Tour de France: Ineos encore plus fort en 2020 avec une "Dream Team"?

De Bradley Wiggins en 2012 à Egan Bernal en 2019, l'équipe Ineos anciennement Sky a remporté sept Tours de France en huit éditions. Seul Vincenzo Nibali en 2014, a profité de l'abandon de Chris Froome, pour s'imposer durant ce règne sans partage ou presque de l'équipe britannique.
Si Chris Froome et Geraint Thomas arrivent bientôt à des âges canoniques pour des cyclistes, le manager Dave Brailsford a déjà préparé la suite depuis plusieurs saisons, en recrutant Egan Bernal fin 2017. Brailsford a racheté le contrat de la pépite pour lui faire signer un bail de cinq saisons, alors que Bernal était membre de la formation Androni, équipe de deuxième division. Un procédé rare en cyclisme.
Plus gros budget du peloton, estimé entre 40 et 50 millions d'euros, soit deux fois plus que les équipes françaises à titre de comparaison, Ineos impose une domination économique et sportive. Ce n'est visiblement pas prêt de s'arrêter.
Egan Bernal, le nouveau leader
A 22 ans, Egan Bernal est devenu le plus jeune vainqueur du Tour de France d'après-guerre. Et le premier Colombien à s'imposer sur la Grande Boucle. Phénomène de précocité, Bernal s'imposait déjà en 2019 sur Paris-Nice et sur le Tour de Suisse, ce qui serait déjà pour de nombreux coureurs les plus belles lignes d'un palmarès.
En 2018, Bernal découvrait le Tour au contact de Chris Froome et Geraint Thomas, au point d'être le meilleur coéquipier en montagne. En 2019, il ne devait pas en être. Prévu sur le Tour d'Italie, une chute à l'entraînement quelques jours avant l'échéance, le prive de son objectif et l'oblige à se rendre sur le Tour de France. Mais le forfait de Chris Froome le propulse co-leader avec Geraint Thomas. Sur la route, Bernal a réglé la question du leadership et s'est affirmé. Difficile de l'imaginer ailleurs qu'en France pour la défense de son titre en 2020.
Chris Froome, le revenant
Chris Froome, victime d'une lourde chute sur le Critérium du Dauphiné, quelques semaines avant le Tour de France 2019, n'a pas pu prétendre à un cinquième sacre sur la Grande Boucle. A 34 ans, se pose la question pour l'homme qui a gagné sept Grands Tours de savoir s'il retrouvera un jour son meilleur niveau après sa longue période d'indisponibilité.
Si cela venait à être le cas, en dépit des nombreux leaders de l'équipe, Froome reste la figure emblématique. Le Britannique a un dernier défi dans sa carrière: remporter un 5e Tour de France pour rejoindre le club très fermé des Merckx, Hinault, Anquetil et Indurain. Sa cohabitation avec Bernal sera l'une des interrogations de la saison 2020, entre un roi pas encore déchu et son héritier.
Geraint Thomas, le 3e homme
En 2020, l'équipe Ineos disposera de trois vainqueurs du Tour de France dans son effectif. Difficile de faire cohabiter tout le monde. Geraint Thomas a eu la bonne idée de s'imposer en 2018, comme une transition entre le règne de Froome et celui annoncé de Bernal. A 33 ans, le revoir leader de l'équipe sur le Tour de France 2020 semble compliqué à imaginer.
Reste à Thomas de connaître ses ambitions pour la fin de sa carrière. Tenter de remporter le Tour d'Italie, où il aura certainement les coudées franches? Se mettre au service de Froome ou Bernal sur le Tour de France 2020, au risque de devenir le troisième homme, coéquipier de luxe? Le Gallois, a prouvé par le passé et encore en 2019, qu'il était prêt à sacrifier ses intérêts personnels pour le bien de son équipe.
Richard Carapaz, une recrue de poids?
Si le marché des transferts n'ouvre ses portes que le 1er août en cyclisme, les meilleurs coureurs n'attendent pas cette date pour connaître leur avenir. Richard Carapaz, le dernier vainqueur du Tour d'Italie, devrait rejoindre Ineos en 2020. A la Movistar, le manager Eusebio Unzue a déjà acté le départ de Carapaz.
Si Bernal est devenu le premier coureur colombien à remporter le Tour de France, Richard Carapaz est désormais une idole dans son pays, en Équateur, en étant devenu le premier cycliste à s'imposer sur un Grand Tour. A 26 ans, celui qui a terrassé Nibali à domicile sur le Giro, est un grimpeur hors-pair, dans la pure tradition sud-américaine. Reste à savoir s'il participera en 2020 à son premier Tour de France ou si Ineos comptera sur lui pour le Tour d'Italie et/ou le Tour d'Espagne.
Pavel Sivakov, la nouvelle promesse
En 2018, la Sky a pris le pari de la jeunesse en recrutant Egan Bernal et Pavel Sivakov. Le premier, a déjà donné raison à Dave Braislford. Le second, plus jeune de quelques mois, est devenu au pied levé le leader de l'équipe Ineos sur le Tour d'Italie 2019, en l'absence de Bernal victime d'une chute quelques jours plus tôt. Le Russe, qui a des origines françaises, a rivalisé avec les meilleurs en montagne. A 22 ans, il s'est classé 9e de son premier Grand Tour en tant que leader.
Derrière, une pléiade de coéquipiers
Une Dream Team vaut également par la qualité de ses coéquipiers. Champion du monde 2014, Michal Kwiatkowski a accompagné les sacres des trois leaders de l'équipe depuis 2016. Moins en vue en 2019, le Polonais espère toujours remporter un Grand Tour dans sa carrière. Wout Poels, cinq Tours victorieux en tant que coéquipier, semble avoir les qualités pour jouer sa carte. Le Néerlandais, à 31 ans, s'interroge sur son avenir.
Derrière, de nombreux jeunes tapent à la porte. Tao Geoghegan Hart d'abord, la relève britannique de l'équipe. A 24 ans, il a le profil parfait pour essorer le peloton en montagne dès 2020. Ivan Sosa, Colombien de 21 ans, est aussi un diamant brut en montagne. Moins complet que Bernal, il a le profil du lieutenant de luxe également. Enfin, Eddie Dunbar, l'Irlandais de 22 ans s'est testé sur le Tour d'Italie en 2019. Passe-partout, ce puncheur-grimpeur de poche, risque de faire rapidement parler de lui.
De par son budget XXL, Ineos possède en son sein les meilleurs coureurs sur les Grands Tours, et forme déjà la relève, amenée à briller très rapidement sur les routes du Tour de France ces prochaines années.