Mondiaux de cyclisme: Julian Alaphilippe, un sacre au nom du père

Comme un symbole du destin. Trois mois jour pour jour après le décès de son père Jacques dit "Jo", Julian Alaphilippe est devenu ce dimanche le nouveau champion du monde de cyclisme en portant une attaque décisive dans la dernière montée du jour. Avant de résister en solo à un groupe de poursuivants dans les 10 derniers kilomètres.
"La perte de mon père m'a beaucoup affecté"
Pour le coureur de 28 ans, l'émotion était forcément vive à l'arrivée, submergé par des sentiments contraires. "Tout le monde passe par des moments très difficiles dans la vie, a-t-il lâché quelques heures après la course ce dimanche sur les antennes de RMC. Cette année a été très particulière pour tout le monde. J'ai vécu des moments très hauts mais aussi très bas. La perte de mon père m'a beaucoup affecté. J'étais transcendé par la course, le fait de faire le maximum".
Lors du Tour de France, le Français avait fondu en larmes après sa victoire à Nice, la première de sa saison et hommage affiché au paternel. "Même si ses victoires d'étapes sur le Tour de France étaient intenses, là ça n'a rien à voir, a confié son frère Bryan, lui aussi cycliste professionnel, ce dimanche au Parisien. C'est encore plus fort surtout dans ces circonstances. Mon frère a toujours rêvé de ce maillot".
"Julian a toujours cherché à lui rendre hommage"
Initialement prévu à Martigny en Suisse sur un parcours plus axé pour les grimpeurs, Imola a récupéré le championnat du monde début septembre avec un tracé taillé pour les qualités de Julian Alaphilippe. Une aubaine pour l'habituel leader de la formation Deceuninck Quick-Step. "Notre père nous a tout donnés, tout appris, Julian a toujours cherché à lui rendre hommage, a raconté encore ému son frère Bryan au Parisien. C'était l'année où il était le moins favori, mais il a encore montré qu'il avait une force mentale incroyable". Au moment de leur appel ce dimanche, les deux frères ont fondu en larmes, savourant cet accomplissement sportif après des dernières semaines difficiles.
Son père Jo avait été victime d'un AVC en début d'année 2018 à 78 ans. Alors en Colombie pour une course au moment d'apprendre la nouvelle, Julian Alaphilippe avait voulu rentrer en France pour se rendre au chevet de son paternel. Sa famille l'avait dissuadé, lui demandant de se concentrer sur sa carrière. Il avait remporté dans la foulée une étape et commencé à enquiller les succès de prestige cette même année, dont sa première Flèche-Wallonne et deux étapes du Tour de France.
"J'ai toujours eu cette force en moi de continuer quand rien n'allait"
Des sacrifices qui ont payé ce dimanche pour Julian Alaphilippe, qui s'est offert le plus beau sacre de sa carrière. "Il faut toujours trouver la force d'avancer, toujours se relever quand on prend des claques, a lâché le nouveau champion du monde en conférence de presse. J'ai toujours eu cette force en moi de continuer quand rien n'allait. Souvent, on ne retient que les victoires. Mais les moments plus durs ont servi pour cette course".
Julian Alaphlippe aura donc l'occasion d'étrenner très rapidement sa nouvelle tenue. Ce dimanche sur RMC, il a confié vouloir d'abord "savourer son titre" ce qui signifie logiquement louper la Flèche-Wallonne mercredi, dont il est pourtant le double tenant du titre. Le Français vise déjà dimanche prochain Liège-Bastogne-Liège dont le dernier vainqueur tricolore n'est autre que Bernard Hinault, en 1980. Le "Blaireau" avait remporté la "Doyenne" des classiques dans des conditions épouvantables, quelques mois avant de devenir champion du monde la même année.