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Assassinat de Federico Martin Aramburu: qui est Loïk Le Priol, le principal suspect arrêté en Hongrie?

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Loïk Le Priol a été arrêté quatre jours après l'assassinat à Paris du rugbyman argentin Federico Martin Aramburu. C'est un ancien militaire, membre du mouvement d'ultradroite GUD.

La cavale de Loïk Le Priol a pris fin dans la nuit de mardi à mercredi en Hongrie. Le principal suspect dans l'assassinat du rugbyman argentin Federico Martin Aramburu, survenu le week-end dernier boulevard Saint-Germain à Paris, a été arrêté alors qu'il tentait de passer la frontière avec l'Ukraine pour "se battre", a-t-il déclaré à la police hongroise qui l'a interpellé après avoir découvert qu'il était sous le coup d'un mandat d'arrêt européen.

Loïk Le Priol, âgé de 27 ans, est un ancien militaire. Formé à l'Ecole des mousses de la Marine nationale à Brest entre 2010 et 2011, il a par la suite été affecté au commando marine de Montfort, unité d'élite des forces spéciales de l'armée française, au sein duquel il a participé à des opérations extérieures au Mali et à Djibouti entre 2013 et 2015. Il a été rapatrié en France en juillet 2015 en raison d'un état de stress port-traumaatique sévère. Jusqu'à sa radiation en octobre 2017, il n'a servi dans aucune unité.

Il a été par la suite radié de l'armée pour motifs disciplinaires, son implication dans des actes de violences volontaires graves, incompatibles avec l’état de militaire, a confirmé la Marine nationale à BFMTV.com.

Un procès en juin prochain

Militant au sein de l'organisation étudiante d'extrême droite le Groupe union défense, plus connue sous l'acronyme GUD et dissoute en 2017, Loïk Le Priol a déjà eu affaire aux services de police et de justice. Selon Marianne, il a été condamné à l'âge de 19 ans à quatre mois de prison avec sursis pour des violences. Quelques années plus tard, il a de nouveau eu affaire avec la justice, qui l'a jugé pour des violences volontaires en réunion et conduite en état d'ivresse.

En 2016, Loïk Le Priol est mis en examen pour "violences aggravées". Il est alors mis en cause dans une agression particulièrement violente d'un ancien responsable du GUD. Dans une vidéo diffusée à l'époque par le site Mediapart, on y voit Logan Djian, le chef du GUD à Paris, tabasser sa victime qu'il a forcée à se déshabiller. Loïk Le Priol est soupçonné d'avoir filmé l'agression.

Après deux renvois, Logan Djian, Loïk Le Priol et trois autres membres du GUD devaient être jugés pour ces faits le 1er juin prochain par le tribunal correctionnel de Paris. À la suite de sa mise en examen, les deux premiers avaient été placés en détention provisoire. Après avoir payé une caution de 25.000 euros, dont l'origine des fonds reste inconnue, ils avaient été remis en liberté. Loïk Le Priol avait depuis une interdiction de paraître à Paris.

Arrêté en Hongrie

Loïk Le Priol fonde en 2016 une marque de vêtements volontairement à destination des militants identitaires. "Pour être solide, il faut savoir d’où on vient, où on va, on connaît ses racines, on connaît son histoire, être sûr de ses acquis tout simplement", expliquait-il dans une interview à Canal+ sur sa marque "Babtou solide certifié", Babtou venant de toubab, le nom donné aux Européens en Afrique. L'ex-directeur du Front national de la jeunesse Julien Rochedy ou encore le général Piquemal, connu pour ses accointances avec l'extrême droite, posent avec des t-shirts de la marque.

Loïk Le Priol en 2016.
Loïk Le Priol en 2016. © Facebook Loïk Le Priol

Depuis la mort de l'ex-rugbyman Federico Martin Aramburu et l'implication dans cet assassinat de Loïk Le Priol, Julien Rochedy a expliqué avoir pris ses distances avec ce dernier depuis des années. Un militant qu'il décrit comme "fêlé. Il était suivi par un psy de l’armée, mais la dernière fois que je l’ai croisé à Paris il avait une copine, des projets, semblait apaisé. On était contents 'qu’il aille mieux'", explique-t-il sur son compte Twitter, affirmant avoir "traîné" avec lui "vers 2012-2014".

Interpellé mardi soir, à Zohony, à la frontière Hungaro-ukrainienne, Loïk Le Priol a été interrogé par les autorités hongroises. Il a déclaré vouloir rejoindre l'Ukraine pour se battre. Trois couteaux ont été saisis dans son véhicule. Il devrait être remis aux autorités françaises dans les prochains jours ou semaines, et sera directement présenté à juge.

Sa petite-amie a déjà été mise en examen mardi. Elle est soupçonnée d'avoir conduit la Jeep militaire de laquelle un second suspect, Romain Bouvier, est descendu pour tirer sur l'ex-rugbyman. Ce dernier a été arrêté mercredi dans la Sarthe.

Justine Chevalier