Equipe de France Espoirs: Leverkusen, ses ambitions pour l'Euro, Xabi Alonso... Amine Adli se confie

Amine Adli, si je vous dis TFC, Toulouse, qu’est-ce que ça vous rappelle, qu'est-ce que ça ramène à l’esprit?
Ça me rappelle énormément de choses, ma formation, mes débuts professionnels, mon année en Ligue 2, ça me rappelle tout mon parcours pro et amateur, ça me rappelle ma jeunesse
Est-ce un regret de ne pas avoir connu la montée en Ligue 1?
Un regret, bien sûr, sur le moment où nous on y était, de ne pas monter contre Nantes, c’est un regret. Le destin trace le chemin de chacun. C'était mon destin de partir la saison où ils sont montés, j'étais très content. Je peux dire que j’ai participé à cette montée vu que j'ai joué la première journée, mais mon destin était ailleurs.
Pouvez-vous nous rappeler ce qui a fait qu’à un moment précis vous avez voulu tenter votre chance à l'étranger?
Le championnat allemand m'attirait déjà auparavant, par rapport aux Français qui y performent. C’est un championnat très offensif qui donne du temps de jeu aux jeunes, leur fait confiance. On a eu ce moment de réflexion avec de nombreux clubs, on essayait de voir le meilleur projet. Celui qui me parlait le plus, c'était le projet du Bayer Leverkusen. Je ne me suis pas posé tant de questions, j’ai foncé.
Vous n’avez pas connu de difficultés à vous adapter, comme si vous étiez la pièce manquante de cet effectif.
C’était une première saison d’adaptation, j’ai réussi à m’acclimater assez rapidement, à avoir pas mal de temps de jeu avant les blessures. Le club me fait confiance. Sur ma première saison, j’avais des choses à améliorer, à adapter par rapport à mon football.
Quoi par exemple?
Sur le plan physique, dans l’impact, les duels, mon activité sur le terrain. Sur la première saison, j’aurais pu soigner un peu plus mes stats, mais tout ça permet de progresser. Onne peut pas tout avoir d’un coup, ça me permet aujourd’hui d’être un peu plus réfléchi sur mes performances avec mon club.
Vous parlez d’améliorer vos statistiques, en étant plus efficace?
En étant plus efficace dans la passe, le but, l’avant dernière passe, le dernier tiers offensif, avoir plus d’impact sur le jeu offensif de mon équipe.
Cette saison est-elle celle de la confirmation?
Il fallait confirmer, je revenais d’une blessure importante. On attendait plus de ma part forcément. Personnellement aussi, on se met des objectifs plus élevés, il fallait confirmer et répondre présent le plus vite possible.
Le changement d’entraîneur, avec l’arrivée de Xabi Alonso, vous a-t-elle été favorable?
Notre mauvais début de saison n'était pas forcément la faute du coach. Le changement d’entraîneur a redistribué les cartes. Il fallait se donner à fond pour gagner la confiance du coach, ça a donné un nouvel élan à l’effectif
Vous êtes-vous mis à douter avec l'enchaînement des blessures?
Ce n'est jamais le bon moment. Je me suis fait l'ischio en sélection. C’était une blessure importante qui m’a mis six mois out. Quand je reviens, sur mon premier match, je me casse la clavicule. On est forcément triste, on se met à douter, mais on apprend aussi énormément dans ces épreuves. Sur son corps, tout ce qu’on doit mettre en place sur l’hygiène de vie, on essaie d’améliorer tout ce qu’il y a autour, ça nous permet d’être plus professionnel. On est triste sur le moment, mais il y a toujours un bien dans le mal, et je pense que ce sont des choses qui devaient m’arriver pour que je puisse revenir en forme.
Vous vous êtes blessé parce que vous aviez besoin de revoir votre hygiène de vie?
Je ne pense pas que j’avais une mauvaise hygiène de vie, j'étais conscient de mon métier. Je ne suis pas quelqu’un qui met ça de côté. Mais je pense que ça devait m’arriver. Je ne connaissais pas ce rythme où l’on joue tous les trois jours avec la Ligue Europa, le championnat, il fallait que je fasse plus attention à mon corps. Il m’a lâché parce que je ne savais pas l’écouter. Je fais plus attention à la récupération sur les moments de fatigue je suis plus à l’écoute de mon corps.
"Un footballeur se doit toujours d'être ambitieux"
Cette blessure vous a-t-elle engagé vers plus de professionnalisme?
