Paris-Roubaix: "Je n'ai pas fait un sprint pour gagner" retrace Guesdon, dernier vainqueur français

Quel était votre état d’esprit avant le départ ? Vous imaginiez pouvoir gagner Paris-Roubaix 1997 ?
Non même si on prend le départ des courses pour les gagner. On sortait d’un Tour des Flandres correct, on était très motivés car on avait un encadrement avec Marc Madiot très motivé et on était dans une bonne dynamique, on avait fait tout bien et ça met dans un état d'esprit de grande excitation. Je partais pour faire le meilleur résultat possible surtout que l’année d’avant j’avais fini 14ème, ce qui n’était pas trop mal. Je partais pour faire mieux. De là à gagner...
Malgré vos 25 ans, c'était déjà un rendez-vous important pour vous ?
Oui c'était très important. J’adore ces courses. J’étais quand même assez jeune, c'était ma 3ème année pro seulement et pour moi le premier grand objectif, ma course préférée c’était Paris-Roubaix.
Quand vous arrivez avec les 7 autres garçons de devant sur le vélodrome, vous rentrez en dernier mais vous lancez le sprint de loin, pourquoi ?
Parce que je n’ai pas fait un sprint pour gagner. Je jouais plus "placé" que gagnant. J’avais fait le tour de mes adversaires. Un ou deux étaient moins rapides que moi mais Moncassin, Tchmil, Sorensen, Museeuw étaient logiquement plus forts donc j’ai voulu lancer de loin. En plus j’avais peur de l’arrivée sur le vélodrome avec l'inclinaison. On n'arrive pas sur un Vélodrome tous les dimanches. Donc je me suis dit, si je peux rentrer en tête dans le dernier virage, certains ne vont pas oser doubler sur le vélodrome. J'ai lancé en bourrin sans calculer. Je n’étais pas au millimètre à tout calculer, je ne me suis pas posé de question. C'est ça qui a fait ma force.
Au final vous gagnez… Quand vous franchissez la ligne il se passe quoi ?
J’ai le souvenir d’un gros flash au moment où je passe la ligne. Est-ce que c'est les photographes ou dans ma tête ? Je ne sais pas. Après c'était un peu le cafouillage, entre le contrôle antidopage, le podium où tout le monde te saute dessus, y’avait aussi l'émission Stade 2, j'étais un peu perdu, car je n’étais pas habitué à ça.
Un vrai tourbillon ...
C’était ma troisième année en pro, mon troisième Paris Roubaix. Disons que je n’avais pas encore trop galéré pour tenter de le gagner, donc tu ne l’apprécies pas pareil que si tu le gagnes 7, 8 ou 10 ans après la première tentative. Ça reste quand même que des bons souvenirs.
Votre jeunesse justement vous a servi ?
Ma jeunesse ça a été ma force, je n’étais pas connu. Quand on regarde tactiquement, Lotto fait une erreur. A 3km de l'arrivée je roule plus, alors que j’avais roulé jusque-là. Je me mets dernier du groupe, personne ne me demande un relai. J’arrive le dernier sur le vélodrome, personne ne me surveille… Ça a fait ma force.
25 ans après comment expliquez vous être le dernier Français vainqueur à Roubaix ?
On me le demande tous les ans... On est tombé sur des générations avec des Cancellara ou Boonen, maintenant il y a beaucoup plus de coureurs étrangers motivés par Paris Roubaix, un Australien et un Suédois ont gagné. Ca devient de plus en plus dur pour les Français. Mais si ça se trouve un Français va gagner cette année et ça va repartir. Mais c'est vrai que c'est dur en ce moment pour nous sur cette course.