Gilles Sézionale réélu président de la fédération française de natation: "Pour avoir des Léon, il faut pouvoir les former"

Quelle sera l'idée de ce deuxième mandat ? Comment la Fédération française de natation peut capitaliser sur ce qu'il s'est passé cet été à Paris?
"Sur le premier mandat, avec la crise Covid et la crise énergétique, on n'a pas pu mettre en place tout notre programme. On a vraiment mis l'accent sur les Jeux de Paris parce qu'il n'était pas question de rater ce rendez-vous. Dans l'ensemble, ça ne s'est pas trop mal passé, même s'il faut rester objectif et que ça reste fragile dans les cinq disciplines. Donc l'idée de ce nouveau mandat c'est de faire ce que l'on n'a pas pu faire ces quatre dernières années. Les réformes qui étaient prévues sur l'accompagnement des jeunes catégories, la détection, l'encadrement des jeunes entraîneurs. Pour essayer d'avoir une base beaucoup plus importante et de conserver ensuite ces jeunes pour nourrir les équipes de France.
Aujourd'hui, on voit bien par exemple en natation course que certes il y a de bons résultats, certes il y a Léon et il y a pas mal de jeunes, mais ça reste fragile. Il faut absolument arriver à faire en sorte que l'on ait encore plus de jeunes dans les équipes et qui restent dans la fédération française de natation car on a un turn over important. Il faut savoir proposer des programmes nouveaux qui vont permettre de garder ces jeunes. Et il faut aussi travailler sur les équipements et renforcer la position de la Fédération. On travaille sur des nouveaux concepts avec des propositions qui sont faites aux collectivités. C'est tout cet ensemble pour essayer d'avoir une fédération plus forte et éviter les trous d'air qu'on a pu connaître après Londres notamment."
Est-ce que l'émergence de Léon Marchand est un plus pour la fédération qui se traduit en termes de partenariats?
"Ça booste par rapport aux inscriptions dans les clubs parce qu'aujourd'hui beaucoup d'enfants rêvent d'être des Léon. On a eu un début de saison sur les chapeaux de roue en termes de prises de licences. Avec le bémol qu'on n'a pas les équipements suffisants pour accueillir tout le monde. Bien évidemment, ça booste aussi la recherche de sponsors parce qu'effectivement l'exemple de Léon ça fait vendre. A nous de capitaliser, on a beaucoup travaillé pendant ce mandat pour aller chercher de nouveaux sponsors, des gros sponsors. On continue à le faire et c'est vrai que Léon ça peut nous aider bien évidemment."
Après les JO vous aviez tiré la sonnette d'alarme auprès du gouvernement sur le manque d'équipements. Est-ce que vous avez été entendu?
"On n'a pas eu le temps de rencontrer le ministre et c'est dommage car il avait l'air d'avoir envie d'avancer là-dessus. L'Agence Nationale du Sport a réduit son plan sur les piscines donc aujourd'hui on compte plutôt sur nous et sur les collectivités et les maires qui sont preneurs de solutions moins énergivores et plus économe. C'est sûr que si demain on a une impulsion nationale avec un gouvernement stable et une politique ambitieuse sur un problème majeur qui est la disparition progressive des piscines, on en a perdu 200 en dix ans, là-dessus on a un axe majeur de politique publique. Il faudrait que l'État se saisisse de ce dossier.
Donc c'est surtout avec les collectivités que l'on essaye de travailler sur des solutions de bassin beaucoup plus économiques, avec une gestion des bassins beaucoup plus performante. On a acquis et on gère 23 bassins temporaires. On répond à des délégations de service public et on gère aussi maintenant plusieurs bassins en France. On travaille aussi avec plusieurs agences d'architecture pour avoir des modèles de piscines compactes avec des couts d'exploitation bien réduits. On n'a pas la prétention de faire le plein des 1000 piscines de l'époque mais le but de la Fédération c'est de regagner le terrain perdu que ça soit des DSP (délégations de service public), au niveau des collectivités pour mettre en place des bassins qui sont beaucoup plus fonctionnels et qui permettent au club d'exister. C'est un gros travail qui est fait."
Qu'avez-vous envie de dire au futur gouvernement et ministre des Sports qui va être nommé sur ce sujet?
"C'est ce que l'on avait dit dans un communiqué après les Jeux. C'est bien beau de venir sur les photos pour être avec Léon. Mais en fait pour avoir des Léon il faut pouvoir les former... Et le seul endroit où on apprend à nager, c'est dans une piscine. Donc si elles disparaissent, il y aura moins de Léon. Le premier dossier à mettre sur la table c'est un plan piscine ambitieux. L'autre vœu c'est que l'on ne vienne pas nous assassiner sur les maigres subventions que l'on reçoit. On sait qu'il y a des réductions économiques à faire, mais je pense qu'on n'est pas les mieux dotés et ce n'est pas sur nous qu'il faut venir taper.
On a cinq disciplines olympiques et si on fait le ratio par rapport à ce que qui nous est versé, c'est peanuts ! On espère bien qu'on ne va pas en plus nous réduire la voilure parce que ça serait catastrophique. Ce serait globalement un mauvais signal que l'état retire l'argent qui a été mis sur le sport parce qu'on reste une nation qui est très fragile en matière de sport. Je suis d'accord avec ceux qui disent que nous ne sommes pas une nation de sport."