NBA: vraiment surcoté? Ce que vaut Bronny James, le fils de LeBron drafté par les Los Angeles Lakers

Une page de l’histoire du sport s’est écrite ce jeudi soir dans les locaux d’ESPN. Dans la relative intimité des studios de la chaîne de télévision américaine, bien loin du faste de la cérémonie organisée la veille au Barclays Center de New York pour le premier tour, Bronny James a été sélectionné à la 55e position de la draft par les Los Angeles Lakers, l'équipe de son père LeBron James. Pour la toute première fois de l’histoire de la NBA, un père et son fils devraient donc évoluer en même temps dans la plus grande ligue de basket au monde.
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En étant drafté au second tour, c'est-à-dire au-delà de la 30e place, Bronny James ne bénéficie pas d’un contrat garanti. Mais les intentions des Los Angeles Lakers ne font guère de doute. Ces dernières années, LeBron James, qui n’a pas encore officiellement annoncé sa décision pour l’année prochaine (il bénéficie d’une clause pour devenir agent libre cet été), a dit à plusieurs reprises vouloir jouer sous le même maillot que l'aîné de ses enfants. Ainsi, pour beaucoup, Bronny James ne doit sa place en NBA qu’à la carrière de son paternel, sa draft par les Lakers étant seulement un moyen pour les Angelinos de convaincre LeBron James de rester la saison prochaine.
Victime d'un malaise cardiaque en juillet dernier
Pour beaucoup, Bronny James ne serait donc qu’un pistonné. Ce constat, aussi sévère soit-il, s’explique notamment par la très discrète saison 2023-2024 du fiston James. À USC (Université de Californie du sud), pour sa toute première expérience en NCAA, à l’échelon le plus élevé du championnat universitaire américain, il a compilé 4,8 points (à 36% au shoot), 2,8 rebonds et 2,1 passes décisives en 19 minutes par match. Loin, très loin des statistiques d’un joueur dominant.
À USC, où il évoluait notamment aux côtés d'Isaiah Collier, drafté en 29e position par Utah, Bronny James n'a pas réussi à faire monter sa cote auprès des recruteurs. Avant la draft, seuls les Lakers et les Phoenix Suns l’ont contacté pour faire des essais.

Sa première année à l’Université a cependant été marquée par un grave incident survenu l’été dernier. Le 13 juillet 2023, lors d’une séance d'entraînement, il a été victime d’un arrêt cardiaque qui l’a tenu éloigné des parquets jusqu’au mois de décembre. En termes d’adaptation, on a connu mieux. "J’ai eu une année avec des hauts et des bas, mais tout cela a contribué à me faire grandir en tant qu’homme, étudiant et athlète", tentait de positiver le principal intéressé sur Instagram en avril dernier, au moment de son inscription à la draft. Il a reçu le feu vert des médecins pour jouer en NBA quelques semaines plus tard, en mai.
Un basketteur... trop petit?
Au-delà de ces soucis de santé, Bronny James a affiché quelques limites. Même s’il présente des qualités athlétiques extrêmement sérieuses - les chiens ne font pas des chats -, sa petite taille (environ 1,86m) peut être problématique pour exister en NBA. À son poste (arrière), les joueurs aussi petits sont peu nombreux. Jalen Brunson ou Kyrie Irving sont les rares contre-exemples de joueurs de cette taille qui parviennent à être dominants. Dans toute la ligue, une quinzaine de joueurs affichent moins d’1,88m sous la toise.
Au regard de sa taille, il pourrait potentiellement glisser vers le poste de meneur pour avoir du temps de jeu en NBA. Dans ce cas, il devra développer son aisance balle en main. Lorsqu'il porte le ballon, il affiche pour l’instant quelques limites sous la pression. "S'il doit jouer au poste de meneur de jeu, il devra gérer une pression intense tout en plaçant son équipe en position d'attaque et en lisant simultanément la défense", souligne ESPN.
"Plus proche d'un joueur comme Danny Green que LeBron James"
Malgré ces doutes, Bronny James est présenté comme un solide shooteur à trois points et un bon défenseur. Des points forts qui lui valent des comparaisons avec De'Anthony Melton (Philadelphia Sixers) ou Gary Harris (Orlando Magic), soit des profils très différents de LeBron James. "ll y a beaucoup d'incompréhension en raison de la comparaison avec son père. Bronny n'est pas le type de joueur qui a besoin d'avoir le ballon en main. C'est un combo-guard qui excelle à la passe et au catch-and-shoot. Une description plus proche d'un joueur comme Danny Green que LeBron James", résumait PD Web, spécialiste du recrutement, dans les colonnes de L’Équipe en mai 2023.
Travail, QI basket et résistance à la pression
De son père, il a cependant pris les qualités athlétiques, le QI basket… et une certaine forme de résistance à la pression. "J'ai été frappé par son assurance et sa capacité à gérer toute cette folie qui l'entoure. Il mesure pour l'instant 1,80m avec une carrure solide. C'est un athlète en herbe qui a le talent nécessaire pour le haut niveau, au poste de meneur ou d'arrière", expliquait en 2019 Éric Bossi, spécialiste du recrutement universitaire, sur le site Basketball Recruiting. À l’époque, Bronny James avait… 14 ans.
Être le fils de l’un des plus grands joueurs de tous les temps a contraint Bronny James à faire face à des attentes très élevées. Dès l’adolescence, il a dû s’habituer à prendre la lumière. Ce fut notamment le cas à Nanterre, où, en août 2022, sa venue au Palais des Sports Maurice-Thorez était un véritable évènement. Face à une sélection de jeunes espoirs français, Bronny James avait impressionné par sa vitesse, son impact physique et son sens du show. Il avait d’ailleurs fini meilleur marqueur de la rencontre (25 points), à égalité avec un certain Bilal Coulibaly, drafté en septième position 2023.

La saison prochaine, il pourrait donc recroiser la route du Français, cette fois sur les parquets nord-américains. Si son arrivée en NBA est perçue comme une fraude par certains, sa nouvelle franchise, elle, croit très fort en son potentiel. Les dirigeants des Lakers se félicitent d’avoir mis la main sur un jeune homme travailleur et intelligent.
"Bronny est avant tout une personne très intégre", a souligné Rob Pelinka, le patron de la franchise californienne.
"C'est un jeune homme qui travaille incroyablement dur. Ce sont les qualités que nous recherchons lorsque nous sélectionnons des joueurs. Le coach J.J. Redick et moi-même avons pu lui faire comprendre que ce moment arrivait surtout grâce au travail qu'il avait fourni dans le jeu et au caractère du jeune homme qu'il est." N’en déplaise aux plus sceptiques.