Tour de France 2024: "Il ne laisse pas grand-chose aux autres", le glouton Pogacar doit-il lâcher la victoire sur la 20e étape?

La gloutonnerie de Tadej Pogacar, qui a déjà gagné quatre étapes sur ce Tour de France 2024, fait débat. Le Slovène doit-il contenir ses envies pour ne pas se mettre toutes les autres équipes à dos voire éviter les suspicions, comme lui a d'ailleurs conseillé Lance Armstrong? Les avis divergent.
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Pour Armstrong, Pogacar a réalisé une grosse erreur
"Ce que nous avons vu aujourd'hui (vendredi), c'est la plus grosse erreur qu'il a commise dans toute sa carrière", a lancé Armstrong dans son podcast vendredi soir, enfonçant le clou après avoir déjà estimé que le Slovène devait faire profil bas. "Les autres équipes ne voulaient pas voir ça, les gens ne voulaient pas voir ça, les fans non plus."
"Les supporters slovènes ont dû adorer oui, mais derrière toi il y a Remco Evenepoel de Belgique, l'un des pays les plus influents dans le cyclisme, Jonas Vingegaard du Danemark, un pays fou de vélo, tu es en France, avec les médias français", a prolongé le Texan. "Je te promets que c'était une erreur immense et non nécessaire."
Pour Lance Armstrong, le Tour de France a aussi un aspect "politique" et Tadej Pogacar devrait veiller à son image. "Ne donne pas aux gens une raison de te détester", a commenté celui qui a été déchu de ses sept victoires finales pour dopage. "Ne leur donne pas une raison de ne pas t'aimer, et surtout, ne leur donne pas une raison de se poser des questions sur toi..."
La frustration des Visma
Directeur sportif de la Visma-Lease a Bike, Merijn Zeeman avait du mal à cacher sa frustration vendredi soir, à Isola 2000. Si son leader Jonas Vingegaard a abdiqué pour la victoire finale, Matteo Jorgenson a été repris et déposé par Pogacar à moins de 2 kilomètres. "Nous avons été parmi les chanceux qui ont pu prendre une étape (avec Vingegaard, NDLR), parce que sinon, il ne laisse pas grand-chose aux autres", a déclaré le Néerlandais auprès du média flamand Het Laatste Nieuws. "C'est son choix, bien sûr. Mais je ne sais pas si cela contribue à votre popularité en tant que coureur."
Lors du dernier Giro, Tadej Pogacar avait déjà gagné six étapes et le même débat s'était déjà posé. "C'est amer pour nous, et pour les autres échappés", a abondé Frans Maassen, l'un des autres directeurs sportifs de la formation néerlandaise. "C'est son droit d'attaquer. C'est le sport de haut niveau, il a aussi roulé dur et il a mérité sa victoire."
Pogacar trouve du soutien
Baroudeur réputé, Thomas De Gendt a l'habitude de donner son avis sur les réseaux sociaux. "Pourquoi les gens disent que c'est de la gourmandise quand un grimpeur remporte quatre victoires, mais pas quand un sprinteur remporte quatre victoires?", s'est-il interrogé sur X ce samedi. Biniam Girmay et Jasper Philipsen ont levé les bras trois fois chacun sur cette édition.
La différence se situe sans doute dans la capacité de Tadej Pogacar à dominer ses concurrents tout au long de la saison. Depuis sa reprise fin février, le leader des UAE Emirates a déjà gagné à 18 reprises. Aucun autre coureur ne fait mieux. Opposé à l'ogre slovène en mai dernier sur le Giro, Romain Bardet résumait la philosophie de son adversaire, qui l'avait repris en marge d'une attaque alors qu'il ne représentait aucun danger pour lui: "Il ne peut pas s’empêcher de faire la course! C’est un coursier, et quand il sent qu’il y a de l’excitation et de l’adrénaline, que les mecs ont mal aux jambes, il aime y aller, c’est tout."
Avant la 20e étape du Tour de France, Tadej Pogacar laissait envisager qu'il n'allait pas rouler avec son équipe en vue de la victoire d'étape. "Mais si Marc Soler dit qu'il faut aller plus vite, on ira plus vite", s'amusait le Slovène, comme pour souligner qu'il devait aussi respecter le travail de ses coéquipiers.