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Championnats d'Europe de judo: Ngayap Hambou, médaillé d'argent, voulait plus

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Comme son compère Joan-Benjamin Gaba jeudi, l’Asniérois Maxime-Gaël Ngayap-Hambou a réussi à monter sur le podium de l’Euro vendredi, quelques mois après sa médaille olympique. Une belle journée terminée avec de l’argent mais la finale lui laisse un goût amer.

Personne ne fait peur à la génération Forces Spéciales. A part l’or, difficile de leur faire aimer les autres métaux. Brillants lors des JO, les premiers membres de cette génération née en 2001-2002 font la fine bouche: "C’était une bonne occasion d’aller chercher un titre dans un championnat majeur en senior", regrette Maxime-Gaël Ngayap Hambou en descendant du podium. Il y a beaucoup de déception. Dans ma tête je suis un guerrier. Avoir perdu cette finale me déçoit beaucoup. Je sais que c’est une belle médaille, que ce n’est pas facile d’en faire une après les Jeux Olympiques. Mais je vais bosser et aller en chercher une aux Mondiaux."

Le Français vient d’ouvrir son compteur en championnat d’Europe ce vendredi avec une belle médaille d’argent au terme d’une journée où il aura dégagé une grande solidité mentale et tactique. L’Italien Christian Parlati avait caché dans son judogi une carte qu’on ne lui connaissait pas. Ce spécialiste de o uchi-gari rasant a trompé le Tricolore avec son uchi-mata à droite.

"Ils ont pris le bon chemin"

"Je ne m’attendais pas à ce qu’il attaque de ce côté car d’habitude il attaque plutôt en gaucher", analyse "MG". Un yuko et un enchaînement limpide au sol. Le Transalpin glisse ses jambes autour du bras gauche de son adversaire et le tire vers l’arrière. Clef de bras. Abandon. "Avec toute sa volonté, il a mis du temps à s’installer alors que l’autre est resté sur son rythme. Je pense qu’il fallait élever le rythme pour le perturber davantage", analyse Ludovic Delacotte, son coach, à froid.

Ngayap Hambou réussit comme son grand ami Joan-Benjamin Gaba, en bronze jeudi, à ajouter une médaille européenne dans la foulée de la récompense olympique. Pas une mince réussite quand on voit certains autres olympiens être fauchés dès les premiers tours. "Ils sont convaincus qu’ils ont pris le bon chemin", note Delacotte, l’entraîneur national de Ngayap Hambou. Ils doivent être des locomotives pour le reste du groupe".

"Je peux faire encore beaucoup plus de belles choses"

Ils assument. La pression n’est plus la même, ils le disent, mais ils n’en perdent pas leurs moyens. Avec ce geste, un T avec les bras lorsqu’ils remportent des matches accrochés, la mentalité Tony, leur mantra. Ce vendredi, Ngayap Hambou s’est extirpé d’un quart de finale de six minutes de haute volée face à son compatriote Alexis Mathieu. Un affrontement dans lequel son ami Gaba a poussé de la voix depuis les tribunes. Un match sans chichi, plein d’engagement des deux côtés et conclu par "MG" au sol sur un retournement raté par le Néo-Calédonien: "Je savais que c’était un match important, je savais que pas mal de personnes l’attendaient. Je l’ai abordé comme n’importe quel adversaire."

En demi-finale, il bat une salle hostile et le Serbe Nemanja Majdov là aussi en prolongation. Il part sur un grand fauchage extérieur pour plaquer l’ancien champion du monde sur le dos. Ngayap Hambou a montré une plus belle variété technique mais restait sur sa faim sur ce point.

"Je sais que je peux faire encore beaucoup plus de belles choses. Je travaille beaucoup sur ma palette technique. J’espère qu’un jour je serai assez complet pour aller chercher la plus belle des médailles." A 23 ans, il a déjà rempli deux cases dans sa collection de médailles. Reste la breloque mondiale en juin à Budapest. Une nouvelle opération Forces Spéciales est prévue.

Morgan Maury