" les victimes lorsqu’elle commence à poser ses questions.
Dans l’entourage du champion du monde français, ils sont nombreux à la qualifier de "stratège". Dans les prochaines semaines, c’est elle qui jouera les premiers rôles devant la Crown Court de Chester. Elle aura une liberté d’apporter des nouveaux éléments au dossier qui pourraient rebattre les cartes de ce procès après plusieurs semaines consacrées à l’accusation. Benjamin Mendy l’a d’ailleurs choisie pour cela. Le joueur de 28 ans n’était pas représenté par Eleanor Laws lors de ses premières comparutions, il a décidé de changer de représentant. "Dans un procès pour viol à l’encontre de plusieurs femmes, ce choix est surtout pour l’image", affirme l’avocat anglais.
Elle va droit au but avec les plaignantes
Lors des contre-interrogatoire, l’avocate de Benjamin Mendy se montre ferme avec les victimes présumées. Toujours à l’offensive, Eleanor Laws peut aussi mitrailler de questions les jeunes femmes comme avec la deuxième plaignante, vendredi dernier. La "barrister" aborde l’ensemble des sujets.
Par exemple, avec la jeune femme qui accuse Benjamin Mendy d’agression sexuelle, Laws a suggéré à la victime présumée que son client lui avait "effleuré la jambe" plutôt que de "toucher son vagin", ce que la plaignante a nié en bloc. L’angle d’attaque est longuement étudié. Elle peut pendant plusieurs heures questionner une plaignante sur un groupe WhatsApp avant de rebondir sur un autre sujet.
Ce groupe sur le service de messagerie instantanée, surnommé "Sunday Schlagggs", où selon l’avocate de la défense, deux plaignantes échangeaient régulièrement. Laws enchaîne les questions pour savoir si la plaignante "n’essaye pas de minimiser" sa relation avec une autre victime présumée. Autre moment fort, lors d’un contre-interrogatoire, avec le témoignage de cette femme âgée de 22 ans qui accuse Mendy de trois viols dans la même soirée. Eleanor Laws est revenue sur le dépôt de plainte de la jeune femme, trois semaines après les faits présumés.
"A ce moment-là, début novembre (2020), vous vous étiez persuadée que vous étiez véritablement une victime [...] Vous vous êtes persuadée que M. Mendy avait fait quelque chose de mal au lieu de quelque chose qui était pleinement consensuel", lance Eleanor Laws. La plaignante répond: "Je suis absolument certaine de ce qui s'est passé. Je n'ai donné mon consentement à aucun moment. Je n'ai pas eu besoin de me persuader moi-même."
Elle a défendu Johnny Depp
C’est l’un des dossiers les plus médiatiques qu’elle ait pu défendre en Angleterre. Eleanor Laws a été chargée de représenter Johnny Depp dans une action en diffamation contre News Group Newspapers et le rédacteur en chef du journal The Sun, Dan Wootton. On peut apercevoir l’avocate sur certaines photos d’agence de presse juste derrière la star de "Pirates des Caraïbes".
Cette affaire remonte à 2018, lorsqu’un article a été publié dans le journal qui qualifiait la star de cinéma de "cogneur de femmes". Dans ce papier, le média avançait que l’acteur avait été violent avec Amber Heard. L’acteur a toujours nié ces propos et avait donc porté l’affaire devant la justice. Johnny Depp avait perdu ce procès. Le juge a conclu que le journal avait prouvé que ce qu’il avait écrit était "substantiellement vrai". Dernièrement, l’avocate a même été consultée dans un cadre plus officiel en Angleterre. La commission des lois a demandé l’avis d’Eleanor Laws concernant le processus pour les délits sexuels.