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L’UFC en Europe, une histoire vieille de vingt ans

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Deux ans et quatre mois après, pandémie oblige, l’UFC fait son retour en Europe ce samedi à Londres pour une Fight Night (à suivre en direct et en exclusivité à partir de 20h sur RMC Sport 2) avec l’espoir local des lourds Tom Aspinall dans le combat principal. Avant cet événement, RMC Sport vous raconte la longue histoire de la présence de la plus grande organisation de MMA de la planète sur notre continent.

Pour la France, il faudra encore patienter. Avec une légalisation du MMA arrivée au moment où la planète fermait ses portes en raison de la pandémie de Covid, l’UFC n’a pas encore pu proposer un événement dans notre pays en raison des restrictions sanitaires. Mais la chose se rapproche. Après plus de deux ans d’absence, la principale organisation de MMA fait son retour en Europe ce samedi avec une Fight Night à Londres. Comme un clin d’œil: l’O2 Arena, cadre de cet événement qui verra notamment à l’œuvre l’espoir local des lourds Tom Aspinall face à l'expérimenté Alexander Volkov, était la salle qui devait accueillir le premier des cinq événements UFC annulés en raison de la pandémie, le 21 mars 2020.

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Mais la parenthèse désenchantée – l’UFC n’a quitté le sol américain que pour Abu Dhabi depuis deux ans– est enfin refermée. Et une histoire vieille de vingt ans va reprendre. Si des combattants européens ont été présents dès le premier événement UFC, en novembre 1993, l’UFC s’exporte pour la première fois en Europe – après avoir déjà visité le Japon et le Brésil – pour l’UFC 38 en juillet 2002, époque où chaque événement UFC est "numéroté" et porte un surnom. La chose se déroule au Royal Albert Hall de Londres, d’où le sobriquet Brawl at the Hall (la bagarre dans le hall), avec en main event (combat principal) un choc pour le titre des welters entre Matt Hughes et Cam Newton.

Il faudra attendre près de cinq ans et l’UFC 70, surnommé Nations Collide, à Manchester en avril 2007, pour revoir l’organisation sur le continent avec en combat principal un choc éliminatoire pour une chance pour la ceinture des lourds entre le Brésilien Gabriel Gonzaga et la légende croate Mirko "Cro Cop" Filipovic. Une carte sur laquelle figurent également le Britannique Michael Bisping – futur champion des moyens et seul combattant de Grande-Bretagne sacré dans l’histoire de l’UFC – et le pionnier français Cheick Kongo pour son premier combat UFC en Europe. Un tel écart de temps entre deux passages en Europe n’arrivera plus: il sera au maximum de près d’un an entre l’UFC 122 à Oberhausen (Allemagne) et l’UFC 138 à Birmingham (Angleterre), en novembre 2010 et novembre 2011, avant le long trou noir de deux ans et un peu plus de quatre mois conséquence de la pandémie entre l’UFC Fight Night 163 de novembre 2019 à Moscou (Russie) et l’UFC Fight Night 204 de ce samedi à Londres.

Après ces débuts, 2009 sera une année charnière: l’UFC sort enfin de Grande-Bretagne avec un premier événement en Irlande, à Dublin, en janvier 2009. En juin de la même année, l’organisation US propose sa première carte en Europe continentale avec son arrivée en Allemagne pour l’UFC 99, The Comeback, qui offre au public de Cologne un combat principal avec la légende du PRIDE (mythique organisation japonaise) Wanderlei Silva. Un événement interdit aux mineurs car le MMA était alors très critiqué par les médias locaux. Quand elle reviendra en Allemagne, pour le 122, l’UFC sera même… interdite de diffusion dans ce pays.

En tout, notre continent a jusque-là accueilli 49 cartes UFC sur près de 600 dans l’histoire. La découverte des pays a suivi l’intérêt public local mais aussi les légalisations du sport dans chaque nation. La Grande-Bretagne est la mieux servie avec 24 cartes – quatrième total derrière les Etats-Unis, le Brésil et le Canada – et devance l’Allemagne (6), la Suède (6), l’Irlande (3), la Russie (3), les Pays-Bas (2), la Pologne (2), la Croatie (1), la République tchèque (1) et le Danemark (1). L’O2 Arena va donc accueillir le cinquantième ce samedi, le neuvième dans cette salle qui est la plus fréquentée par l’UFC en Europe. Voilà pour la quantité.

Mais quid de la qualité? Sur ses dix premiers événements sur notre continent, l’UFC en propose six en pay-per-view aux Etats-Unis, les autres étant diffusés en différé sur la chaîne Spike TV. Avec un effectif encore limité, les événements UFC sont bien plus rares qu’ils ne le sont aujourd’hui. La création des "UFC on Fuel TV", "UFC on Fox" (puis "UFC on ESPN") et "UFC Fight Nights" va multiplier les cartes mais diluer l’importance de celles en Europe. Depuis l’UFC 99, en juin 2009, ce continent n’a plus accueilli qu’un seul show diffusé en pay-per-view de l’autre côté de l’Atlantique: l’UFC 204, en octobre 2016 à Manchester, première défense du titre des moyens par le local Michael Bisping avec une revanche contre l’ancien champion du PRIDE Dan Henderson (qui l’avait mis KO à l’UFC 100) devant une salle en feu malgré un début de la carte principale à… 3 heures du matin pour être en prime time sur la côte est américaine.

Un horaire tardif également utilisé pour l’UFC on Fox 14 de janvier 2015 à Stockholm (Suède) avec en affiche principale le choc entre le local Alexander Gustafsson et Anthony Johnson et à la clé une chance pour le titre des lourds-légers pour le vainqueur (Johnson). L’UFC 204 est également le seul événement "numéroté" de l’UFC (les plus importants) organisé en Europe depuis l’UFC 138 en novembre 2011. De quoi rager un peu plus en se disant que les restrictions sanitaires nous ont peut-être privé d’une rareté tant leur absence aurait fait réfléchir l’UFC – qui veut une salle pleine à 100% pour venir – à l’éventualité d’organiser le combat pour le titre des lourds de janvier 2022 entre Francis Ngannou et Ciryl Gane à Paris, ville où les deux sont "nés" au MMA.

Contrairement à plus tard, effectif limité oblige, les premières cartes de l’UFC en Europe ne sont pas organisées avec la volonté de mettre un local dans le combat principal. Sur les dix premiers événements sur notre continent, la chose n’avait eu lieu qu’une fois, en octobre 2008 à l’UFC 89, avec en main event la victoire par décision de Michael Bisping sur Chris Leben. Mais elle a eu lieu à six reprises lors des dix derniers, à l’image de la victoire par décision du Daghestanais Zabit Magomedsharipov sur Calvin Kattar lors de l’UFC Fight Night 163 en Russie. Le bilan global se rééquilibre peu à peu avec le temps: 31 événements sans star local dans le gros combat, 18 avec (19 avec Aspinall ce samedi).

Quand l’organisation débarquera en France, d’ici la fin d’année si la situation sanitaire reste acceptable selon les informations de proches du dossier, vous pouvez déjà être sûr qu’elle fera tout pour mettre au programme Ciryl Gane, Manon Fiorot et/ou Nassourdine Imavov, les trois meilleurs représentants tricolores actuels à l’UFC. Sur les 23 Français(es) déjà passés par l’organisation, ils sont d’ailleurs neuf à avoir déjà combattu sur une carte européenne de l’UFC: Cheick Kongo, Jess Liaudin, Cyrille Diabaté, Francis Carmont, Nordine Taleb, Mickaël Lebout, le consultant RMC Sport Taylor Lapilus (qui y a disputé trois de ses quatre combats), Thibault Gouti et Cyril Asker.

Outre la découverte de talents européens avant leur explosion à plus grosse échelle, ces événements sur notre continent auront offert au public un impressionnant contingent de légendes de la discipline, surtout dans les premières cartes: Matt Hughes, Lyoto Machida, Quinton "Rampage" Jackson, Dan Henderson, B.J. Penn, Mauricio "Shogun" Rua, Mark Coleman, Cain Velasquez, Randy Couture, Renan Barao, Conor McGregor, Stipe Miocic, Max Holloway, Anderson Silva, Francis Ngannou, Alistair Overeem, Vitor Belfort ou encore Jorge Masvidal (liste loin d'être exhaustive).

Les perles rares sont les combats pour un titre. Il n’y en a eu que six dans l’histoire en Europe, et aucun depuis octobre 2016: Matt Hughes-Cam Newton à l'UFC 38 pour la ceinture des welters, "Rampage" Jackson-Dan Henderson à l'UFC 75 pour la couronne des lourds-légers (Henderson était champion en titre des moyens et des welters du PRIDE), B.J. Penn-Joe Stevenson à l'UFC 80 pour le titre vacant des légers, Renan Barao-Michael McDonald à l'UFC on Fuel TV 7 pour la ceinture intérimaire des coqs, Joanna Jedrzejczyk-Jessica Penne à l'UFC Fight Night 69 pour la couronne des pailles, Michael Bisping-Dan Henderson à l'UFC 204 pour le trône des moyens. Seul Dan Henderson a donc disputé deux combats pour un titre en Europe.

Un continent où un certain Conor McGregor a écrit deux beaux chapitres de son histoire. En avril 2013, à Stockholm, la future superstar fait ses débuts dans l’organisation lors du neuvième UFC on Fuel TV avec un TKO infligé à Marcus Brimage au premier round et un "Dana, 60g’s baby!" lancé au micro pour réclamer au patron de l’UFC Dana White le chèque qui va avec un bonus, obtenu via le "KO de la soirée". En juillet 2014, "The Notorious" est la tête d’affiche de l’UFC Fight Night 46, deuxième événement de l’histoire à Dublin, pour son troisième combat à l’UFC et son premier main event. Devant une foule en liesse, il tient sa promesse d’un KO au premier round sur Diego Brandao – alimentant la légende naissnte du "Mystic Mac" capable de prédire ses combats – et obtient le bonus de "performance de la soirée" avant de lancer une phrase restée mythique au sujet des Irlandais: "Nous ne sommes pas là pour participer, nous sommes là pour prendre le contrôle!"

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport