Une victoire dans Paris-Roubaix, ça rapporte quoi ?

Niki Terpstra, vainqueur de Paris-Roubaix 2014 - AFP
Vous avez passé plus de six heures les mains sur le guidon, le vélo et les articulations frappés au rythme des pavés. Pour dire les mots, vous en aviez ch… Et bien comme il faut. Vous prenez une très honorable 9e place de Paris-Roubaix, ce dimanche, à l’image d’un certain Bradley Wiggins lors de l’édition 2014. La récompense de vos efforts ? 1200 euros. Un petit peu plus que le smic net. Prenez maintenant, toujours ce dimanche, le 9e du classement final du Masters d’Augusta en golf. Il a disputé 72 trous sur quatre jours. Il en a ch… aussi, forcément, le sport n’est jamais que partie de plaisir, mais beaucoup moins que son lointain congénère cycliste. Sa récompense ? 246 000 euros. 219 fois le smic net.
Une différence bien plus importante que celle qui existe entre le prestige des deux épreuves. Conséquence d’une logique où sponsors et droits télé règnent en maîtres financiers, les disparités de rémunération entre compétitions sportives ressemblent parfois à des grands écarts. Avec, pour ce week-end, Paris-Roubaix en dernier de la classe. Au bout de « l’Enfer du Nord », un triomphe rapporte 30 000 euros (22 000 pour le deuxième, 15 000 pour le troisième). De l’autre côté de l’Atlantique, à Augusta, le golfeur appelé à revêtir la célèbre veste verte de vainqueur empochera… 1,53 million d’euros. Sur les bords de Seine, le lauréat du marathon de Paris sera plus proche du vélo que de la petite balle blanche : 50 000 euros (pour les hommes comme pour les femmes) s’il/elle franchit la ligne d’arrivée sous un temps défini à l’avance (2h11’45’’ pour les hommes, 2h23’15’’ pour les femmes). Dans le cas contraire, le chèque se réduit à 25 000.
500 euros pour une 16e place à Roubaix, 9430 pour ne pas passer le cut à Augusta
Le tournoi Masters 1000 de Monte-Carlo, qui débute ce dimanche, décernera pour sa part un prix de 628 100 euros à son vainqueur. Cyclisme et running d’un côté, golf et tennis de l’autre. La logique des sports riche est respectée. On la retrouve dans les prize money globaux : 8,49 millions d’euros à Augusta, 3,29 millions à Monte-Carlo, environ 300 000 (variable selon les primes de chrono) sur le marathon et… 91 000 pour Paris-Roubaix ! Géantes au sommet des classements, les différences restent énormes quand on descend les lignes de résultats. Terminer de la 16e à la 20e place à Roubaix rapporte ainsi 500 euros. Au Masters 2014, le 51e (Larry Mize) avait encore droit à 21 400 euros ! Et tout professionnel n’ayant pas passé le cut des deux premiers jours récoltait tout de même… 9430 euros ! A Monte-Carlo, un joueur battu en huitième de finale prend 41 000 euros. Et un joueur éliminé dès le premier tour, se console avec 11 650 euros.
Bref, si on compare la chose à d’autres événements sportifs, s’échiner à gagner Paris-Roubaix ne rapporte pas grand-chose. Mais il n’y a pas que le porte-monnaie dans la vie. Il y a l’histoire, la gloire, le prestige. L’indicible. Des notions totalement imbriquées dans la légende de cet « Enfer du Nord » si sublime et toujours pas démodé. Bradley Wiggins, qui termine sa carrière sur route ce dimanche, n’a pas affirmé pour rien qu’il échangerait bien une victoire à Roubaix contre celle du Tour 2012. Lever les bras dans le vélodrome nordiste écrit à jamais votre nom dans le grand livre du cyclisme. Et ça, ça n’a pas de prix.