A ce moment-là on n’a plus l’occasion de jouer, donc on s’intéresse à plein de choses, on regarde des reportages sur des sportifs, ce qu’ils mettent en place autour d’eux, forcément on s’y intéresse.
Quels sont les joueurs qui vous ont aidé à travers ce qu’ils ont vécu?
Je n’ai pas d'exemple en tête, on regarde les joueurs de haut niveau, on sait ce qu’ils font. Le club a su m’aider en m’entourant. Ensemble, on a réussi à construire une atmosphère saine.
Xabi Alonso a toujours dit que son intention était de baser son jeu sur la vitesse, vous vous êtes un peu frottés les mains, non?
Le coach a joué en Allemagne, il connaît très bien le championnat. Je pense qu’il a dit ça par rapport aux qualités des joueurs dont il disposait, on a un effectif avec des joueurs extrêmement rapides. Forcément, c’était un avantage pour moi.
Avez-vous le sentiment d’avoir franchi un cap après la Coupe du monde?
Je pense que j’ai beaucoup plus de confiance en moi, les coéquipiers connaissent mieux mes qualités. J’arrive à exprimer mon football. Je m'entends de mieux en mieux avec mes coéquipiers également, je pense que ça se ressent dans la façon dont je joue et dont l’équipe évolue. J’ai franchi un palier en étant plus décisif, c’est aussi lié à la très belle forme de l’équipe.
Qu’est-ce qui pourrait constituer une belle saison, le fait de retrouver la Ligue des champions?
Découvrir la Ligue des champions, c'était un rêve d’enfant. J’étais très content d’avoir pu faire mes premiers matchs en Ligue des champions. On a réussi à accrocher la Ligue Europa. On a un quart de finale à jouer, on va se donner à fond, on va prendre les matches les uns après les autres, que ce soit en Ligue Europa ou en championnat, pour essayer d’être le plus heureux possible à la fin de saison.
Vous êtes installés avec les Espoirs, avec un énorme défi en vue, ce championnat d’Europe au mois de juin.
On a un effectif de grande qualité, on en a conscience, on a des objectifs élevés par rapport à cet événement. On va tout mettre en place pour avoir les meilleures performances possibles, pour gagner.
Un premier trophée depuis 1988, ça donne envie. Comment s’y prépare-t-on?
On se prépare du mieux qu’on peut en essayant d'être performant en club. Quand on joue une compétition, c’est pour la gagner. Forcément, en arrivant à cet Euro on a tous conscience que l’équipe de France sera l’un des favoris, on doit jouer un rôle important dans cette compétition.
Racontez-nous ce dernier match contre le Bayern Munich. Vous provoquez deux penalties. Vous prenez presque deux sanctions pour avoir simulé et puis l'assistance amène la confirmation qu’il y a bien eu faute. Comment vit-on cela?
Sur le premier penalty, il y a plein d'émotions qui nous traversent. J’étais énervé. Je pense même que j'ai un mauvais geste, un geste de frustration. Je jette mes crampons, mais c’est parce qu’on vit le match à fond. Sur ce genre de match, on sait qu’un penalty contre le Bayern nous permet d’égaliser. Je suis certain qu’il y a penalty. Pour moi, l'arbitre prend la mauvaise décision, mais voilà, la VAR a été faite pour ça. Elle a été très efficace sur notre match, elle a permis de régler cette injustice.
Vous battez le Bayern Munich, une équipe référence. Avez-vous l'impression que vous marquez de points pour la suite de votre carrière, à Leverkusen ou ailleurs?
Non je ne pense pas, j’ai plus envie de prendre du plaisir, de prouver, t’as envie de défier ces top joueurs pour voir ce que tu vaux réellement. Lorsque tu réponds présent, c’est bon pour la confiance, ça fait plaisir, ça montre ton niveau, ça te fixe des objectifs. C’est encore plus excitant de jouer ce genre d’équipe et d’accrocher un tel résultat comme on l'a fait ce week-end, c'est que du bonheur.
Et de se dire qu’on peut prétendre aller voir ailleurs aussi?
Je pense qu’un footballeur se doit toujours d’être ambitieux. Si on joue au foot depuis si longtemps c’est pour connaître le plus haut niveau. J’ai encore beaucoup à prouver au Bayer, mais en réalisant ce genre de performance, on essaie de se tirer vers le haut.
Quelle est votre relation avec Moussa Diaby?
Ça se passe super bien, c'est vraiment une belle personne, qui m’a très bien accueilli. On peut dire qu’on est des amis, c’est quelqu’un que j'apprécie énormément, on rigole énormément. On a de plus en plus de complicité sur le terrain.