"Je voulais me faire pardonner", Benoît Saint Denis se confie après sa performance magistrale lors de l’UFC Paris 2025

Une soirée pour raviver la flamme, balayer les doutes et repartir vers les sommets. Après s’être relancé en dominant le Canadien Kyle Prepolec en mai dernier à Montréal, Benoît Saint Denis a confirmé son retour en forme en surclassant le Brésilien Mauricio Ruffy lors du co-main event de l’UFC Paris 2025, samedi soir à l’Accor Arena. Porté par une ambiance volcanique, le combattant français de 29 ans n’a laissé aucun espoir au membre des Fighting Nerds, qu’il a soumis au deuxième round avec un étranglement arrière. De quoi effacer le souvenir de l’UFC Paris 2024 et de son visage défiguré après avoir été terrassé par Renato Moicano en main event.
Benoît Saint Denis, comment avez-vous géré la pression de cet UFC Paris 2025 lors duquel vous étiez très attendu?
C’est une pression qui est immense, mais la pression, c’est un privilège parce que ça veut dire qu’il y a des choses en jeu, des attentes envers toi, du public, du staff et de l’UFC. Donc il faut répondre à ces attentes et quel plus beau lieu que Bercy, qui est en ébullition à chaque fois? La spécificité du public français dans le monde du MMA, ce qui fait qu’il est à part et unique au monde, c’est que c’est un public un peu comme on a au foot. Il est très chauvin et il est derrière chaque Français de la première à la dernière seconde du combat.
Comment expliquez-vous ce soutien particulier du public dont vous bénéficiez à l’UFC Paris?
J’ai le bonheur d’avoir cette pression positive. Je ne sais pas à quoi elle est due. Les gens s’attachent peut-être aux histoires et aux parcours des combattants au fur et à mesure du temps. Oui, j’ai ce bonheur immense d’avoir une ferveur, une clameur, une communion incroyable avec ce public chaque année. Mon style explosif joue sans doute aussi. Il m’a permis de monter très fort, très vite. J’ai débuté ma carrière pro en 2019. Je pense qu’encore aujourd’hui, il n’y a aucun pro chez les masculins qui a commencé en 2019 et qui se retrouve à l’UFC sur cette carte. Je suis toujours peu expérimenté, donc j’ai beaucoup appris au cours de ma carrière à l’UFC.
Comment avez-vous rebondi après votre défaite douloureuse face à Renato Moicano l’an passé?
L’année 2024 a été très dure parce que j’avais beaucoup de poids sur les épaules et je ne savais pas gérer la pression. Aujourd’hui, j’en tire plus une force qu’autre chose parce que je la vois comme un privilège. Je me suis reconcentré sur les choses qui m’ont amené au MMA en 2019, quand j’ai quitté l’armée et les forces spéciales françaises pour un premier combat payé 400 euros. C’était l’envie de combattre et de gagner avec régularité, en prouvant que j’étais le meilleur combattant possible. En mettant tout en place au jour le jour pour essayer de devenir le meilleur au monde. C’est un plaisir que j’ai retrouvé depuis mes deux dernières victoires. Aujourd’hui, je pense que j’ai un staff compétent et j’ai pris de la maturité. Ça fait que je peux prendre pleinement conscience du privilège que j’ai d’avoir cette ferveur autour de mes combats. J’avais beaucoup de pression mais je l’ai pris plus comme une opportunité qu’autre chose. Maintenant, j’arrive à en tirer de la force. Je me suis reconcentré sur l’essence de ce sport. C’est un sport qui est tellement dur que dès que ton esprit part ailleurs, tes performances s’en ressentent. Je voulais me faire pardonner d’avoir fait, je pense, le pire combat de ma carrière l’année dernière à Paris, clairement. Pour plein de raisons différentes, notamment le fait d’avoir été mon propre coach, c’est un truc qui ne marche pas. Ça fait plus de six mois que je travaille avec un coach (Nicolas Ott) qui me fait faire des choses que je n’aime peut-être pas au quotidien, qui me remet dans le dur et qui m’a aidé à me remettre dans le chemin de la concentration à 100% sur le fait de devenir le meilleur combattant possible. C’est ça qui t’amène au sommet et pas autre chose."
Après votre succès contre Mauricio Ruffy, vous avez demandé à combattre lors de l’UFC 322 prévu le 16 novembre prochain à New York. Comment envisagez-vous la suite?
C’est une victoire qui va me permettre d’affronter quelqu’un devant moi. On va voir les opportunités qui vont nous être données, mais oui, ce serait une belle date à New York. J’aime beaucoup le mois de novembre pour plein de raisons. J’ai eu une belle victoire au Madison Square Garden en 2023 (contre l’Américain Matt Frevola). C’est une ville que j’aime beaucoup. Donc oui, ça peut être une option, il y en a d’autres, mais j’aimerais bien recombattre avant la fin de l’année. Ce sera magnifique parce que la régularité n’est pas facile à obtenir en MMA. Mais en faisant de belles prestations, on a l’opportunité de demander plus de choses.
Vous êtes récemment devenu le père d’un petit Clovis, votre deuxième enfant avec votre femme Laura. Quel rôle joue-t-elle dans votre réussite sportive?
J’ai le bonheur de pouvoir faire cette aventure à deux avec ma femme, qui s’occupe de ma communication et de la partie sponsoring-partenariats. Ça me permet de rester focalisé sur la partie purement sportive, qui n’est que la vitrine du combattant et de sa vie financière. Ma femme me file un coup de main sur pas mal de choses, elle participe pleinement à l’aventure (…) J’ai un emploi du temps très particulier, mais qui me permet de voir quand même très régulièrement mes enfants et ma femme, en passant beaucoup de temps avec eux, même s’il y a des périodes de sacrifices qui peuvent durer un bon mois.