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UFC: Fernand Lopez dans une polémique avec son combattant et un manager célèbre, les deux versions

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EXCLU RMC SPORT - Accusé par l'influent manager Ali Abdelaziz de réclamer 90.000 euros pour libérer Slim Trabelsi, champion des lourds de son organisation ARES, et lui permettre d'aller à l'UFC, Fernand Lopez a donné sa version des faits à RMC Sport. Slim Trabelsi, dont il est toujours légalement le manager suite à un contrat signé en mai dernier, a également livré la sienne à notre micro. Résumé de la situation.

Il en a fait "une question de principe". Patron du MMA Factory et de l’organisation ARES, coach (entre autres) de Ciryl Gane et Nassourdine Imavov, Fernand Lopez se retrouve depuis quelques jours au cœur d’une polémique publique avec Slim Trabelsi, champion des lourds chez ARES, et Ali Abdelaziz, sans doute le manager le plus influent de la planète MMA. Ce dernier a pris la plume sur Twitter mardi pour balancer une déclaration qui a fait parler: "Un promoteur demande 90.000 euros à un de mes combattants pour le libérer de son contrat et qu’il puisse aller combattre à l’UFC. Au total, il l’a payé 4.000 euros."

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Deux messages plus tard, Abdelaziz – qui avait notamment été copieusement insulté par Conor McGregor avant son combat contre Khabib Nurmagomedov, l’un de ses clients, en 2018 – confirme qu’il parle de Fernand Lopez. Avant de conclure: "Je mourrai pour le rêve de quelqu’un et cet homme essaie de détruire la vie de ce gamin". Le "gamin" en question, Trabelsi (5-0 en carrière chez pros), avait été annoncé quelques jours plus tôt comme rejoignant Dominance MMA, la société de management d’Abdelaziz, puis l’UFC, plus grande organisation au monde de MMA, où son premier combat devait l’opposer à Parker Porter le 22 octobre pour l’UFC 280.

Problème? Le combattant tunisien était déjà engagé auprès de Lopez en management (via Management Factory) et chez ARES. Et le patron du MMA Factory n’entend pas se laisser faire. Dans une interview accordée à RMC Sport pour donner sa version des faits, preuves écrites à l’appui, Lopez explique avoir une première fois travaillé avec Trabelsi jusqu’en août 2021 avant de le libérer de son contrat à sa demande. Moins d’un an plus tard, en mai 2022, Trabelsi le sollicite pour collaborer à nouveau. Il va alors signer un contrat de trois ans avec Management Factory et s’engager pour quatre combats chez ARES.

Lopez lui précise qu’il pourra vite rejoindre l’UFC s’il est sollicité par cette dernière grâce à ses performances. Trabelsi signe deux victoires chez ARES, fin juin contre l’ancien de l’UFC Luis Henrique Barbosa de Oliveira, et début septembre pour la ceinture des lourds contre Azamat Nuftillaev, avec des bourses correspondant au contrat qu’il a signé, à savoir 3.000 euros pour le premier (il y aurait eu 3.000 en plus s’il avait fini son adversaire avant la limite) et 4.000 pour le suivant (il y a eu 4.000 en plus car victoire sur TKO). Mais lors du combat contre Nuftillaev, Lopez apprend via Mick Maynard, vice-président et matchmaker – organisateur de combats, en gros – de l’UFC présent près de lui dans la salle à la veille de l’UFC Paris, que son athlète serait désormais managé par Abdelaziz.

Après une rencontre Maynard-Trabelsi dans les vestiaires, à laquelle assiste un Lopez qui veut le placer dans la grande organisation, le patron du MMA Factory apprendra par la suite via les réseaux sociaux les signatures du Tunisien chez Dominance MMA et à l’UFC alors qu’il est toujours légalement lié à ARES et au Management Factory. "Vous comprenez le niveau de douille?", lance-t-il à notre micro pour résumer son état d’esprit. Lopez explique avoir bel et bien réclamé les 90.000 euros évoqués par Abdelaziz pour libérer Trabelsi de son engagement avec ARES. Il avait pourtant toujours déclaré ne rien demander pour envoyer les combattants de son organisation à l’UFC, Graal de la discipline, car il considère aussi ARES comme "un tremplin" vers la grande organisation américaine depuis sa création fin 2019 (les Français Nassourdine Imavov, William Gomis ou Taylor Lapilus font partie de ceux qui ont basculé de l’une à l’autre depuis).

