Son soutien au Paris Basketball, ses liens avec les jeunes Français de NBA, sa carrière de coach… Manu Key, l’ancien leader de la Mafia K’1 Fry, se confie

Manu Key, depuis quand soutenez-vous le Paris Basketball?
"Depuis sa création en 2018, lorsque le club a démarré en Pro B. Un pote à moi entraînait l’équipe réserve, donc j’ai suivi leur évolution. Lors d’un podcast, j’avais rencontré le président du club, il m’avait dit qu’il voulait monter en première division et créer un kop de supporters un peu comme au Parc des Princes. C’est ce qu’il a réussi à faire. On est super honorés d’avoir enfin notre salle avec l’Adidas Arena. J’ai aujourd’hui 53 ans et ça fait une quarantaine d’années que j’attendais ça. Ce club amène quelque chose de nouveau. De plus en plus de jeunes vont s’intéresser au Paris Basketball et à son actualité. Il y a des centres de formation qui sont construits autour. C’est top pour la culture basket."
Un grand club de basket à Paris, ça manquait?
"Oui, clairement. Avoir notre salle dans la capitale et pouvoir venir entre potes voir des matchs de Betclic ou d’Euroligue, c’est exceptionnel. C’est quelque chose qui manquait. Après toutes ces années à sillonner les petits gymnases de banlieue, on attendait notre grande salle à Paris. Aujourd’hui, on est fiers. Je viens régulièrement voir le Paris Basketball, dès que j’ai le temps. Le spectacle est au rendez-vous, l’ambiance est conviviale, le speaker est bon. Le DJ passe des morceaux comme ‘Pour ceux’ (Mafia K’1 Fry), ‘Les princes de la ville’ (113) ou le son de Rohff qui s’appelle ‘Paris’. Ça nous donne le sourire quand on entend ça. On est super bien accueillis. Il n’y a pas de débordements, c’est ce qui fait aussi la fête du basket."
Le Paris Basketball développe son image en s’associant au monde de la culture urbaine…
"Exactement. Ça, c’est fort. Pour la communauté basket, je trouve ça exceptionnel. Ça permet de réunir les gens et de les encourager à s’intéresser de plus en plus au sport. Il y a des concerts organisés à l’Adidas Arena. La salle va accueillir Rim’K fin 2025 (le 12 décembre). Je serai là si Dieu me l’accorde. Sur scène? je ne pense pas (sourire)."
Quels joueurs aimeriez voir au Paris Basketball?
"Je pense à Mathias Lessort (le pivot du Panathinaïkos et de l’équipe de France, NDLR), mais c’est un mec que Paris ne peut pas se payer aujourd’hui. Lui ou Mike James (le meneur américain de Monaco), ce serait top. Après, il y a le coût financier. Mais si on arrive à avoir des joueurs comme ça, ça peut être exceptionnel pour Paris. Il faut déjà devenir un club référencé en Euroligue pour espérer convaincre des grands joueurs de signer et continuer à grandir."
Victor Wembanyama vient d’entamer sa deuxième saison en NBA. Comment l’imaginez-vous à San Antonio dans les mois à venir?
"Je le vois bien implanté dans son équipe. Je pense qu’il va être plus démonstratif dans la Ligue et peut-être plus libéré, après la pression liée à son arrivée l’année dernière. Je ne le vois pas forcément prendre plus de responsabilités, parce que ce n’est pas quelqu’un qui veut brûler les étapes. Il va progresser au fil du temps. L’arrivée de Chris Paul va lui être bénéfique, c’est un grand chef d’orchestre, donc il va pouvoir lui donner de précieux conseils."
Que vous inspire cette vague de jeunes joueurs français qui débarque en NBA, à l’image de Zaccharie Risacher (Atlanta Hawks) et Alexandre Sarr (Washington Wizards), les deux premiers de la dernière draft?
"Je trouve ça fantastique de voir tous ces jeunes Français en NBA. Ils sont déjà là à prouver qu’ils peuvent faire quelque chose. Pacôme Dadiet (New York Knicks) et Tidjane Salaün (Charlotte Hornets), c’est des gamins du 94 qu’on a vu grandir. On les a vu tout petits et maintenant, ils sont en NBA, c’est fou. Pacôme a été formé à Orly, il est aussi passé par Charenton, comme Tidjane. Ce sont des gens qui habitent à Vitry-sur-Seine, à Choisy-le-Roi. C’est à deux pas de chez moi. C’est une grande fierté pour nous d’assister à leur ascension. J’espère pouvoir aller les voir jouer cette saison."
