Vauquelin, Godon, Armirail... Pourquoi les équipes étrangères s'arrachent les coureurs français

Le cycliste français a la cote à l'étranger. Ce vendredi, la formation Ineos Grenadiers a officialisé la signature pour trois saisons de Kévin Vauquelin, septième et meilleur français du dernier Tour de France. L'équipe britannique avait également annoncé ces dernières semaines la venue du champion de France Dorian Godon. En attendant la fin du mercato, dix-sept coureurs tricolores ont déjà un contrat avec une formation World Tour étrangère pour 2026. Ce chiffre pourrait encore augmenter d'ici les prochaines semaines.
La fusion annoncée entre les équipes belges Lotto et Intermarché-Wanty concernera notamment des coureurs français. Cinq d'entre eux évoluaient cette saison dans l'une ou l'autre de ces équipes. Le cas de Louis Barré sera par exemple à éclaircir, lui qui s'est révélé en 2025 en partant à l'étranger. Transfuge d'Arkéa-B&B Hôtels, le Nantais expliquait vouloir "sortir de (s)a zone de confort" au moment de justifier son transfert.
Sept des dix meilleurs scoreurs français actuels seront dans une équipe étrangère en 2026
Dix ans plus tôt, en 2016, ils étaient neuf à évoluer dans une équipe étrangère en World Tour, avec deux formations françaises sur les 18 de l'élite. En 2006, pour la deuxième saison du système World Tour - qui se nommait alors ProTour - six Français roulaient en dehors des frontières. Quatre dans le lot étaient toutefois sous contrat avec la Caisse d'Epargne, sous licence espagnole mais qui avait un intérêt à avoir des représentants tricolores. À l'époque, la première division comprenait 20 équipes, dont six sous la bannière française.
Au-delà de la quantité, il est aussi question de qualité désormais. Parmi les dix meilleurs scoreurs français de la saison 2025 au classement UCI (au 7 octobre), sept d'entre eux seront dans une équipe étrangère en 2026, en comptant aussi Julian Alaphilippe. Le double champion du monde a lui effectué toute sa carrière professionnelle à l'étranger, étant depuis cette saison chez Tudor, une équipe suisse de deuxième division. "Les jeunes ont plus envie de découvrir et de se mettre en difficulté, on va voir plus de coureurs partir", pariait Valentin Paret-Peintre en début de saison à L'Équipe, en marge de son transfert chez Soudal-QuickStep. "Julian est un ambassadeur, il montre qu'on peut y arriver."
La conjoncture pousse aussi au départ
Si la France comptait quatre formations World Tour lors du dernier cycle 2023-2025, elle pourrait se retrouver avec seulement deux structures pour la période 2026-2028. Difficile donc de contenter tous les talents. L'équipe Arkéa-B&B Hôtels était déjà reléguée sportivement mais ne devrait pas repartir, même en deuxième division, faute de partenaires. L'historique Cofidis se dirige vers ce statut de ProTeam, laissant la Groupama-FDJ et la future Decathlon-CMA CGM seules dans l'élite.
L'équipe de Marc Madiot a pour l'heure 20 coureurs français sous contrat pour 2026, là où Decathlon-CMA CGM a misé sur un recrutement international. Le prodige Paul Seixas et huit compatriotes sont pour l'instant sous contrat pour la prochaine saison. Pas renouvelé, Benoît Cosnefroy pourrait aussi vivre une première expérience à l'étranger, à l'image de ses actuels coéquipiers Bruno Armirail et Dorian Godon. Le changement de stratégie de Decathlon-CMA CGM a poussé plusieurs cadres vers l'étranger.
Du côté de la Groupama-FDJ, Marc Madiot aurait bien aimé retenir plus longtemps Lenny Martinez, parti cette saison pour la Bahrain-Victorious. La formation française n'avait pas pu rivaliser avec l'offre formulée par l'équipe du Golfe persique. "Il ne va pas trouver forcément beaucoup mieux chez Bahrain que ce qu'il avait chez nous", défendait Madiot l'hiver dernier sur RMC. "On a tellement rabâché que les équipes françaises étaient mauvaises, pas structurées ou organisées... Quand j'ai des étrangers qui signent dans mon équipe, ils sont tous très surpris. Il y a aussi beaucoup de communication. On s'aperçoit que ce n'est pas toujours mieux à l'étranger."
Des jeunes aussi formés à l'étranger avant d'intégrer le World Tour
Pour autant, la tendance de l'exil semble bien partie pour durer. Du haut de ses 15 victoires en 2025, Paul Magnier est le Français qui a de loin le plus gagné cette saison. Issu du VTT, le coureur de 21 ans a été formé par une équipe britannique avant de rejoindre les Belges de la Soudal-QuickStep.
Lui aussi vététiste et passé par Trinity Racing en 2023 au même moment que Magnier, Adrien Boichis s'est engagé avec l'équipe première de RedBull-Bora-Hansgrohe pour 2026. Encore méconnu du grand public, il est promis à un bel avenir, lui qui a été champion du monde espoirs de VTT short-track (le format court) début septembre. Il reste sur une saison avec la réserve de RedBull.
Deuxième des championnats de France espoirs sur route en août dernier, Adrien Boichis avait terminé derrière Ugo Fabries. Ce dernier est pour l'instant couvé par l'équipe réserve d'UAE TeamEmirates. Car si les Français n'hésitent plus à signer à l'étranger en World Tour, les jeunes talents franchissent aussi le cap dès les années espoirs. Vainqueur de Paris-Roubaix juniors en 2023, Matys Grisel avait également signé dans la réserve de Lotto en 2024, avec la perspective de passer dans la WorldTeam en 2026 avant la fusion annoncée*.
Les Français officiellement sous contrat avec une équipe World Tour en 2026
- Bahrain-Victorious : Lenny Martinez
- EF Education-Easy Post: Alex Baudin
- Ineos Grenadiers: Dorian Godon, Axel Laurance, Kévin Vauquelin
- Israël-Premier Tech: Hugo Hofstetter, Matis Louvel
- Lidl-Trek: Julien Bernard
- Picnic PostNL: Warren Barguil
- RedBull-Bora-Hansgrohe: Adrien Boichis
- Soudal-QuickStep: Paul Magnier, Valentin Paret-Peintre
- Visma-Lease a Bike : Bruno Armirail, Christophe Laporte, Axel Zingle
- UAE TeamEmirates-XRG : Pavel Sivakov
- XDS-Astana : Clément Champoussin
* Matys Grisel et Baptiste Veistroffer ont un contrat avec Lotto pour 2026. Louis Barré et Hugo Page ont un contrat avec Intermarché-Wanty en 2026. Les deux structures doivent fusionner. L'avenir de ces coureurs reste donc à éclaircir.