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"J’étais sidérée, sortie de mon corps", les frissons de Violette Dorange à l'évocation de sa remontée du chenal

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Après plus de 90 jours et 22 heures de course, Violette Dorange a franchi la ligne d’arrivée du Vendée Globe ce dimanche matin aux Sables-d’Olonne. Invitée de BFMTV, ce jeudi, elle est revenue sur sa compétition, ses peurs et ses prochains défis.

Un tour du monde sans escale et sans assistance, à 23 ans... Voilà une sacrée prouesse pour Violette Dorange, qui a bouclé ce 9 février à 11h39 son premier Vendée Globe en 25e position, après 90 jours, 22 heures et 37 minutes en mer. Une performance d’exception, menée avec sang-froid et maturité pour cette navigatrice, qui a su montrer qu’elle avait tout d’une grande. La skippeuse est revenue sur ses 90 jours en mer sur le plateau de BFMTV.

La benjamine du Vendée Globe, plus jeune concurrente de l’histoire à prendre le départ, a réussi son pari audacieux. Et la skippeuse revient, avec le sourire, sur ses premières impressions. "C’est beaucoup de soulagement d’arriver au bout de cette aventure. Trois mois, c’était très long donc ça fait du bien de revoir la terre", explique-t-elle.

Au bout de l'aventure, un souvenir irréel restera gravé dans sa mémoire: sa remontée du chenal sous les acclamations d'un public plus nombreux que pour accueillir le vainqueur Charlie Dalin. Un accueil que la benjamine n'avait pas vu venir. "Je ne m’attendais pas à un tel engouement, le fait de revoir des visages ça fait une sensation bizarre après trois mois. J’étais sidérée, sortie de mon corps", explique-t-elle. Difficile pour la jeune femme de 23 ans de prendre conscience de sa popularité. Mais au-delà de ses partages d’anecdotes sur ses réseaux sociaux, son Vendée Globe a aussi été semé de quelques embûches…

Dompter ses peurs

Son tour du monde n’a pas été de tout repos. "A plusieurs moments j’ai eu peur. Déjà à l’entrée des mers du Sud, je me suis retrouvée face à une première tempête et là, j’ai eu un peu l’angoisse avant d’y arriver. C’est là que j’ai eu des vagues de 6 mètres et c’était compliqué. Le bateau plante au bout de la vague et puis parfois, le bateau peut se coucher sur le côté s’il y a une survente ou s’il y a une vague qui roule du mauvais côté. Il faut être tout le temps sur le qui-vive dans les tempêtes", avoue Violette Dorange.

Les tracas ont donc commencé dans l’océan Indien mais la skippeuse a su gérer grâce à sa préparation concoctée sur mesure. "Il y a un vrai travail de préparation mentale et de prépa physique. Je sais aussi comment réagir, les gestes qu’il faut faire à bord du bateau pour me mettre en sécurité. Après la peur est présente, il faut l’affronter", confie-t-elle.

La jeune navigatrice de 23 ans a ainsi partagé ses angoisses et ses coups durs sur ses réseaux sociaux, surtout le 19 janvier, quand au sud du Brésil, elle doit monter au mât pour réparer son bateau. Et quand on lui parle de solitude, elle réfute, préférant expliquer que le plus dur, ce sont justement ces problèmes techniques. "La solitude non, je ne me suis jamais sentie seule au monde. Mais ce qui pèse, c’est l’ennui. Parfois, on trouve le temps long mais ce n’est pas le plus difficile. Parfois, ce sont les épreuves techniques, les tempêtes à traverser où on se sent en danger".

Un message d’espoir pour les jeunes

Mais heureusement, la course ne se résume pas qu’à ça. Car, le plus grand bonheur de Violette Dorange reste quand même d’être en mer. Quand à son âge certains font une année de césure pour voyager, la jeune étudiante, elle, a fait le tour du monde en 90 jours. Pour elle, ce qui compte, c’est de s’écouter, aller au bout de ses envies et prouver ce dont on est capable, peu importe l’âge. Et son message est clair. "Les jeunes sont capables de réaliser plein de belles choses, il faut les inspirer, les amener vers la nature et j’ai un message pour les ainés: faites confiance à la jeunesse, il faut l’aider et l’accompagner".

Ses projets futurs

Alors même si Violette Dorange navigue depuis ses 7 ans, elle prépare le Vendée Globe depuis 2020. "Je prépare ce projet depuis 4 ans mais c’est des années de navigation. Le Vendée Globe, c’est devenu concret en 2020 quand j’ai cherché les financements". Un long projet qu’elle a su réaliser de la plus belle des manières. Mais, la "chouchou" du Vendée Globe n’a pas tardé à parler de son nouvel objectif.

La jeune navigatrice va s’engager comme co-skippeur du projet Iniatives-Cœur de l’Anglaise Samantha Davies, pour la saison 2025. "C’est un nouveau rêve qui se réalise pour moi et une nouvelle aventure qui démarre". L’objectif: traverser l’Atlantique. Le temps des budgets difficiles à boucler et des incertitudes semble déjà loin pour Violette Dorange.

Clémence Gontard