France-Maroc: quand Olivier Giroud et Walid Regragui étaient coéquipiers à Grenoble

"Ce sont de très bons souvenirs." Nassim Akrour ne réfléchit pas longtemps lorsqu’il s’agit d’aborder sa période grenobloise. L’international algérien (18 sélections), auteur de plus de 200 matchs pour le maillot isérois, était un cadre du vestiaire en 2008 lorsque le GF38 a établi son camp de base à Vittel pour un stage estival. "On avait une très bonne cohésion de groupe et ça te met à l’aise dans plein de choses", raconte l’attaquant. "L’ambiance était saine, c’était exceptionnel, c’est pour ça qu’on est monté (en Ligue 1) cette année-là. C’est ce qu’il faut dans un groupe, regardez l’équipe de France aujourd’hui entre les trentenaires et les jeunes."
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Olivier Giroud barré par la concurrence
Parmi les jeunes de l’époque, un certain Olivier Giroud, à peine 20 ans, de retour d’un prêt à Istres. "Mecha (Bazdarevic, entraîneur de l’époque, ndlr) ne comptait pas sur lui", assure Akrour. Il y avait beaucoup de joueurs devant, entre Franck Dja Djédjé, Glombard, Yanev, moi… Olivier était jeune et le coach voulait des joueurs prêts pour viser la montée." C’est donc à Tours que l’actuel meilleur buteur des Bleus s’est en allé. "Il a très bien fait de partir, il n’aurait peut-être pas eu la même carrière, il avait des choses à apprendre. Je me souviens qu’il avait une grosse frappe du gauche, toujours adroit, un bon jeu de tête, il a ensuite beaucoup travaillé sur ses remises. Dire que c’est un attaquant de surface n’est pas le dénigrer."
Si son ex-compère d’attaque qualifie de "fabuleux" le record historique en sélection de l’actuel Milanais, son entraîneur de l’époque embraye. "Je n’ai pas eu cette chance de l’avoir longtemps avec moi. Il voulait être prêté et il a fait son chemin. A cette époque, c’était un jeune garçon plein de vie, à fort caractère, qui savait ce qu’il voulait faire. On ne peut que le féliciter pour ce qu’il a fait désormais, c’est fantastique, bravo Olivier", lâche Bazdarevic.
Walid Regragui, déjà un leader
Si les anciens du vestiaire grenoblois "aimaient taquiner les jeunes" lors du stage à Vittel, selon les confessions de Nassim Akrour, les liens n’étaient pas les mêmes que ceux entretenus entre cadres. "Walid et Olivier se serraient la main et discutaient, mais tu n’as pas les mêmes discussions quand tu as presque dix ans d’écart, c’est normal." Giroud était le jeune ambitieux, assoiffé d’un temps de jeu qu’il ne pouvait avoir dans les Alpes. Regragui, lui, était déjà plus installé dans le monde professionnel. "Il avait déjà fait Toulouse, Ajaccio, Santander, c’était un cadre comme l’étaient Flachez, Wimbée ou Vitakic, assure Akrour, qui joue toujours à Chambéry (N3) à 48 ans. C’était un meneur d’homme, on tenait le vestiaire." Bazdarevic abonde dans ce sens. "Il s’est rapidement fondu dans le groupe et aimait bien les jeunes comme Olivier ou Feghouli. Un leader qui aimait mettre l’ambiance mais sur un terrain, c’était un guerrier. Il ne lâchait rien, analysait vite la situation, techniquement très habile. On parlait beaucoup foot ensemble, c’était facile de passer des messages."
"Mercredi, je serai pour Walid et Olivier"
S’il n’a jamais parlé d'entraîner avec l’actuel sélectionneur du Maroc, Nassim Akrour est conscient du risque pris par son ami. "Accepter la sélection a été un choix difficile à accepter, tu t’exposes à recevoir toutes les critiques car ce n’est pas toi qui a qualifié le Maroc en Coupe du monde. Si tu te fais éliminer dès le premier tour, tu te fais attaquer." A l’inverse, Walid Regragui est encensé. "Ce qui me surprend, c’est que c’est allé très vite, avoue Bazdarevic. En trois mois, il a placé le Maroc dans les quatre meilleures équipes du monde." Et permis à l’Afrique de nourrir des espoirs: "A chaque Coupe du monde, cinq équipes africaines peuvent se qualifier alors qu’il devrait y en avoir dix. La performance du Maroc va ouvrir plus de places."
Quant à savoir dans quel camp se situera l’attaquant mercredi à 20h alors que l’un de ses ex-coéquipiers sera sur le terrain et l’autre sur le banc adverse (les deux n'ont joué qu'une mi-temps de match amical ensemble): "Je suis le football différemment maintenant. Je serai pour Walid et Olivier, s’amuse à dire Akrour, sans se mouiller. Je suis fier de Walid, c’est un ami, j’en ai d’autres marocains comme mon meilleur ami mais je suis Français alors si la France passe, je serais le plus heureux du monde. La meilleure défense contre une attaque de feu, ça ne peut faire qu’un beau match, non ?"