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Natation: qui est Léon Marchand, le nouveau prodige des bassins français

Déjà médaillé d'or sur le 400m 4 nages, et en argent sur le 200m papillon, Léon Marchand a été sacré champion du monde du 200m 4 nages ce mercredi du côté de Budapest. Portrait d'un jeune nageur qui reste droit dans ses bottes, à seulement 20 ans.

Il n'en finit plus de brûler les étapes. À seulement 20 ans, Léon Marchand a été sacré champion du monde du 200m 4 nages ce mercredi dans le bassin de Budapest. Pour le Toulousain, la folle moisson de médailles se poursuit après l'or samedi lors du 400m 4 nages et l'argent du 200m papillon mardi.

"Depuis samedi, je me réveille je suis au paradis. Je suis trop content d'être là", a-t-il expliqué au micro de RMC Sport après son nouveau titre mondial. Avec un clin d'oeil pour son père Xavier, qui était avant lui le seul Français à avoir décroché une médaille mondiale sur 200m 4 nages. "Il était vice-champion du monde en 1998, je suis champion du monde en 2022, c'est plutôt cool je l'ai battu cette fois. (...) J'arrive à gérer le stress, tout ça. C'est juste trop kiffant de faire ces courses", a-t-il ajouté.

Il y a quatre jours, Marchand avait déjà frappé fort en signant le deuxième meilleur chrono de l'histoire (4'4"28) sur le 400m 4 nages, pulvérisant le record de France de plus de quatre secondes. Désormais détenteur du record des championnats, il lorgne vers le record du monde de la légende américaine Michael Phelps, l'ancien poulain de son entraîneur Bob Bowman.

Un bonheur partagé avec sa famille, à commencer par Oscar, son petit frère. "Michael Phelps l'a fait en combinaison, alors que lui est en short. Il gère le stress, comme on l'a vu, alors qu'il était sur la ligne d'eau numéro 4 (celle réservée aux meilleurs temps lors des séries avec la 5, ndlr)." Il faut dire que le stress, Léon Marchand semble s'y asseoir dessus et ce, malgré le passé de sa famille dans les bassins.

Une tranquilité déconcertante

Fils de Xavier Marchand, vice-champion du monde du 200m 4 nages, et de Céline Bonnet, ancienne détentrice du record de France du 100m 4 nages et 200m 4 nages, Léon Marchand (1,83m) baigne dans les bassins depuis son plus jeune âge, chez les Dauphins du TOEC, coaché par Nicolas Castel jusqu'à l'année dernière. "On renoue avec la tradition des grands nageurs du TOEC, souligne Vincent Gardeau, le président du club de natation toulousain. C’est un nageur hyper appliqué. Il a le mental de son père et le style appliqué de sa maman."

Les parents, évidemment présents en tribune pour le premier sacre mondial de leur fils, savourent la performance du garçon de 20 ans. "Quand on a vu qu’en dos (son point faible), il était avec Carson (Foster), on savait que la brasse (son point fort) et le crawl allaient être explosifs. On était moins stressés que ce (samedi) matin", racontre Céline, sa maman. "Je sentais qu’il était en forme. Quand je l’ai vu nager, je pensais déjà au record d’Europe (4’6”), on en avait parlé avec son oncle (Christophe, également nageur), avoue Xavier, le papa. J’ai vu qu’il avait l’air relâché. C’est un gosse posé, assez réservé, qui a su trouver dans la natation un truc où il pouvait s’exprimer. Il a toujours fait ce qu’il avait envie. Sa progression est linéaire, il s’adapte vite."

Un constat partagé par Philippe Lucas, qui avait déjà repéré les qualités du garçon à Canet-en-Roussillon, à quelques jours des Mondiaux. "C’est très très fort, avec un très grand entraîneur. En plus, il a une histoire avec une famille, un groupe d’entraînement. Son oncle, Christophe Marchand, était un vrai guerrier. Son père était un vrai guerrier. Ce sont des mecs qui se sont entraînés à la dure à Villeparisis. C’est une histoire et en plus, il est talentueux. Il a eu la chance de tomber à Toulouse sur un super entraîneur, Nicolas Castel, qui l’a fait nager 4'09" au 400m 4 nages l’an dernier, ce qui est extraordinaire. Et là il part avec Bob. S'il ne réussit pas là… A moins qu’il y ait un type qui débarque et qui nage 4'04". Mais autrement il n’y a aucune raison pour qu’il ne soit pas champion olympique, voire plusieurs fois."

Cap vers 2024

Une capacité d'adaptation qui s'illustre depuis l'arrivée de Bob Bowman dans l'équipe de Léon Marchand, qui s'entraîne désormais à l'université d'Arizona. Ancien entraîneur de Michael Phelps, véritable légende de la natation avec ses 23 titres olympiques, l'Américain veille au grain sur son protégé, à l'instar de ce qu'il faisait avec "Le Glouton du Michigan". En témoigne sa petite colère à l'encontre du nageur français après sa médaille d'or samedi, lui qui aurait passé trop de temps au goût de son entraîneur avec les télévisions au lieu de récupérer.

"J’ai dit que j’étais fier de lui et qu’il fallait se concentrer sur le prochain objectif. Il s'entraîne à très haut niveau, il est talentueux et c’est un bosseur, c’est un mix parfait. J’étais super heureux parce qu’il a fait exactement ce que je lui avait demandé. S’il avait gagné mais qu’il avait pas suivi mes instructions, je n’aurai pas été content donc quand il suit la stratégie et qu’il fait la course comme on l’a prévu, je serais toujours content. Peu importe le résultat final", a expliqué Bob Bowman.

Une récupération importante pour continuer à briller. Mardi, il s'est offert l'argent sur le 200m papillon avec un sacré chrono de 1'53"37, améliorant ainsi le record de France qu'il avait fait tomber lundi. Dans la capitale hongroise, il a terminé assez loin derrière la star locale Kristof Milak (1'50''34), mais devant le Japonais Tomoru Honda (1'53"61). Et ce n'était donc pas fini. Ce mercredi, il est devenu champion du monde du 200m 4 nages. Avec pour sa dernière course individuelle des Mondiaux un chrono de 1'55''22 pour devancer l'Américain Carson Foster (1'55"71) et le Japonais Daiya Seto (1'56"22).

Tous les espoirs sont désormais permis pour les Jeux olympiques 2024 qui se profilent à grand pas, alors que la natation française cherche un nouveau souffle après une édition 2020 ratée (une médaille d'argent avec Florent Manaudou).

Analie Simon, avec Julien Richard à Budapest