UFC: Imavov face au test Cannonier, le combat qui peut propulser le Français vers les sommets

La marche est haute. Mais elle mène au pays des plus grandes ambitions. Nassourdine Imavov joue gros ce week-end à Louisville (Kentucky) dans le combat principal d’une UFC Fight Night. Pour son troisième main event sur ses quatre dernières sorties dans l’octogone de la plus grande organisation de la planète MMA, le "Sniper" tricolore numéro 7 des challengers chez les -84kg fait face à l’expérimenté Jared Cannonier, quatrième du classement, dans un choc qui devrait lui ouvrir les portes du quinté de tête pour la première fois de sa carrière en cas de victoire.
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De quoi entrer dans la conversation des prétendants légitimes à la ceinture pour celui un peu trop dans l’ombre par rapport à son niveau à l’heure où le MMA explose en France avec plusieurs noms hauts placés à l'UFC (Ciryl Gane, Manon Fiorot, Benoît Saint Denis). "Après cette victoire, je serai dans le top 5 et ça va me rapprocher du titre, confirmait-il cette semaine lors de la journée média de l’événement. Je pourrai combattre pour la ceinture à tout moment. Donc je suis très motivé." Il a de quoi. Dans une catégorie en plein renouvellement, dont le titre a changé de mains deux fois de suite ces derniers mois, Imavov a une belle place à prendre.
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Entre le choc Sean Strickland-Paulo Costa la semaine dernière à l’UFC 302 et celui qui opposera Robert Whittaker à Khamzat Chimaev le 22 juin en Arabie Saoudite, le vainqueur du combat Cannonier-Imavov mettra son nom dans le chapeau du prochain challenger pour l’homme qui sortira vainqueur du bouillant rendez-vous – pas encore officialisé – entre l’actuel champion Dricus Du Plessis et l’ancien roi de la catégorie Israel Adesanya qui pourrait selon la rumeur avoir lieu en août en Australie pour l’UFC 305. "Après ce combat-là, il peut y avoir un combat pour la ceinture à tout moment, résume Nicolas Ott, choisi comme coach principal par Imavov après son départ de la MMA Factory. Ça peut être juste après ou il peut y avoir un combat intermédiaire."
Après une année 2023 frustrante, entre une défaite contre le futur champion Strickland en -93kg (car en dernière minute après le forfait de Kelvin Gastelum), un "no contest" pour coup de tête intentionnel face à un Chris Curtis qu’il dominait et l’annulation de son combat contre Ikram Aliskerov en octobre, Imavov poursuit un chemin 2024 lancé pleine vitesse avec sa victoire par décision majoritaire sur Roman Dolidze en février, succès qui lui avait permis d’intégrer le top 10. Mais il faut accrocher le bon wagon face à Cannonier, ancien prétendant au titre. Avec le risque, en cas de revers, que le train mette du temps à repasser dans une catégorie où de nombreux espoirs sont en train de monter à l’image du phénomène Bo Nickal.
"C'est mon moment, c'est maintenant"
Dans la force de l’âge ou presque, le Français ne veut plus patienter. "Je viens d'avoir 28 ans. C’est l’âge parfait. Je suis prêt. C’est mon moment, c’est maintenant." Et il compte bien saisir cette opportunité, conscient qu’une victoire obtenue avant la limite pourrait le mettre en très bonne position après la performance ennuyante de Strickland lors de sa victoire sur Costa par décision partagée. "Ça me motive énormément. Je viens pour finir l’adversaire, comme à chaque combat. C’est ce que veulent l’UFC et le public. Je suis conscient qu’il faudra faire une grande performance et je suis prêt pour ça." Le tout dans un format qui lui permet de continuer à grandir. "C’est mon troisième combat en cinq rounds. En cas de combat pour la ceinture, j’ai de l’expérience. Je suis un combattant confirmé."
Après une préparation de haut niveau, où il a entre autres été aidé par la légende Jérôme Le Banner, le champion du ONE (en kickboxing) Alexis Nicolas et le combattant UFC Benoît Saint Denis, le garçon "prêt à mourir dans la cage" compte montrer face à l’Américain de douze ans son aîné l’étendue de ses progrès des derniers mois dans sa nouvelle structure beaucoup plus familiale, au propre comme au figuré, et centrée sur lui. Avec l’espoir de voir à l’œuvre le Nassourdine Imavov de l’entraînement, véritable machine selon tous les témoignages, qu’il n’a pas encore pu "complètement" montrer dans l’octogone même s’il s’en "rapproche de plus en plus". Il devra aussi gérer son émotivité, qui lui a parfois joué des tours face aux saillies verbales de ses adversaires, face au stress d’un rendez-vous si important et aux piques d’un Cannonier loin d’être le plus provocateur mais qui n’a pas hésité à évoquer le Français comme "un bon adversaire pour se dépoussiérer" après quasi un an sans combattre.
"J’ai l’impression qu’il me sous-estime, répond Imavov. Quand on fait ça, en général, ça finit mal. C’est exactement ce qui va se passer pour lui. Il ne faut pas sous-estimer l’autre, surtout à son âge. Ça peut se retourner contre vous." Malin, son adversaire a continué de le titiller au micro de RMC Sport: "Il a affronté Strickland après ma victoire sur ce dernier. Et Strickland lui a roulé dessus… Je ne vois pas pourquoi il pense pourvoir me battre. Il a des envies de revanche sur Strickland. Il a aussi un gros ego et ça va provoquer sa chute. Il va réaliser à quel point il est dur de pouvoir retrouver Strickland. (…) Pour être honnête, Imavov n’est pas le combattant le plus propre selon moi. Il combat avec un gros ego. Je ne veux pas qu’il me mette un doigt dans l’œil ou qu’il me mette un coup de pied dans la tête quand j’ai les mains au sol ou un truc du genre. Pas de trucs sales." Imavov, qui paraît plus serein que par le passé, ne devra pas rentrer dans son jeu pour proposer la meilleure version de lui-même.
Le Français d'origine daghestanaise vise le titre. Mais il a un autre objectif en tête. Prendre sa revanche contre Strickland, qui l'a insulté avant comme après leur combat et dont il parle désormais à chaque occasion, comme obsédé. Et un but précis à court terme: "Revenir en septembre à l’UFC Paris". S’il a intégré le top 5 d’ici là, les options seront toutes clinquantes. Une revanche orageuse contre son rival Strickland – "Le temps viendra un jour pour régler ça dans la cage", lance-t-il – même si ce dernier a déjà indiqué que cette possibilité ne l’intéressait pas car il souhaitait seulement combattre pour le titre? Un improbable mais incroyable choc contre Chimaev – qui ne peut pas combattre aux Etats-Unis en raison de ses liens avec Ramzan Kadyrov, l’autoritaire et sulfureux dirigeant tchétchène – si ce dernier bat Whittaker pour désigner le prochain challenger? Whittaker (numéro 3) qu’il perde ou gagne contre Chimaev? Marvin Vettori (actuel numéro 5) pour un combat sauce européenne? Brendan Allen (numéro 6) et ses sept victoires de rang?
"Par rapport à nos objectifs, à notre vision, à tout ce qui arrive, on doit gagner ce combat, rappelle Nicolas Ott. On ne sait pas ce qui peut se passer entre les gars du top 4-5. Ça peut être n'importe lequel. On peut même ne pas le mettre sur l’UFC Paris mais sur une carfte juste après car il y a un titre en jeu. Il peut se passer plein de choses, on ne sait pas. Nous, il faut qu'on se concentre sur ce qu'on maitrise, ce qu'on fait à l'entraînement, ce qu'on va produire le jour du combat." Les défis seront de plus en plus difficiles à relever. Mais s’il bat Jared Cannonier, Nassourdine Imavov aura plus que montré qu’il mérite de s’y confronter. "On avance dans la bonne direction, lâche-t-il. Comment va se dérouler ce combat contre Cannonier? On va me lever la main." Le pays des plus grandes ambitions attend au bout de la route.