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FFF: fragilisé, Le Gräet entretient le flou sur son avenir et pourrait partir avant la fin de son mandat

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A dix semaines de la Coupe du Monde au Qatar, la FFF traverse une période troublée. Le président Noël Le Graët, dont le mandat court jusqu’en 2024, laisse planer le doute sur son avenir à la tête de l’institution après le Mondial.

Le président de la FFF a essuyé bon nombre de critiques depuis la sortie de l’enquête de nos confrères de So Foot. Il a échangé au téléphone de manière informelle vendredi dernier avec Amélie Oudéa-Castera à la demande de la Ministre des Sports qui voulait notamment quelques éclaircissements sur la révélation des SMS sexistes cités dans l’enquête et surtout entendre la version de Noël Le Graët.

Si rien n'a filtré et même si le Ministère se refuse de confirmer l'entretien, cet article a semé le trouble, conforté le mal-être qui règne boulevard de Grenelle et réveillé la gronde d’une grande partie du monde amateur qui se sentait, depuis de longs mois, éloignée du fonctionnement et des pratiques au sein de la fédération. Ce vendredi, le ministère des sports souhaite aller plus loin en "invitant" physiquement le président de la FFF et sa directrice générale Florence Hardouin, officiellement pour évoquer la Coupe du Monde au Qatar, les problématiques de supporterisme mais donc aussi et surtout l’enquête de So Foot.

La rumeur d'un départ après la Coupe du monde

Pour les salariés, rien de nouveau. La publication de So Foot n’a pas amené de révélations. "Que du réchauffé", nous confiera un salarié. Ils savaient déjà mais ne disaient mots. Lors du séminaire du personnel en présence de NLG jeudi dernier à Clairefontaine, quelques-uns ont commenté le contenu de l'article et le président à fait comme si de rien n'était. Un patron à la santé fragile. Le mercredi 7 septembre dernier, il recevait les champions d’Europe U17 de l’été dernier et devant le staff et les joueurs présents, ils les a félicité à plusieurs reprises pour leur titre… Mondial ! Ce qui a provoqué l’étonnement et quelques sourires de la part des personnes présentes. "Un simple lapsus" dit-on à la FFF. Lors de son discours samedi dernier à Caen pour le congrès de l'ANPDF (l'association des présidents de districts), il a perdu l'équilibre au pupitre pendant son discours. "On avait face à nous un homme, un dirigeant fatigué de 80 ans", confie l'un des membres de l'auditoire.

Noël Le Graët, à cette occasion, a laissé planer le doute sur son avenir à la tête de la FFF. La rumeur dans le milieu du football amateur et même professionnel fait état d'une possible démission de celui qui est surnommé "le napoléon breton" lors de l'assemblée fédérale qui a été décalée le 7 janvier à cause de la Coupe du Monde au Qatar. Ce rassemblement des présidents de districts fut le moment choisi par "NLG" pour glisser une phrase aux mots à peine cachés: "Si la France gagne le Mondial tout le monde sera content. Si elle perd, cela sera totalement l’inverse. Peu importe l’issue, cela peut bouleverser l’avenir de la présidence de la FFF."

Certains membres de son entourage résument la situation en disant: "si ça sourit au Qatar il va jusqu’au bout de son mandat, si ce n’est pas le cas, il sera fragilisé". Dès la fin de l'Assemblée générale, l'ensemble des présidents de districts n'ont pas manqué de revenir sur ce passage de la prise de parole de Le Graët. "On l'a ressenti comme une confession plutôt qu'une déclaration officielle", confie l'un d'entre eux. Pour un autre "le message était clair, après la Coupe du Monde il partira." Un troisième enfin ne l’interprète pas de la même manière: "Pour moi, il joue, il s’amuse de la situation, il lance une pièce en l’air et cela fonctionne, les gens en parlent."

