UFC 310: Kai Asakura, le débutant qui peut devenir champion

Ancien champion des -61kg au Rizin, Kai Asakura fait ses débuts à l’UFC ce week-end à Las Vegas avec… une chance pour le titre des -57kg face à Alexandre Pantoja dans le combat principal de l’UFC 310 (en direct à partir de 2h dans la nuit de samedi à dimanche sur RMC Sport 1). Portrait du Japonais qui peut marquer l’histoire pour sa première dans la plus grande organisation de MMA au monde.

Ce n’est pas une première. Mais c’est une rareté, surtout ces dernières années. Pour ses débuts dans la plus grande organisation de MMA à travers la planète, ce week-end à Las Vegas dans le combat principal de l’UFC 310, Kai Asakura va tenter de devenir le nouveau roi des -57 kilos face à l’actuel champion Alexandre Pantoja. Un débutant qui combat direct pour un titre à l’UFC? La chose est arrivée dix-sept fois dans l’histoire. Mais seulement cinq fois depuis 2003: Liz Carmouche face à Ronda Rousey pour le premier combat féminin de l’histoire de l’organisation et la couronne des -61 kilos (2013), Gilbert Melendez contre Benson Henderson chez les -70 kilos (2013), Joe Soto face à T.J. Dillashaw en -61 kilos en remplacement de dernière minute (2014) et Tonya Evinger (2017) et Yana Kunistkaya (2018) contre Cris Cyborg dans une catégorie féminine des -66 kilos désertée et qui ne comptait même pas de top 15.

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Bref, ça arrive très peu, et souvent dans des circonstances particulières. Même la star Kayla Harrison, double championne olympique de judo et ancienne championne au PFL, n’y a pas eu droit dans une division féminine des -61 kilos qui manquait d’un gros nom pour se relancer. Mais dans une catégorie masculine des -57 kilos où tout le monde peut battre tout le monde et qui manquait d’un clair challenger pour la troisième défense de titre de Pantoja, devenu champion en battant Brandon Moreno à l’UFC 290 en juillet 2023, le choix Asakura peut se comprendre (même s’il doit faire enrager ceux qui sont là depuis longtemps). Ancien double champion des -61 kilos au Rizin FF, une organisation japonaise, le combattant nippon est un cador dans la cage et une véritable star au pays. Qui pourrait relancer l’histoire d’amour entre l’UFC et le pays du légendaire Pride FC en cas de succès.

Après avoir testé le sumo et le karaté dans l’enfance, Asakura va basculer vers le MMA au lycée après un combat contre son... grand frère Mikuru, futur combattant de MMA actuellement au Rizin qui a affronté Floyd Mayweather dans un combat de boxe d'exhibition en 2022, spécialiste des bagarres de rue (leur mère les poussera à s’inscrire à la boxe sur les conseils d’un thérapeute). "Il se battait dans la rue tous les jours, raconte-t-il dans la vidéo Countdown publiée avant l’UFC 310. Il avait battu tout le monde et il ne lui restait personne à affronter donc un jour, il m’a défié de venir face à lui. En pleine nuit. Il m’a donné des gants de boxe et il a essayé de me tuer à chaque fois. Mais j’ai pu tous les éviter. C’était ma première vraie bagarre. Et ça m’a fait réaliser que j’avais du potentiel comme combattant. C’est ce qui m’a poussé à commencer à m’entraîner en MMA."

Dans un pays où la discipline reste alors loin de la grande époque du Pride, Asakura débute en pro au DEEP en 2012 avant de faire ses armes sur la scène locale dans l’organisation Rings: The Outsider, en amateur puis en pro. "C’était l’organisation la plus populaire à l’époque. J’ai décidé de les rejoindre pour devenir un combattant célèbre." Devenu champion des -60 kilos, son talent va vite être repéré. Après un passage au Road FC, où il subit sa première défaite chez les pros en 2017, le Japonais est recruté par le Rizin. Où il bat Manel Kape, actuel numéro 9 du classement des challengers des -57 kilos à l’UFC, dès son deuxième combat. Passé chez les -61 kilos, il passe dans une autre dimension en août 2019 quand il met KO Kyoji Horiguchi, ancien champion de l’organisation japonaise Shooto, ancien challenger de Demetrious Johnson pour la ceinture des -57 kilos à l’UFC et alors champion chez les -61 kilos au Rizin et au Bellator, dans un combat qui n’est pas pour la ceinture.

Sa première chance de titre intervient quelques mois plus tard mais tourne mal avec une défaite par TKO face à un Kape qui prend sa revanche. Asakura devient champion huit mois plus tard quand il récupère le titre vacant – Kape avait signé à l’UFC – en mettant KO Hiromasa Ougikubo, qui avait accroché à son palmarès un certain… Alexandre Pantoja lors de l’émission The Ultimate Fighter en 2016. Il perd la ceinture fin 2020, battu par Horiguchi sur KO, puis parvient en finale du Grand Prix 2021 mais voit Ougibuko prendre lui aussi sa revanche (troisième homme à 1-1 avec lui après un succès pour lui au premier combat) pour le priver de la victoire dans ce tournoi. Il attendra ensuite deux ans avant de récupérer la couronne des -61 kilos sur un TKO infligé à Juan Archuleta le 31 décembre 2023. Avant de l’abandonner en juin 2024 pour annoncer sa signature à l’UFC. Avec un objectif clair en tête et la détermination pour y arriver.