Evan Fournier aussi est originaire du Val-de-Marne…
"Je ne le connais pas plus que ça mais c’est un très bon ami à Lahaou Konaté (international français de l’ESSM Portel, natif de Créteil), dont je suis proche. Je pense qu’il a fait le bon choix en revenant en Europe (à l’Olympiacos) après être resté longtemps sans jouer aux Etats-Unis. Il a débuté en NBA en portant le n°94 pour représenter Charenton, la ville d’où il vient. Je trouve ça fort, bravo à lui. On a toujours dit que le Val-de-Marne avait un gros vivier de talents."
Quelle est votre franchise favorite en NBA?
"J’adore Miami. C’est une franchise qui me plait, pour son histoire et le jeu qu’elle pratique. Il y a eu D-Wade, la grande époque de LeBron, aujourd’hui Jimmy Butler. C’est vraiment classe. J’aime beaucoup le Heat. J’espère qu’ils pourront être à nouveau champions cette saison, même si ça va être dur vu la concurrence."
Où en êtes-vous dans votre carrière de coach de basket?
"J’ai passé mon diplôme d’Etat en 2019. Je suis assez fier de l’avoir obtenu. J’ai fait quatre ans en tant que coach assistant en NM1 à Vanves (troisième division). J’ai ensuite eu l’opportunité d’entraîner en NM1 l’an passé à Orchies, un club du Nord. Ça s’est super bien passé humainement. Sportivement, ça démarrait bien. Mais malheureusement, il y a eu un couac avec le manager général et on a dû couper les ponts au bout de six mois. C’est vraiment dommage. Ça m’a fait quand une expérience de plus. Aujourd’hui, je suis en train de passer mon diplôme d’Etat supérieur. Les examens auront lieu en mai prochain. J’ai pris une année sabbatique pour me concentrer là-dessus. J’espère aller au bout de mes ambitions pour reprendre une équipe l’année prochaine. Mon but final, c’est de m’occuper d’une équipe en tant que directeur sportif ou manager général. Ça me plairait aussi de gérer un groupe U18 parce que j’aime bien la formation, si une structure pro veut bien m’accueillir une fois que j’aurais validé tous mes diplômes."
Vous avez également la volonté de monter votre propre académie de basket…
"Oui, c’est pour ça que le diplôme d’Etat supérieur est super important. Monter ma propre académie, c’est quelque chose que j’ai en tête. Je veux être capable d’accueillir toutes les catégories et de proposer des entraînements dans les meilleures conditions. J’ai envie de développer ma propre stratégie, par le biais des entraîneurs que j’aurai choisi. C’est vraiment un projet qui me tient à cœur. J’aimerais le mettre en place dans les cinq prochaines années. Principalement en région parisienne, et si possible, dans le Val-de-Marne."
Quelle a été votre carrière de joueur?
"J’ai toujours joué à l’AS Orly, dans ma ville. Je suis passé par les catégories de jeunes avant d’intégrer l’équipe première. J’ai joué pendant une vingtaine d’années avec la Nationale 3. J’étais proche des dirigeants, je connaissais les bénévoles. Ça a vraiment eu une importance dans ma vie d’homme. Je fais 1,88m, je suis un meneur. J’ai toujours aimé ce poste 1 parce que je suis fan de Magic Johnson. Le fait d’organiser le jeu, d’être fédérateur et de prendre la parole dans le vestiaire. J’étais une sorte de leader tranquille, ouvert, avec une démarche constructive, comme dans le rap français. J’ai toujours joué au basket, même quand j’étais avec la Mafia K’1 Fry. Les tournées, c’était souvent l’été, et les séances studio, la nuit. Donc quand j’avais fini l’entraînement en milieu de soirée, je partais en studio. Lier la musique et le sport, ça n’a jamais été un frein pour moi."
Il y avait des basketteurs au sein de la Mafia K’1Fry?
"Oui, tout le monde a aimé ce sport. Mista Flo, Dry… on était adeptes du basket, avec l’effervescence de la Dream Team américaine autour de Michael Jordan. Certains jouaient, d’autres regardaient. Mais le basket faisait partie de notre quotidien. C’était pareil pour beaucoup de rappeurs français, comme Dany Dan ou Ol’Kainry. Oxmo Puccino aussi, vu que son frère Mamoutou Diarra a joué en équipe de France."