Il n'en faut pas plus pour que sa possible succession émerge dans les discussions. Car c'est au sein du Comité Exécutif de la FFF que son successeur serait désigné en cas de présidence par intérim jusqu'en 2024, avec deux dossiers à gérer rapidement: l’avenir du sélectionneur des Bleus et celui de la directrice générale Florence Hardouin, très critiquée par les salariés et les élus.

Un nom revient avec insistance

Le parcours de l'équipe de France au Qatar jouera bien évidemment un rôle dans la décision finale de Noël Le Graët, il ne cesse de le répéter en privé. Pour l’heure, en fin politique, il écoute ce qui se dit et notamment les "appétits" que cela aiguise. En revanche, pas question de perturber la préparation de la Coupe du Monde pour le sélectionneur et les joueurs, surtout qu'elle ne sera pas simple avec un calendrier serré et de nombreuses incertitudes liées aux joueurs actuellement blessés. Ce qui est sûr, c'est qu'il se verrait bien laisser sa place avec une troisième étoile.

Quoiqu'il en soit, les tractations, elles, ont déjà commencé et un nom revient avec insistance. Celui de Philippe Diallo qui vient du milieu professionnel. Actuel président de COSMOS, organisation patronale qui représente les employeurs et entreprises du sport. Il était le directeur général de l'UCPF, ancien syndicat des présidents de clubs de foot pros. Un gros travailleur, bien implanté dans les milieux politiques, qui a su s’imposer comme vice-président délégué depuis le départ de Brigitte Henriques au Comité Nationale Olympique et Sportif Français (CNOSF). Il est, surtout, le responsable des finances de l'institution. Il est très apprécié tant chez les salariés que chez les responsables du football amateur. Il pourrait être un parfait trait d'union de l'après Le Graët sauf qu’il a été recadré récemment par le président en personne qui lui reproche une ambition soudaine et jugée maladroite.

Le préféré de Noël Le Graët est depuis toujours Marc Keller. Le président de Strasbourg est de tous les projets du président. Son seul problème, mais il est de taille, c’est qu’il est toujours en place à la tête du club alsacien. Il lui faudrait vendre le club. Cela a failli se faire au printemps dernier mais pour l’instant, il ne peut pas se désengager, ce qui complique les choses. Ancien joueur professionnel et international, Marc Keller possède le profil idéal, Noël Le Graët en est convaincu. D’autres prétendants pourraient émerger au sein du Comité exécutif comme Jamel Sandjak par exemple. L'ancien président de la puissante Ligue de Paris IDF a l’avantage de bénéficier du monde amateur. Il discute en permanence via un groupe WhatsApp avec les présidents de Ligues en France. Pour l’instant, il observe et reste très proche de Noël Le Graët ayant bien compris que l’homme est fatigué et qu’il ne faut pas oublier ce qu’il a apporté au monde amateur. Quoiqu’il en soit, il faudra que le futur président soit à l’aise sur le chantier prioritaire post Coupe du Monde: le poste de sélectionneur.

Deschamps observateur attentif

Deux options existent: soit entamer une négociation avec Didier Deschamps pour une prolongation, soit la recherche de son successeur avec Zinedine Zidane comme favori n°1. L'actuel patron des Bleus suit de très près l'évolution de la situation même si sa priorité, est de préparer le plus sereinement et le plus professionnellement possible la Coupe du Monde. Sa préoccupation du moment réside essentiellement sur l’état de santé de ses cadres dont beaucoup sont blessés (Pogba, Kanté, Benzema).

Malgré les interrogations de l’été 2021 suite à l’échec de l’Euro, Deschamps est resté très proche de Le Graët. Si ce dernier venait à "lâcher l'affaire", cela apporterait un élément supplémentaire dans sa réflexion. La Coupe du Monde sera en tous cas déterminante pour l’avenir du foot français, à l'aube d'une fin de cycle qui préoccupe le monde amateur impatient de voir l’institution fédérale évoluer vers une gouvernance plus moderne où il se sentirait mieux représenté.

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