"Quand j’ai rejoint le Rizin, mon objectif était de devenir champion. Et quand je me fixe un objectif, je travaille le plus dur possible pour l’atteindre. J’ai plus de volonté que n’importe qui. Je sais quoi faire pour y arriver et je reste concentré sur ça. J’étais heureux de devenir champion là-bas. Mais je me suis tout de suite fixé un nouvel objectif. Je veux désormais être le meilleur au monde. Mon regard est tourné vers une chose: devenir champion UFC." Il a l’occasion de le faire pour sa première, opportunité légitime vu son passé et sa réputation. "Personne ne voulait l’affronter mais Pantoja est un vrai dur et a accepté le combat", explique Dana White, le patron exécutif de l’UFC. La mission s’annonce compliquée. Asakura doit faire tomber Pantoja, un des combattants les plus complets à l’UFC et un homme en pleine confiance.

Mais le spécialiste des coups de genou qui font du gros dégât a des armes à faire valoir: une grosse puissance de frappe avec ses poings (il avait fracturé la mâchoire de Ulka Sasaki en deux endroits au Rizin en 2019) ou encore des coups de pied vicieux. Le Japonais présente quelques défauts défensifs, à l’image de sa tendance à trop reculer en ligne, mais sa capacité à contrer en boxant sur le pied arrière peut faire mal au Brésilien, connu pour aimer déclencher des explosions de coups en avançant. Une opposition qui promet des étincelles et où le menton de Pantoja, plutôt réputé, devrait encore être testé. Avantage pour le champion? Son camp connaît bien le garçon en face. Le membre de l’American Top Team compte notamment pour partenaire d’entraînement Horiguchi.

"Il est dans notre radar depuis quelques temps, confirme Marcos 'Parrumpa' Damatta, le coach principal de Pantoja. Il est à 1-1 contre Kyoji et c’est pour ça qu’on l’a étudié dans le passé. Et maintenant on l’étudie encore plus. C’est un combattant dangereux. Il est gros, grand, il vient de la catégorie supérieure. C’est un challenge pour nous. Mais Pantoja sera prêt à montrer pourquoi il est le numéro 1 au monde." "Kai est un combattant dangereux, appuie Horiguchi, mais je crois que Pantoja est à un autre niveau. Il peut le terminer avant la limite, par soumission ou autre." Et le champion de préciser: "Kai a de grandes qualités en striking mais si on parle de grappling, il ne peut pas se comparer à moi". La catégorie pourrait aussi être un désavantage pour le Japonais : Asakura (21-4 en carrière, dont 13 victoires par KO) n’a plus combattu chez les -57 kilos depuis… juin 2017. Aura-t-il du mal à faire le poids? Réussir cette première mission l’empêchera-t-il d’être à son meilleur dans l’octogone?

Peu importe. L’intéressé compte bien choquer le monde et de ne pas laisser passer cette opportunité en or. "Pantoja est bon partout, en striking, au sol, en lutte, mais selon moi il n’est spécial nulle part, analyse-t-il. Mais mon avantage sur lui, c’est que je peux le terminer en un coup. Il y a beaucoup de KO légendaires dans l’histoire de l’UFC. Je vais en rajouter un à l’UFC 310. Je m’attends à le finir sur un coup. Ce sera un combat choquant et surprenant." "Kai est énorme, très puissant, rapide, long, complète Billy Bigelow, son coach de lutte. Avec cette vitesse et cette longueur, il est une énorme menace pour Pantoja." L’histoire joue pourtant contre lui. A l’UFC, les combattants japonais présentent un bilan de 0-6-1 dans des combats pour le titre (et seul Caol Uno, battu sur décision unanime par Jens Pulver en 2001 et auteur d’un nul conte B.J. Penn en 2003 chez les -70 kilos, n’a pas perdu avant la limite dans cette liste). Et sur les dix-sept qui ont connu une chance pour un titre pour leur première dans l’organisation, seuls… deux ont remporté la ceinture, les deux premiers, Maurice Smith chez les lourds en 1997 et Frank Shamrock chez les -93 kilos la même année.

Pour atteindre son but et marquer l’histoire, le pensionnaire de la Japan Top Team s’est préparé du mieux possible, avec notamment le champion des -57 kilos de Hexagone MMA, le Français Michael Aljarouj, venu au Japon pour l’occasion, et son coach de striking français Elie Kerrich, rencontré il y a deux ans à Las Vegas et qui l’accompagne depuis. "Si tu laisses juste une seconde à Kai, si tu clignes des yeux, il peut te terminer, rappelle Kerrich. Sa capacité à lire les habitudes de l’adversaire et à trouver le bon timing pour le mettre KO le rend très spécial. Sur vingt-cinq minutes face à Pantoja, il aura beaucoup d’opportunités. Avoir une chance pour le titre pour sa première à l’UFC est énorme. Mais prendre la ceinture et devenir le premier Japonais champion à l’UFC serait massif pour tout le pays. On va bientôt écrire l’histoire."

Très populaire sur les réseaux sociaux et sur YouTube, où sa chaîne compte plus de 1,6 million d’abonnés, hyper spectaculaire dans la cage, Kai Asakura a tout pour être une superstar du MMA et relancer l’UFC au Japon. Avec une chance folle d’exploser dès ses débuts dans l’organisation majeure de la discipline s’il prend le titre pour sa première. Et une perspective de feu s’il devient champion: un possible choc contre Tatsuro Taira, autre combattant nippon dans le top 5 de cette catégorie à l’UFC, qui enflammerait le Japon et mériterait d’être organisé là-bas.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport