Boxe: pourquoi Tony Yoka joue très gros face à Carlos Takam

• En finir avec “le deuil” de la défaite
Après onze victoires en onze combats, Tony Yoka tombe de haut le 14 mai dernier, en s’inclinant aux points face au Congolais Martin Bakole à Bercy. Un sacré coup d’arrêt dans sa conquête des sommets de la boxe. Dix mois plus tard, le champion olympique de Rio remonte sur le ring ce samedi à Paris, où il affronte le vétéran Carlos Takam pour enfin faire le "deuil" de ce revers et démontrer sa capacité à "rebondir".
"J'ai à coeur de revenir avec une belle victoire. Pas juste une victoire, mais une victoire avec la manière", déclare le poids lourd français au moment de remettre les gants. "J'ai hâte de reboxer. J'ai envie de montrer que j'ai bossé, que j'ai eu une défaite, certes, mais que je peux rebondir par rapport à ça."Tombé de son piédestal, le héros des JO de Rio a fait profil bas, coupant avec le sport le temps de se reconstruire. Il assure aujourd'hui avoir "complètement digéré" cette défaite. "La dernière étape de ce deuil, ça va être samedi", affirme-t-il.
• Takam, un adversaire coriace
Pour repartir de l'avant, Yoka a choisi l'expérimenté Carlos Takam, (39 victoires pour 7 défaites et un nul). "Je ne voulais pas revenir avec un petit combat. Je voulais revenir avec un combat qui a de la gueule et je pense que c'est le cas."
A 42 ans, Takam reste sur deux défaites, une aux points contre le Russe Arslanbek Makhmudov en septembre dernier, et un revers face à l'Anglais Joe Joyce par arrêt de l'arbitre à la 6e reprise, en juillet 2021. Mais avant cela, le natif de Douala s'est frotté au gratin de la catégorie, d'Anthony Joshua à Alexander Povetkin ou encore Joe Joyce, et il représente toujours une référence et un danger pour ses adversaires.
"Je vais le fatiguer le petit jeune, il croit que le vieux lion est fini? Non je suis encore là, a promis Takam lors de la conférence de presse d'avant-combat. Le vétéran, il est encore jeune d'esprit et là, ça va faire mal." Les deux hommes se connaissent bien puisque Yoka a longtemps servi de sparring partner à Takam avant de passer professionnel. "Tony dit souvent ‘Carlos, c'est mon grand-frère’. Je respecte ça mais dans le ring, je ne vais pas le prendre comme un petit frère, je vais le prendre comme un adversaire", assure-t-il.
• Le temps file pour "La Conquête"
A 30 ans, le champion olympique 2016, qui affiche désormais un bilan chez les professionnels de onze victoires en douze combats, croit toujours au titre de champion du monde chez les lourds. Pour préparer le combat, Tony Yoka (113,9 kg à la pesée ce vendredi) est parti pendant quatre mois en stage commando à Las Vegas, loin des "petites distractions" de la vie parisienne, sous les ordres de son entraîneur américain Virgil Hunter, pour préparer le combat face à Carlo Takam (117,6 kg).
"Quatre mois aux Etats-Unis, c'est pas marrant, rappelle-t-il. Quatre mois à bouffer de la boxe matin, midi et soir. C'est très dur pour le corps et pour le mental. C'est dur mais on est obligé de passer par là. La motivation et la détermination qu'on peut avoir dans un combat, on la puise dans ces moments-là."
• Faire taire les critiques
Ce samedi au Zénith de Paris, Tony Yoka va aussi se battre contre les critiques et les moqueries dont il fait l’objet, notamment après sa défaite face à Martin Bakole. “Yoka est complètement et largement surestimé. Il n'a jamais vraiment réussi à s'adapter aux professionnels, et sa tolérance aux coups est plus que discutable", avait pesté Lou DiBella, le promoteur américain qui gère la carrière de l’ancien champion du monde des légers, George Kambosos Jr.
Le Français aura fort à faire face à un adversaire qui ne lui fera pas de cadeau. "Oh my God, ça va être beau, je te jure. Ça va être spectaculaire, promet Carlos Takam. Ça va boxer, ça va se donner des coups, ça va crier, ça va saigner. Ça va être un beau match, j'en suis convaincu. J'ai vraiment envie que les gens se souviennent de ce combat, que les gens disent ‘On en veut encore’".