« Rafa » et « Nole », rois de Roland

Novak Djokovic - -
Il ferait presque peine à voir. Il y a encore un an, Roger Federer était le roi du tennis mondial. Une icône inébranlable, qui suscitait une émeute partout où il passait. Aujourd’hui, le numéro trois ATP, une casquette rouge à ses initiales vissée sur la tête, pourrait presque se balader incognito dans les allées de Roland-Garros. Et face aux journalistes, il en est réduit à répondre à la même question : qui est son favori, cette année, entre Nadal et Djokovic ? Comme si celui qui a peut-être été le plus grand joueur de l’histoire (16 victoires en Grand Chelem) n’intéressait plus personne… « Pour moi, c’est Rafa, répond-t-il de bonne grâce, jonglant avec un sourire constant entre l’anglais, le français et le suisse allemand. Avec son record à Roland-Garros, ce serait bizarre si je choisissais Novak… »
La « déstarification » qui semble affecter Federer est révélatrice du l’état d’esprit qui règne à Roland-Garros à quelques heures de l’ouverture du tournoi. Seul le duel entre l’Espagnol et le Serbe, qui pourrait aboutir à une finale d’anthologie, paraît captiver les spectateurs. A chaque entraînement de l’un ou de l’autre, il y a foule dans les tribunes. Jeudi soir, à l’occasion d’une rencontre avec ses fans sur les Champs-Elysées, Rafael Nadal a attiré plusieurs centaines de personnes. La plupart n’ont même pas pu l’apercevoir…
Nadal : « Djokovic est favori », Djokovic : « Nadal est le n°1 »
Devant une telle attente, une seule stratégie possible : évacuer la pression. C’est ce que font les deux hommes, avec une grande maîtrise et un brin de mauvaise foi. « Djokovic favori ? Oui, je crois, assure Rafael Nadal. Il n’a pas perdu un match cette année, ce qu’il fait est incroyable. On ne peut que le féliciter. »
« Nadal a déjà gagné Roland Garros, lui répond Novak Djokovic. Il est le joueur qui a remporté le plus de succès sur terre battue, il est le numéro un, il n’a perdu qu’un seul match ici en six ans (face à Soderling en 2009, ndlr). L’homme à battre, c’est toujours lui. » C’est pourtant bien le Serbe qui a remporté les quatre dernières finales de Masters 1000 face à l’Espagnol, dont les deux dernières sur terre battue. Des victoires qui ont fait couler beaucoup d’encre. Pendant ce temps-là, un certain Roger Federer avance dans l’ombre. Dénué de toute pression, le vainqueur de l’édition 2009 va peut-être surprendre tout le monde.