Roland-Garros: "J’ai le niveau face à toutes les filles ici", assure Loïs Boisson avant son 3e tour

Loïs Boisson vit son premier grand tableau à Roland Garros. Qualifiée pour le troisième tour, elle retrouvera sa compatriote Elsa Jacquemot pour une place en huitième finale. Souvent stoppée par des blessures, Boisson revient des ligaments croisés. Mais avec son physique et son jeu de pure terrienne, la grande fan de Rafael Nadal, veut poursuivre son Roland Garros de rêve. "Elle a le jeu parfait pour briller sur terre", estime Dorian Descloix, entraineur français. "Parce qu'elle varie les zones, elle varie les vitesses, elle varie les effets, elle se déplace très bien je trouve", ajoute le coach.
Effectivement, sur terre, son jeu avec un coup droit très lifté marche très bien. "C’est mon jeu de varier beaucoup que ce soit avec mon coup droit, mon revers, le slice. Cela gêne pas mal de filles donc j’en profite", sourit l’intéressée. Au premier, Loïs Boisson s’est imposée face à la 22e joueuse mondiale, la Belge Elise Mertens, en trois sets. Puis, victoire facile 6-1 6-2 face à Anhelina Kalinina. "Je sais que j’ai le niveau, en tout cas à l’entraînement, sur toutes les filles qui sont ici. Après, c’est d’arriver à mettre en place ce que je peux faire en entraînement, en match. Pour l’instant, ça marche bien et j’espère que ça va continuer", espère Boisson.
Avec ses deux premiers succès Porte d’Auteuil, Loïs Boisson, 22 ans et 361e mondiale, s’assure de gagner, au minimum 118 places au classement mondial. "Je suis extrêmement ravi, comme toute l'équipe. À la fois, c'est formidable et en même temps, ce n'est presque pas une surprise, parce qu'on sait tout ce qu'elle était capable de faire. Au-delà de sa blessure, mais même depuis des années, et on savait qu'elle avait le potentiel pour accomplir de grandes choses. Donc, à la fois, heureux, mais pas surpris", lâche Sébastien Durand, son préparateur physique.
Une année marquée par une grave blessure
Il faut dire que la jeune carrière de Loïs n’a pas été simple. Des nombreuses blessures l’ont écartée des courts. La dernière en date remonte au Trophée Clarins, l’an dernier, à quelques jours de Roland Garros. Rupture du ligament croisé et de longs mois avant de retrouver la compétition. "Je me suis blessé deux semaines avant Roland l’an dernier. J’ai dû me faire opérer. Cela a été neuf mois de rééducation après l’opération. J’ai pu revenir sur les courts en match mi-février 2025. Être au 3e tour de Roland, en ayant vécu cela ou pas, je pense qu’on est content. Mais forcément, cela a un goût différent au vu des moments difficiles qu’on a passé", se réjouit la Française.
Pour passer cette étape, elle a pu compter sur le soutien de ses proches, de son staff et aussi de Sébastien Durand, son préparateur physique. "On a essayé de lui faire comprendre qu'il fallait valider des étapes les unes après les autres et qu'il ne fallait pas penser à trop long terme. Comme elle est extrêmement disciplinée et rigoureuse pour faire tout ce qui était protocole, qu'elle était à l'écoute des kinés, des médecins et que tout était rigoureusement fait, du coup, elle a validé toutes les étapes les unes après les autres dans un schéma quasi parfait. Il n'y a eu aucun accroc dans sa réathlétisation, dans sa récupération. Donc, ça a été neuf mois complexes, mais qu'elle a très bien su gérer", se rappelle Durand.
"Elle n’est pas là où elle devrait être en termes de classement"
Une travailleuse, exigeante avec elle-même, à l’écoute. Tout d’une grande athlète. "On sait qu'à partir du moment où on va lui donner un conseil, on va lui envoyer une séance, on va lui demander de faire des exercices, on n'a aucun doute, on sait qu'il n'y aura pas de problème, ça va être fait. Et en même temps, c'est challengeant pour moi parce qu'il y a cet aspect où je dois être extrêmement précis aussi parce qu'elle est très précise et c'est du très, très haut niveau", ajoute Sébastien, son préparateur physique.
Mais avec cette année perdue en raison de sa blessure au genou, Loïs a perdu un peu de temps dans sa progression. "Quand on regarde le classement qu'elle a et si on regarde que le chiffre par rapport à son état d'esprit et ce qu'elle met en place, c'est sûr qu'elle n'est pas aujourd'hui là où elle devrait être en termes de classement", avoue Durand. Lui qui a accompagné de grands noms du circuit comme Serena Williams, voit en Loïs de beaux jours devant elle. "Les caractéristiques de Lois, ce sont celles que j'ai retrouvé chez des joueuses que j'ai eu l'occasion d'entraîner qui sont dans le top 50, top 30, top 20, c'est-à-dire cette précision, cette rigueur, c'est l'aspect méticuleux de l'entraînement".
Rafael Nadal, son idole
La Tricolore peut compter sur son physique et ses muscles saillants, qui rappellent une certaine Maria Sakkari, joueuse grecque, selon Dorian Descloix. "Je trouve qu'il y a un petit rapport avec elle dans le physique, qui est très intéressant. Lois est une joueuse très physique, on le voit avec des muscles assez saillants, mais qui reste néanmoins très explosive. Et ça c'est super important, et encore ça je pense qu'avec son entraîneur il développe ça, ce qui prouve bien qu'on peut être très costaud, mais malgré tout très rapide, très explosif", analyse Descloix. Sébastien Durand est du même avis, son corps très musclé, n’est pas un frein, loin de là.
"Ce n'est pas forcément parce que je lui dis de prendre des charges lourdes que l’on est sur un objectif de développement de volume ou de masse musculaire absolument. C'est qu'en fait, elle met tellement de concentration et d'intensité dans le moindre exercice qu'elle va faire qu'en fait automatiquement, elle va mettre un engagement musculaire important. Et puis, elle est comme ça. Elle a un physique où elle est grande, elle est puissante et c'est un vrai point fort aujourd'hui et il faut qu'elle l'utilise clairement".
Admirative d’un certain Rafael Nadal, Boisson est comparée à lui au féminin. "Il dégage quelque chose. Il est parfait dans tout ce qu’il fait. Il est hyper humble, on peut prendre exemple sur lui", sourit Lois. Même son préparateur physique a remarqué les similitudes entre sa joueuse et l’Espagnol. "Nadal a toujours été un peu son idole et sa référence. Même sa manière de jouer, elle ne joue pas comme une joueuse de tennis classique, elle joue un peu différemment. Et du coup, c'est vrai qu'elle s'en est très certainement inspirée volontairement ou involontairement. Elle s'en est inspirée à la fois sur les attitudes en dehors et sur le terrain".
Au prochain tour, Loïs Boisson rencontrera sa compatriote Elsa Jacquemot, pour une place en huitième de finale. Ce sera une première pour toutes les deux. "Je pense que ce n'est pas évident de jouer une Française à Roland, parce que forcément, le public va être moins pour moi. Enfin, j'espère qu'il sera quand même là pour moi, mais je pense qu'ils vont être assez 'kif kif'. En tout cas, je ne dis pas que je suis la favorite sur ce match, je dis juste que je vais me donner à fond, que je vais tout donner sur ce match, en me disant que je vais jouer point par point, et essayer de m'en sortir", expliquait Jacquemot après sa qualification pour le troisième tour.