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Tour de France: à quoi doit s’attendre Alaphilippe dans les deux dernières étapes?

Assuré de porter une 14e fois le Maillot Jaune vendedi, Julian Alaphilippe a montré quelques faiblesses dans le Galibier, ce jeudi lors de la 18e étape du Tour de France. Un signal d’alerte important, tant les deux dernières étapes alpines ont tout pour ne pas plaire au Tricolore, malgré une posture toujours idéale.

Deux écueils alpins pour finir

Huit cols, dont deux hors-catégories, attendent encore Julian Alaphilippe jusqu’à Paris, dimanche. Un décompte qui vaut son pesant d’or, quand on voit la difficulté du Français à tenir les roues des meilleurs jusqu’aux sommets. L’édifice s’était effrité dimanche au Prat d’Albis (15e étape), il a vacillé ce jeudi, dans le col du Galibier, malgré un bon travail d’équipe durant deux tiers de course. Sauvé par une descente dont lui seul a le secret, le Français a perdu cinq secondes vis-à-vis du coureur le plus proche au général, désormais le Colombien Egan Bernal, pointé à 1’30’’ après une attaque dévastatrice qui lui a permis de reprendre 32 secondes sur le Français.

Ce dernier, désormais identifié comme son plus sérieux rival, et élevé dans les fameux "haut-plateaux" colombiens, ne se plaindra pas d’atteindre le sommet du col de l’Iseran, plus haut col routier de France (2770m), au cœur de la courte étape de vendredi, entre Saint-Jean-de-Maurienne et Tignes (126,5 km). Quid du Français, identifié puncheur et peu amené à s’entraîner au-delà des 2000 mètres, malgré une résidence permanente à Andorre et un stage en hypoxie en juin? Alaphilippe n'a jamais semblé emprunté lors des franchissements du col de Vars (2109m) et d'Izoard (2360m). Mais une marche d'altitude supplémentaire va donc être franchie. Classé en hors-catégorie, doté de bonifications, l’Iseran lancera la descente vers le pied de la montée de Tignes, l’autre écueil dans la cale d’Alaphilippe, au moins porté par un Eric Mas plus résistant qu’à l’accoutumée.

Les Ineos pour le malmener

Il faudra bien ça pour résister au nouveau rapport de force du classement général, pas forcément défavorable au Tricolore. Et pour cause: la cohabitation n’a pas l’air si simple dans l’écurie britannique Ineos, respectivement 2e et 3e du classement général grâce à Bernal et Thomas. Le risque de se courir dessus existe. Mais il n’empêche. Les deux hommes ont au moins compris ce jeudi qu’il faudrait sans doute attaquer le Montluçonnais de plus loin dans les ascensions, sous réserve d’en avoir les moyens et la stratégie.

Une défaillance soudaine du Français leur assurerait presque un double podium, et un cinquième sacre consécutif. En cas d’échec, Buchmann (Bora, 2’14’’), Kruijswijk (Jumbo, 1’47’’) et Pinot (1’50’’) ont toujours Alaphilippe dans le viseur, et se livreront forcément à un moment ou un autre. La force collective de la Movistar a déjà laissé entrevoir les dégâts qu'elle pouvait faire, alors que trois de ses coureurs sont dans le top 10. Pour ce faire, il leur reste deux arrivées au sommet. La montée de Tignes vendredi (7,4 km à 7%) puis celle, interminable, de Val Thorens, samedi (33,4 km à 5,5%), seront les juges de paix d'une 106e édition particulièrement intense.

La Groupama-FDJ en fait toujours son favori

"Alaphilippe m’inquiète, il est le favori", confiait ce jeudi Yvon Madiot, le directeur sportif de Thibaut Pinot. Alliés de circonstances à Saint-Etienne, les deux coureurs de l’équipe de France ont multiplié les signes d’amitié. Jusqu’à quand? Placé à 1’50’’ derrière, en 5e position, le Franc-comtois, qui arrive dans un terrain alpin qu’il connaît par cœur et qui colle à ses caractéristiques, pourrait rendre fragile la tunique de son copain, alors qu’il a déjà promis du "mouvement". S’il a les mêmes jambes que dans les Pyrénées, Pinot ne fera sans doute aucun cadeau au Français de la Deceuninck-Quick Step, qui n’a plus repris de temps aux autre favoris depuis sa deuxième place au col du Tourmalet, samedi.

S’il ne peut plus cacher ses ambitions, Alaphilippe continue lui de ne pas faire de plans sur la comète. Il ne veut surtout pas penser à Paris, preuve de la lucidité et l'envie qui l'habitent toujours "J’aurais pu tout perdre aujourd’hui", a-t-il rappelé, à peine sauvé par sa descente d’acrobate vers Valloire. Désormais tourné vers les deux dernières étapes de montagne, le vainqueur de Milan-San Remo ne compte pas se résigner, mais reste sensé. "Je suis toujours optimiste mais je ne me permets pas de rêver". Le public français ne peut pas en dire autant.

PL avec AS et YP