Mais là, à ses yeux, il fallait marquer le coup. Dire stop. "On n’a jamais rien réclamé à Slim, n’a jamais donné un euro au Management Factory. Et au moment de récolter les fruits car il va aller à l’UFC, que ça devient intéressant, il a la bonne idée de se dire que Dieu-le-père Ali est avec lui et qu’il peut faire ce qu’il veut, quitter ce qu’il veut. Aujourd’hui, il est temps de dire aux gens que c’est mort. Ça ne se fera plus jamais. C’est fini à partir de maintenant. (…) C’est encore l’impérialisme qui vient dominer la France. Un mec chez lui voit tout ce qu’on fait pour émanciper et développer le sport, vient et dit: 'Je peux avoir ce que je veux. J’ai juste à me pointer et à dire au jeune que je gère.'"

Et de compléter: "Il est temps que les gens comprennent que si je donne l’autorisation aux gens d’avoir ce genre de comportement vis-à-vis de mon entreprise, notre vision s’écroule. Car derrière toutes ces sociétés, il y a des gens qui sont là, qui travaillent et qui veulent qu’on soit respectueux de ça. (…) Je parle au nom des Factoriens, au nom du MMA français qui se fait souvent marcher dessus par des managers. Vous n’imaginez pas le nombre de managers qui m’ont écrit pour me soutenir sur cette cause." Pour Lopez, Abdelaziz, qui n’a pas connu beaucoup de succès chez les lourds à l’UFC, "s’est dit jackpot" en voyant Slim, "car il sait qu’il a balancé Ciryl Gane et Francis Ngannou dans tous les sens en sparring".

Il se dit trahi par Trabelsi "pour la troisième fois" et déplore que le combattant tunisien ne lui ait même pas dit au revoir avant de le quitter. Le champion des lourds chez ARES, lui, livre comme attendu une version des faits différente. Il raconte au micro de RMC Sport que Lopez a "profité de (lui)" et de sa situation précaire, sans-papiers et sans le sou, pour faire de lui un sparring-partner – de qualité vu son talent – de Francis Ngannou et Ciryl Gane, les deux stars des lourds du MMA Factory (le premier n’y est plus), en le laissant "dormir dans la cave de la salle" ou dans une maison manquant de propreté avec plusieurs autres combattants. Selon son témoignage, il a quitté Lopez pour cette raison. Avant d’aller combattre aux Pays-Bas, chez Levels Fight League.

Il prétend que Lopez l’aurait alors "bloqué" dans de nombreuses organisations, sa situation administrative ne lui permettant pas de voyager partout, et qu’il a dû revenir vers lui ces derniers mois pour sortir de cette situation en signant à nouveau au Management Factory et en s’engageant chez ARES presque contraint et forcé à ses yeux. Il explique qu'il a dû s'échauffer seul lors de l'événement ARES 8, début septembre, combat pour lequel il s'est senti "abandonné" lors de sa préparation quand Lopez est parti quelques jours en vacances en famille, le poussant à aller s'entraîner en partie chez Christian "Tonton" M'Pumbu, un ancien du MMA Factory aujourd'hui plus en odeur de sainteté aux yeux du patron de la salle.

Un Lopez qui lui avait assuré qu’il pourrait partir sans problème à l’UFC si cette dernière venait le chercher. Mais le choix de se tourner vers Abdelaziz, avec qui Trabelsi explique avoir signé un contrat de management (alors qu’il en avait déjà un de l’autre côté de l’Atlantique, donc) entre ses deux combats chez ARES car il lui a promis de l’emmener à l’UFC et de régler ses problèmes de papiers pour lui permettre de retourner voir sa famille qu'il n'a plus vue "depuis six ans", va changer la donne.

Pour débloquer les choses, selon Trabelsi, Abdelaziz aurait tenté de couper la poire en deux: gérer la carrière du Tunisien mais reverser les 10% de ses bourses au Management Factory, comme prévu par le contrat avec cette société. Il aurait essuyé un refus et se tournerait désormais vers "un avocat". De l’autre côté, Lopez se veut plus optimiste: "Il va falloir qu’on se parle mais ça finira par se régler. Slim sera managé par Abdelaziz un jour et sera à l’UFC bientôt. Il affrontera peut-être même un de mes combattants." On ne peut pas s’empêcher de lui faire remarquer que le "drama" serait exploité par l’UFC dans un tel cas. La situation est sensible, la polémique publique. Mais dans le monde des sports de combat, la chose finira peut-être par aider à "vendre" un affrontement.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport